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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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d’un seul serpent qui aurait osé pénétrer le lieu saint. À l’exception, me direz-vous, des vipères appartenant au genre humain ; ce que je vous concéderais volontiers, car effectivement elles étaient légion.
    Dans ce cas, qu’est-ce qui provoquait ce sifflement ? De la vapeur s’échappant par un tuyau étroit, par exemple. J’avais déjà entendu un bruit en tous points similaires lors de mes expériences d’alchimie. Mais celui-ci était différent : on entendait comme un crépitement, en même temps.
    À l’évidence César aurait reconnu ce bruit sur-le-champ, en bon guerrier qu’il était ; tandis que moi, je perdis quelques précieuses minutes à comprendre.
    Je n’avais jamais eu l’occasion de manipuler une amorce, mais j’en avais déjà entendu parler et je savais comment cela fonctionnait. Il suffisait d’allumer une mèche de chanvre imbibée de salpêtre mais très peu (de manière à contrôler la vitesse à laquelle elle allait se consumer), pour actionner les mousquets, espingoles et autres arquebuses dont on dit qu’ils finiront par changer radicalement l’art de la guerre. Ce dispositif était également utilisé pour provoquer des explosions contrôlées dans l’édification de bâtiments, de barrages et même dans les mines, bien que cela soit considéré comme extrêmement dangereux, avais-je lu quelque part.
    Bien entendu, c’était aussi le moyen parfait pour enflammer des barils de poudre.
    J’arrêtai de respirer. Si j’avais pu faire cesser les battements de mon cœur, je n’aurais pas hésité. De toutes mes forces, je tendis l’oreille pour essayer d’identifier d’où venait le son. Lentement, en priant pour avoir raison, je le suivis.
    Le sifflement s’amplifia. Un peu plus loin, j’aperçus vaguement une étincelle qui s’éloignait de moi à grande vitesse. Vite je me précipitai vers elle, en préférant ne pas songer au plancher qui pouvait céder à tout moment. Dans la faible lumière qui filtrait par les trous dans le toit, je vis alors un œil rouge qui me fixait sans ciller.
    Et juste derrière, sous une toile, ce qui ne pouvait être qu’une énorme quantité de poudre à canon. Assez, dans tous les cas, pour faire s’effondrer le plafond de la basilique et plusieurs piliers sur les invités sans méfiance en dessous. Un pape, des cardinaux, des princes, des ambassadeurs, les frères Borgia… Tous mourraient, et avec eux l’espoir de triompher du fanatisme de Savonarole.
    Par la grâce de Dieu je m’élançai dans l’air saturé de poussière vers cet œil de serpent incandescent, bras tendus et mains ouvertes. Juste au moment où elle allait disparaître sous la toile, je m’emparai de la mèche et tirai de toutes mes forces.
    Elle céda si brutalement que j’en tombai en arrière. La mèche continuait de se consumer, et elle me brûla la main. Je criai, me levai d’un bond et la jetai sur le plancher où je l’écrasai des deux pieds, jusqu’à ce qu’enfin l’œil rouge se ferme pour de bon et que le seul sifflement audible, dans ce firmament de la sainte Église, soit celui de mes poumons martyrisés.
    Gloria in excelsis Deo. Gloire à Dieu, au plus haut des cieux.
    Après cela je dus m’écrouler par terre, car quelques instants après je sentis César qui me relevait de sa poigne ferme. Chose improbable et absurde, j’étais vivante. Nous étions vivants.
    — Que se passe-t-il ici, pour l’amour du ciel ? cria-t-il. Vittoro m’a parlé de…
    — Soulève la toile, le pressai-je.
    M’étreignant toujours, il s’exécuta. En voyant ce qu’il y avait dessous nous en suffoquâmes tous deux. Plus d’une douzaine de barils de poudre se trouvaient là, suffisamment petits pour être dissimulés sous une cape et transportés par un seul homme, mais contenant une quantité sans nul doute mortelle de charge explosive ; on les avait entassés contre l’un des piliers de soutènement du toit, et par extension de toute la partie droite de la basilique. S’ils avaient sauté, tout ce côté de l’édifice se serait effondré et il aurait probablement fini par emporter le reste, au vu du piètre état dans lequel tout cela était. Les victimes se seraient comptées par centaines ; il est probable même que personne n’en aurait réchappé. Sans même songer au coup porté à la chrétienté sur le plan symbolique : il aurait été sans commune mesure.
    — Mais comment as-tu… ? murmura César.
    — L’odeur,
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