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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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P rélude
    — Je vois…, dit la femme. Elle traversa lentement la pièce pour regarder par la petite fenêtre qui donnait sur le fleuve. Le clair de lune éclaira son visage. Elle était jeune, plutôt agréable d’apparence, mais n’avait rien de remarquable dans une ville où la beauté était monnaie courante. C’est ainsi qu’elle n’aurait suscité qu’un éphémère intérêt, sans tous ces bruissements de voix qui semblaient se déclencher à son passage où qu’elle aille.
    — Et tu n’as jamais su leurs noms ? demanda-t-elle.
    L’homme qui était sur le point de mourir secoua la tête. Il était agenouillé sur le parquet en simple chemise, car il allait se coucher lorsqu’elle était arrivée. Le matin venu, à l’ouverture des portes de la ville, il se serait échappé en prenant la route vers le nord et Viterbe. Mais il était trop tard à présent.
    Il serrait si fort ses mains devant lui que les articulations en étaient devenues blanches.
    — Pourquoi le diraient-ils à un homme comme moi, madame ? Je ne suis personne.
    Elle esquissa un faible sourire.
    — Tu as pourtant failli être quelqu’un. L’assassin d’un pape.
    L’homme en eut la nausée. Il se demandait combien de temps elle allait le faire souffrir, et surtout comment. Il avait entendu dire des choses proprement terrifiantes.
    — À quoi bon faire pareille chose ? reprit-elle. Pour Dieu ?
    S’il disait la vérité, peut-être l’épargnerait-elle un peu.
    — Pour l’argent.
    Derrière lui, l’homme qui était venu avec elle émit un grognement. Il avait peut-être l’apparence d’un soldat bourru, mais il portait la large écharpe et les autres insignes réservés aux condottieri de haut rang. Un homme qui avait réussi, donc, et en était fier.
    — J’espère au moins que tu as été grassement rétribué, lança-t-il. As-tu conscience qu’en agissant ainsi, c’est ta vie que tu as monnayée ?
    La voix du condamné se cassa.
    — Je savais que c’était risqué.
    — Mais tu as cru… qu’as-tu cru, au juste ? demanda la femme. Que tu serais plus malin que moi ? Que je ne me rendrais compte de rien avant qu’il ne soit trop tard ?
    — J’espérais…
    Qu’ils disaient vrai lorsqu’ils prétendaient être plus rusés qu’elle. Que ce qu’ils lui avaient donné à mettre dans le vin passerait bien inaperçu. Et pourtant elle l’avait détecté, cette femme qui se penchait maintenant au-dessus de lui pour le scruter. Il en tremblait de peur, et pria pour ne pas mouiller son pantalon. Il en était réduit à cela : s’il vous plaît mon Dieu, faites que je ne me pisse pas dessus.
    — Il te faisait tant envie que ça, cet argent ? lui demanda-t-elle.
    Était-ce vraiment le cas ? Il n’arrivait plus à se souvenir, à présent, lui semblait-il. Mais il avait regardé à l’intérieur de la bourse qu’ils lui tendaient, tout cet or qui brillait, et vu sa vie transformée. La richesse, le confort, la tranquillité qu’il n’avait jamais connus, les mets les plus fins, les femmes les plus ravissantes. La promesse de tout cela et bien plus encore avait eu raison de ses facultés. Il avait dû être pris d’un accès de folie, songeait-il, mais il savait que cela ne mènerait à rien d’en dire autant.
    — J’ai cédé à la tentation, se contenta-t-il d’avouer.
    La femme soupira – de compassion pour lui, aurait-on dit, presque. Mais il n’en allait pas de même pour le condottiere.
    — Nous pourrions l’emmener au castel, suggéra-t-il. Le soumettre à la question.
    Elle resta à regarder l’homme agenouillé pendant un moment, puis secoua la tête.
    — À quoi bon ? Il ne sait rien.
    — Comment peux-tu en être certaine ?
    — Si c’était le cas il nous aurait déjà parlé, rétorqua-t-elle en pointant du doigt la petite flaque qui s’élargissait rapidement sur le sol.
    L’homme se mit à prier en remuant furieusement les lèvres. Il leva la tête et la regarda attentivement, lumineuse dans ce clair de lune et l’air plutôt doux, clément presque.
    — Bois, l’enjoignit-elle en lui tendant une outre à vin en peau de chevreau, surmontée d’une valve en bois lisse qui passa aisément entre ses lèvres.
    — Non, je…
    Ses joues étaient baignées de larmes.
    Elle lui caressa les cheveux en un geste apaisant, et souleva l’outre pour l’aider.
    — Ce sera plus facile ainsi. Quelques minutes et tout sera fini. Sinon…
    Sinon le castel et des
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