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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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mais si froid, si résolu qu’il parut plus effrayant encore que dans l’éclat de sa colère.
    « Il est temps que ces agissements cessent. Il est temps qu’on sache qu’il n’y a pas d’autre maître ici que moi. Qu’on se le tienne pour dit. »
    Ceci, qui s’adressait à toute l’assemblée, était accompagné d’un regard circulaire. Et il fut remarqué que ce regard s’était arrêté un instant sur M me  Catherine et sur MM. de Guise.
    Le roi revint à l’infortuné concierge, plus mort que vif :
    « Quant à vous, monsieur, fit-il de sa voix glaciale, je ne veux pas autour de moi de serviteur en qui je ne puis avoir confiance. Je vous donne quarante-huit heures pour vous démettre de votre charge. »
    Le concierge plia sous le coup. Instinctivement, il jeta sur Catherine un regard désespéré qui implorait assistance. Mais Catherine, pestant intérieurement contre le maladroit, se hâta de détourner les yeux.
    Le roi surprit ce coup d’œil. Il acheva :
    « … Et vous retirer dans vos terres. Allez… Et si vous tenez à votre tête, faites en sorte que je ne vous rencontre jamais ni à la cour ni à la ville. »
    Pendant que l’espion se retirait d’un pas chancelant, un murmure approbateur saluait cette exécution sommaire. Le roi avait parlé en maître et tout naturellement la foule des courtisans se déclarait pour lui.

III – LES GUISES
    Le duc François de Guise et son frère, le cardinal de Lorraine, avaient dû s’immobiliser, attendre la fin de cette scène. Ils étaient aussi troublés, aussi inquiets l’un que l’autre.
    Après avoir échangé quelques réflexions à voix basse et s’être concertés, ils s’avancèrent vers le roi. Et leur inquiétude se manifesta d’une manière dissemblable qui marquait d’une façon criante la différence de caractère des deux frères.
    Le duc, dans la force de l’âge (il avait à peine quarante et un ans), de haute taille, de carrure puissante, le visage congestionné, la cicatrice du front qui lui valait son surnom de Balafré, d’un rouge sanglant, accentuait la rudesse de sa démarche, la dureté du regard, le port de tête insolent, le pli dédaigneux des lèvres. Et il alla droit devant lui, sans un sourire, sans détourner un instant son regard qu’il tenait obstinément fixé sur le roi. C’était le chêne puissant qui redresse son front altier et brave la tempête.
    Le cardinal, plus petit, plus mince, plus élégant, l’œil voilé, le teint pâle, l’allure souple, ondulante, glissait sur le tapis, courbé en une interminable révérence ; il prodiguait à droite et à gauche des sourires mielleux et il interrogeait anxieusement du regard sa nièce, Marie Stuart. C’était le roseau qui plie pour mieux se redresser.
    Et ce fut ainsi qu’ils vinrent faire leur révérence au roi et que le duc débita son compliment.
    Se croyant sûr de son pouvoir, le duc demanda au roi la faveur d’un entretien particulier, ayant amené M. le Cardinal et M. le Chancelier, dit-il, à seule fin de l’entretenir d’affaires urgentes et de la plus haute gravité.
    C’était une satisfaction platonique qu’il donnait ainsi au jeune souverain, en ayant l’air de le consulter. Ordinairement, le roi ne faisait aucune difficulté d’accorder l’audience demandée et approuvait toutes les décisions qu’on lui soumettait.
    Le duc était fermement convaincu que les choses se passeraient cette fois-ci comme elles se passaient toujours en pareil cas. Il fut stupéfait lorsqu’il entendit le roi déclarer d’une voix grave :
    « Parlez, monsieur le Duc, je vous écoute.
    – Quoi ! fit le duc assez interloqué, Votre Majesté veut que je traite ici, devant tout le monde, des affaires qui ne doivent être révélées qu’en conseil ?
    – Pardon, répliqua François qui prit un air naïf, ne m’avez-vous pas dit, duc, que vous vouliez m’entretenir des agissements de MM. les Réformés, de certains événements qui se sont déroulés hier sur le Pré-aux-Clercs, et enfin de cette petite effervescence qu’on voit aujourd’hui dans les rues de la ville ?
    – En effet, Sire, c’est bien de cela qu’il s’agit. Mais je ne me souviens pas d’en avoir parlé à Votre Majesté.
    – Vraiment !… Il me semblait cependant vous l’avoir entendu dire… Au surplus, peu importe. C’est bien de cela que vous désiriez nous entretenir ? Oui. Eh bien, parlez, en ce cas. J’estime que ce sont là affaires sans
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