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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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comme ce jour-là, il se tenait volontairement à l’écart, ne recevait que ses intimes et n’accordait que les audiences particulières qu’il lui était impossible de remettre.
    C’était donc assez rarement que la cour se réunissait. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et bientôt le vaste cabinet fut envahi par la foule des courtisans empressés à faire leur cour au roi et aux deux reines.
    Beaurevers entra.
    Le roi le vit dès qu’il mit le pied dans le cabinet. Il ne lui dit pas un mot, ne lui fit pas un geste. Seulement, il lui adressa un long regard. Beaurevers comprit la signification de ce regard. Il y répondit par un geste qui disait :
    « Je ne bouge pas d’ici. »
    Il voulut aller se placer modestement à l’écart. Mais Catherine l’avait vu, elle aussi. Elle lui adressa un gracieux sourire. Et il dut venir s’incliner devant elle.
    Il pensait en être quitte ainsi. Mais alors ce fut Marie Stuart qui, de sa voix harmonieuse, avec son plus doux sourire, prononça au milieu de l’attention générale :
    « Ah ! monsieur de Beaurevers, je suis heureuse de vous voir. »
    Elle lui tendit la main. Le chevalier se courba sur cette main avec cette grâce altière qui avait un charme spécial chez lui, et l’effleura de ses lèvres.
    Elle mit cet instant à profit et, pendant que le chevalier se courbait, elle laissa tomber dans un souffle, en désignant du regard François, à deux pas d’elle :
    « Veillez, chevalier, veillez. »
    Beaurevers répondit par un coup d’œil expressif qui disait clairement qu ’ elle pouvait compter sur lui. Et il alla se perdre dans la foule. Seulement, il se plaça de manière à ne pas perdre de vue François et à être vu de lui. Ainsi il pouvait accourir au premier signe.
    En même temps que MM. de Guise et derrière eux, était entré un personnage auquel nul ne fit attention. Ce personnage, qui paraissait inquiet et se faisait tout petit, c’était le concierge du Louvre, l’espion de Catherine.
    Nous avons dit que personne n’avait fait attention à lui. Nous nous sommes trompés. Le roi, qui l’avait fait appeler et le guettait, l’aperçut dès qu’il eut franchi la porte, malgré la précaution qu’il prenait de se dissimuler derrière le chancelier Michel de l’Hospital qui, lui, suivait les Guises.
    Donc, François aperçut le concierge. Et il l’apostropha aussitôt :
    « Venez çà, monsieur le concierge. »
    La voix était grosse de menace. Pâle comme un mort, la sueur de l’angoisse au front, le malheureux, au milieu de l’attention générale, traversa le cercle d’un pas chancelant et vint se courber en deux devant le roi qui fixait sur lui un regard glacial.
    « Monsieur, dit le roi d’une voix tranchante, je vous avais avisé moi-même qu’il se pourrait qu’on vînt demander mon valet de chambre Griffon de la part de deux personnages dont je vous avais fait connaître les noms. Je vous avais expressément recommandé de faire appeler Griffon, sans perdre une seconde, sans demander d’explications au messager, quel qu’il fût. Hier, comme je prévoyais, on est venu vous demander de faire appeler Griffon. Voulez-vous m’expliquer comment il se fait qu’il a fallu plus d’une demi-heure pour faire une commission qui pouvait, qui devait être faite en moins de cinq minutes ?
    – Sire, bredouilla le malheureux, j’ai envoyé séance tenante un laquais vers M. Griffon… Je ne m’explique pas…
    – Vraiment, vous ne vous expliquez pas !… Et comment se fait-il que vous vous soyez permis, malgré mes ordres formels, de faire subir au messager un interrogatoire qui n’a pas duré moins d’un quart d’heure ?… Il n’est plus question là de la négligence d’un misérable laquais. C’est bien vous qui êtes coupable. De quoi vous mêlez-vous ?… Ah çà ! les ordres que je donne ne comptent donc pas pour vous ?… »
    Il s’était animé. La colère qu’il avait refoulée jusque-là, maintenant qu’il avait un prétexte plausible, éclatait dans toute sa violence. C’était la première fois que cette colère royale se manifestait ainsi en public. Elle parut d’autant plus effrayante que, dans les rares moments où le roi s’était montré au milieu de sa cour, on l’avait toujours vu d’une humeur douce, égale, un peu timide, volontairement effacé, comme le lui reprochait Catherine. Il reprit, et maintenant il paraissait très calme, très maître de lui,
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