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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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règles
strictes. A ce moment, la voix de Louis XI se fit entendre :
    – Encore
un instant ! Revenez ici, Messeigneurs ! Quand ils furent à nouveau
alignés devant lui, le roi s’accorda le plaisir de les dévisager à tour de rôle
puis, arrêtant son regard aigu, si difficile à soutenir, sur Selongey, il dit
doucement :
    – Messire
Philippe, il n’y a jamais eu d’amitié entre nous, mais vous êtes de trop haut
lignage et nous estimons trop votre bravoure pour vous infliger l’affront de
combattre maître Olivier le Daim qui n’est rien d’autre que notre barbier et
dont nous n’avons pas pu nous résigner à faire un chevalier. C’est un pleutre
indigne de porter les armes. Vous n’affronterez donc que l’ambassadeur de
Florence qui est de noble naissance...
    Le
soulagement du barbier fut tellement évident qu’un rire discret parcourut l’assemblée.
Mais Selongey ne rit pas :
    – S’il
a insulté ma dame, il mérite la punition que je vais lui infliger en lui
coupant la gorge. Pour cela, la dague seule suffira et je ne souillerai pas mon
épée...
    – Tout
beau, tout beau ! Pâques-Dieu, sire comte, nous comprenons votre colère,
mais ne nous privez pas de notre barbier ! Néanmoins, ajouta-t-il avec une
soudaine dureté, les vilenies prouvées de maître Olivier lui vaudront d’être
emprisonné en notre château de Loches pour autant qu’il nous plaira. Ensuite,
si nous décidons de le rendre à la lumière, il devra expier le parjure dont il
s’est rendu coupable devant Dieu en allant prier au tombeau de Monseigneur
saint Jacques à Compostelle de Galice. Emmenez-le, Mortimer, en attendant que
notre grand prévôt ait loisir de s’occuper de lui !
    – Ce
sera une joie, Sire ! soupira Tristan l’Hermite. Plaît-il au Roi que le
combat commence, à présent ?
    Le roi
fit un geste signifiant qu’il n’avait plus rien à dire tandis que l’on emmenait
le barbier hurlant et gigotant. Sa joie avait été de courte durée. Cependant,
Philippe se dirigeait vers Fiora et, prenant son épée par la pointe, la lui
tendit pour qu’elle posât un instant ses doigts sur le pommeau, comme le
voulait une tradition ancienne. Peu s’en était fallu qu’on ne la respectât pas,
il semblait que, ce matin, les traditions n’eussent pas la part belle. Philippe
tenait à celle-ci :
    – Madame,
fit-il à voix très haute pour être entendu de tous, m’acceptez-vous pour votre
champion ?
    Elle
toucha l’arme d’une main tremblante et, à travers les larmes qu’elle ne pouvait
retenir, offrit à son époux un regard rayonnant d’amour.
    – Oui...
mais pour l’amour de Dieu, veillez sur vous-même car, s’il vous arrivait
malheur, ce serait moi qui appellerais la mort...
    Selongey
eut un bref sourire et ajouta, à voix basse :
    – Je
vous en supplie, même si vous me voyez tomber, ne venez pas vous jeter entre
les épées comme vous fîtes à Nancy jadis. Je n’aimerais pas revivre une telle
scène...
    Puis
il rejoignit son adversaire, tandis que les tambours faisaient entendre un
roulement lent et tellement sinistre qu’il glaça le sang de Fiora. Tornabuoni,
elle le savait, n’était pas un ennemi négligeable. A Florence, n’ayant rien de
mieux à faire, il pratiquait les armes, art que Philippe n’avait sans doute
guère approché depuis plusieurs mois. Une prière fervente et silencieuse
jaillit de son cœur vers le ciel bleu :
    – Pas
pour moi, Seigneur, mais pour Vous puisqu’il Vous a choisi, faites qu’il vive !
    Cependant,
à l’instant où les tambours s’arrêtèrent le grand prévôt cria :
    – Laissez
aller les bons combattants et que Dieu y ait part !
    Le
combat commença avec une extrême violence. Sans même prendre la peine de s’étudier
mutuellement, Selongey et Tornabuoni se jetèrent l’un sur l’autre résolus à s’exterminer.
Sous les coups d’épée, les boucliers sonnaient comme des cloches, mais il fut
vite évident que Philippe avait l’avantage de la taille et aussi de la force.
Ayant esquivé avec adresse une botte sournoise dirigée vers son ventre, il se
rua sur son adversaire et ses coups se mirent à pleuvoir aussi drus que grêle
en avril. Luca reculait, reculait, s’efforçant de protéger sa tête et ne
parvenant même plus à porter le moindre coup. Il fut sauvé lorsqu’il toucha les
cordes d’enceinte : le juge ordonna à Philippe de lui laisser reprendre un
peu de champ. Celui-ci obéit et sauta en
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