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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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défendre. Le Daim, n’étant pas noble, avait
fait peindre un daim sur champ d’azur constituant des armes parlantes. Tous
deux affichaient une affreuse pâleur.
    A ce
moment, la herse se releva pour donner passage au petit cortège du prêtre et du
Saint-Sacrement devant lequel les assistants s’agenouillaient au fur et à
mesure. Mais, à quelques pas derrière les religieux, une jeune femme marchait
en priant. Son grand hennin ennuagé d’azur et sa robe fleurdelisée comme les
cottes des Écossais contrastaient avec les tenues funèbres de l’entourage
royal. Fiora la reconnut avec un battement de cœur : c’était la seconde
fille du roi, Jeanne de France, duchesse d’Orléans. Et, de toute évidence,
cette venue contrariait fort son père :
    – Pâques-Dieu,
ma fille, que venez-vous faire céans ? s’écria-t-il après que l’ostensoire
eut été déposé sur un autel portatif drapé d’or et installé par deux moines.
    La
jeune princesse, pliant le genou avec humilité, leva courageusement vers son
père son visage ingrat et ses yeux magnifiques dont la couleur était celle du
grand ciel bleu de ce matin.
    – Je
n’en sais rien encore, Sire mon père, mais il m’a semblé que je devais venir
vers vous dès l’instant où vous en appeliez à Dieu pour vous assister dans
votre jugement.
    – Comment,
diantre, avez-vous appris ceci au fond de votre château ?
    – J’ai
reçu une lettre, Sire, fit Jeanne qui ne savait pas mentir.
    – De
qui, cette lettre ?
    – Souffrez
que je diffère ma réponse jusqu’à l’issue de ce combat...
    – Comme
il vous plaira ! D’ailleurs, je m’en doute. Eh bien, puisque vous voilà,
venez prendre place auprès de moi et passons à ce qui nous occupe ce matin.
    Son
regard sombre revint se poser sur les deux hommes toujours à genoux :
    – Maintenez-vous
vos accusations contre la dame de Selongey ici présente ?
    Seul
Tornabuoni répondit « oui » d’une voix assez ferme. Son compagnon,
dont les dents claquaient en dépit de la douceur de cette matinée, se contenta
d’un signe de tête, incapable de parler.
    – Vous
vous êtes confessés, vous avez ouï messe et avez reçu la Très Sainte Communion ?
Et, néanmoins, vous maintenez vos dires ?
    Ils
répondirent de la même façon. L’œil du roi fulgura, mais il permit aux coins de
sa bouche d’esquisser un sourire :
    – Nous
croyons savoir pourquoi vous montrez tant d’assurance et tant de courage, bien
aventuré, d’ailleurs, fit-il narquois. Vous pensez que messire Mortimer et
messire de Commynes ayant été refusés comme champions de celle que vous
accusez, personne ne viendra aventurer sa vie pour une si mauvaise cause ?
Alors, regardez ! Et vous trompettes, sonnez ! Je crois qu’il nous
vient là un chevalier !
    La
herse, en effet, se relevait encore et laissait passer trois cavaliers : l’un
en tenue de voyage, les deux autres en armure... et une immense joie inonda le cœur
de Fiora : car si le premier était Commynes, celui des deux autres qui,
sur sa cotte d’arme, portait des aigles d’argent, c’était Philippe de
Selongey...
    Les
trois hommes mirent pied à terre la porte franchie et marchèrent ensemble vers
la tribune devant laquelle Tornabuoni et Olivier le Daim les regardaient
approcher avec une vague épouvante, persuadés sans doute que les règles du
combat allaient se retourner et qu’ils auraient au moins à affronter les deux
guerriers. Parvenus devant le roi, tous trois saluèrent d’un même mouvement et
Commynes parla :
    – Sire,
messire Mortimer et moi-même avons accompli la mission dont le Roi nous avait
fait l’honneur de nous charger. Plaise à notre Sire que je lui présente le
comte Philippe de Selongey, chevalier du très noble ordre de la Toison d’or qui
vient par-devers vous, de sa libre volonté, pour défendre la cause et la vie de
son épouse injustement accusée. Il accepte naturellement le combat à outrance.
    De sa
place, apercevant le profil acéré de Philippe, Fiora sentait son cœur fondre d’amour.
Jamais il ne lui était apparu plus magnifique ni plus fier ! Louis XI se
pencha vers lui, un coude appuyé sur l’un de ses genoux :
    – Il
nous plaît de vous accueillir en cette lice, comte de Selongey. Nous estimions,
en effet, que vous deviez apprendre le grave danger couru par la comtesse... du
fait de son imprudence.
    – Si
ce que l’on m’a dit est exact, Sire, et je n’ai aucune raison d’en
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