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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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pas
avec Léonarde et lui dans le château, mais dans « la vilaine chambre »
qui, dans sa logique enfantine, ne devait guère être propice à une
convalescence. Il n’en dit rien, mais montra à Fiora encore plus d’amour. Lui,
si turbulent, restait des heures assis sur les genoux de sa mère, blotti contre
sa poitrine à quêter des histoires et des baisers...
    – Mon
Dieu ! priait intérieurement Léonarde. Faites qu’après ce combat idiot,
notre Fiora recouvre sa liberté. Sinon... oh, je n’ose même pas penser à ce qui
se passerait !
    Le
mois de juin s’écoula, doux et fleuri, avec les manifestations joyeuses de la
Fête-Dieu qui dépouillèrent les rosiers des environs du moindre pétale et la
Saint-Jean d’été qui alluma, la nuit tombée, de grands feux sur la place de
chaque village et dans la cour de chaque château. Au Plessis, Fiora, si elle
entendit les chants et les cris de joie, n’aperçut même pas le reflet de l’immense
feu que la Garde écossaise avait allumé dans la première cour, en face de ses
logis. Sa chambre demeura obscure comme si on voulait lui faire sentir qu’elle
était l’antichambre du tombeau.
    Quand
elle pensait au roi, c’était avec plus de tristesse que de colère car elle s’était
attachée à cet homme vieillissant, dont le grand front abritait un esprit si
subtil, une intelligence si universelle. Et voilà que ce cerveau exceptionnel
avait laissé sa crainte du meurtre l’emporter sur l’amitié, presque l’affection
qu’il portait naguère à « donna Fiora ». Cette amitié, après avoir
aidé la jeune femme à vivre, s’était brisée sur une simple feuille de papier,
sur quelques lignes d’une écriture dont le roi n’avait pas voulu voir la
contrefaçon. Pire encore, il avait refusé les deux champions qui s’étaient
spontanément offerts pour défendre sa cause et, pour être bien sûr qu’ils ne
viendraient pas troubler sa fête macabre, il les avait envoyés au loin. Alors,
quand ces pensées lui venaient, Fiora s’agenouillait et priait...
     
    Vint
le dernier jour...
    Quand
Léonarde amena le petit Philippe, elle eut beau dire que la poussière irritait
ses yeux, il fut évident qu’elle avait pleuré toute la nuit. Et, de fait, les
nouvelles n’étaient guère rassurantes : ni Commynes ni Mortimer n’avaient
reparu et Archie Ayrlie avait confié à la vieille demoiselle qu’à sa
connaissance, aucun champion ne s’était présenté. Il avait ajouté qu’ils
étaient nombreux, dans la Garde, à souhaiter offrir leurs armes à la captive,
mais qu’il était à craindre que le roi les déboutât comme il avait débouté
Mortimer.
    La
journée fut longue et pénible pour les deux femmes. Pour l’enfant, elles s’efforçaient
à une attitude habituelle, lui souriaient et jouaient avec lui. Fiora y réussissait
mieux que Léonarde, peut-être parce qu’elle n’avait pas vraiment peur. Elle ne
souffrait que d’abandonner ceux qu’elle aimait, de ne pouvoir au moins
embrasser une dernière fois sa petite Lorenza qui, elle, ne connaîtrait jamais
sa mère.
    Au
moment de se séparer, elle embrassa Léonarde avec une infinie tendresse.
    – Vous,
si pieuse, chuchota-t-elle en sentant des larmes couler contre sa joue, vous
devriez accorder plus de confiance à Dieu. C’est lui qui va décider demain et,
s’il ne veut pas que je meure, le roi ni personne n’y pourra rien...
    – C’est
vrai, mon agneau, vous avez raison et je ne suis qu’une vieille bête. Mais je
vais prier, prier, prier si fort qu’il faudra bien que le Seigneur m’entende !
J’ai confiance à présent et si, demain soir, je ne peux vous serrer dans mes
bras comme je le fais en ce moment, cela voudra dire que Dieu n’existe pas.
Mais, sur ce sujet, je suis tranquille...
    Fiora,
alors, prit son fils contre son cœur et l’y garda un instant, couvrant de
baisers légers les boucles soyeuses et le petit front si doux.
    – Sois
bien sage, mon cœur ! Si tu ne me vois pas demain c’est que je serai
partie faire un voyage... pour ma santé !
    – Vous
irez voir mon papa ?
    – Oui,
mon ange, je te le promets : j’irai voir ton papa et peut-être qu’alors je
te le ramènerai...
    Les
larmes étaient trop proches et elle ne voulait pas que l’enfant les vît. Elle
le remit à Léonarde et, doucement, les poussa vers la porte que Grégoire tenait
ouverte. Le garde attendait sur le palier.
    Quand
la porte se fut refermée, Fiora demeura
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