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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur
Autoren: Pascal Arnoux
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l’impôt permettait au souverain d’anticiper les besoins. La gestion des finances publiques y gagna en efficacité ; six ans plus tard, Charles VII avait acquis les moyens de sa politique : il institua une armée nationale, permanente, professionnelle, que lui seul pouvait recruter, soldée à l’année et non plus pour une durée limitée aux combats présumés. Les populations civiles n’eurent plus à redouter le terrible passage des « routiers » et autres « écorcheurs » au chômage, cette plaie des années 1415-1445. La vie reprit peu à peu ses droits, la confiance renaquit et chacun travailla à restaurer qui sa ferme ou son moulin, qui son château ou son monastère, qui ses réseaux commerciaux.
    Charles VII le Victorieux fut aussi le « Bien Servi » par une administration compétente, qu’il eut la sagesse de ne pas épurer après la reconquête. Certes, tous les contemporains de Charles VII ne passèrent pas du jour au lendemain de la misère à l’opulence ; bien des campagnes conservèrent leur aspect dévasté jusqu’à la fin du XV e siècle. Mais le contexte international s’apprêtait à développer la reprise : la chute de Constantinople, ultime vestige de l’Empire romain, encouragea les navigateurs portugais ou génois à tourner le dos à la Méditerranée et s’élancer vers des rivages inconnus (1453). La richesse changea de nature : le négoce international prit le pas sur la terre, ce qui prouve entre autres choses que la « mondialisation », dont on nous rebat tant les oreilles depuis quelques années, n’est pas un phénomène récent…
    Agnès Sorel, les arts et la piété
    La beauté d’Agnès passe pour avoir inspiré les poètes, dont le plus célèbre d’entre eux, le prince Charles d’Orléans, libéré en 1440 après vingt-cinq ans de captivité en Angleterre. Mais Agnès inspira également, dit-on, le peintre Jean Fouquet, qui exécuta le fameux Diptyque de Melun en 1449 ou 1450 ; la belle favorite de Charles VII y figure sous l’aspect de la Vierge à l’Enfant Jésus, le sein gauche dénudé, rond et ferme, la taille mince, représentant à la fois la fécondité et l’incarnation. Ce tableau aurait été commandé au peintre par Étienne Chevalier, ambassadeur du roi de France près la cour d’Angleterre, en réalisation d’un vœu.
    Du reste, Agnès était fort pieuse, de cette piété médiévale pleine d’espérance et dénuée de tartuferie. Elle ne manquait jamais de prier pour le salut de son âme brûlée par le péché, le salut de Charles et du royaume. Ses dévotions fréquentes, à la Vierge et aux saints, prouvent une foi solide, très proche de ce que fut celle de Jeanne d’Arc. Agnès souffrait de sa position fausse vis-à-vis de la reine, puisqu’elle assurait un service domestique à la cour, d’ailleurs mal rétribué, comme tous les offices de la maison royale ; ses gages de demoiselle d’honneur n’excédaient pas 25 livres tournois par an, mais tous les proches serviteurs de la monarchie étaient logés et nourris aux frais du roi.
    Agnès se signala par d’importantes donations aux œuvres. En 1444, elle offrit à l’église collégiale de Loches une magnifique statuette de sainte Marie-Madeleine en argent doré. Le prix de cette pièce d’orfèvrerie dépassait largement son traitement de demoiselle d’honneur et cela laisse supposer une faveur royale bien antérieure à 1444. Bonne et charitable, Agnès consacra de fortes sommes destinées à l’entretien des pauvres.
    Il faut croire qu’Agnès Sorel était fort estimée par les grands de ce monde, car le pape Nicolas V signa un bref qui lui accordait un autel portatif en avril 1448.
    Libéralités royales
    Au plus fort de sa faveur, qui ne cessa qu’à sa mort, Agnès Sorel vit ses revenus augmenter en sus de ses gages avec une pension annuelle de 300 livres et des dons occasionnels. Elle reçut des vêtements, cadeau fréquent au Moyen Âge, et des bijoux : elle fut la première femme à arborer des diamants taillés. Ces joyaux valaient très cher puisque le roi, qui les racheta après la mort d’Agnès, déboursa 20 600 écus, soit plus de 60 000 livres tournois. À titre de comparaison, l’armement, l’entretien et la solde d’une armée de vingt mille hommes lui coûtaient 700 000 livres chaque année.
    Agnès bénéficia aussi des revenus de seigneuries, soit usufruitiers pour les terres inaliénables de la Couronne, soit en toute
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