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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch
Autoren: Jean-Pierre Charland
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et un «C» sur l'avers, pour le poser sur l'une des petites tables.
    —    Vous avez pensé aussi à un tableau. Ce sera parfait, remarqua-t-elle en s'assurant que les craies ne manqueraient pas.
    —    C'est l'avantage d'avoir été commissaire d'école : je connais tous les fournisseurs.
    Bien sûr, comme les autres notables, ce commerçant prospère avait siégé, ou se retrouverait tôt ou tard, à toutes les institutions un peu significatives, de la fabrique au conseil de ville, en passant par la commission scolaire et les Ligues du Sacré-Cœur.
    —    Vous avez prévu des livres de classe ?
    —    Oui et non. J'ai quelques livres de lecture, des petits romans dont je ne suis pas certain de l'intérêt, mais pour le reste, le mieux serait que vous alliez à la librairie Garneau lundi. Je ne connais pas très bien les livres convenant à des personnes ne sachant pas lire.
    Ces derniers mots s'accompagnèrent d'un sourire, puis il continua après une pause :
    —    Alors, vous acceptez de rendre ces deux petites personnes savantes ?
    —    Ce sera avec plaisir.
    Des yeux, Elisabeth parcourait ce grand grenier qui deviendrait sa classe. Ses deux élèves fixaient sur elle un regard timide. Bientôt, le commerçant tira sa montre de son gousset, l'ouvrit avant de dire :
    —    Les enfants, dans une demi-heure, vous pourrez descendre manger dans la cuisine. Mademoiselle Trudel vous accompagnera. Cela vous laisse le temps de faire une petite toilette.
    En se tournant vers la jeune femme, il continua :
    —    Je vais vous montrer votre chambre. Vous avez tout juste le temps de vous installer.
    Un moment plus tard, à l'étage, le maître de maison ouvrait la porte d'une chambre donnant sur la rue Saint-François. Juste en face se trouvait celle d'Edouard, contiguë à celle de sa sœur.
    Il s'agissait d'une pièce confortable, éclairée par une grande fenêtre. Un lit assez large se trouvait contre un mur. Une commode, une table et une chaise s'alignaient de l'autre côté de la pièce. Enfin, un fauteuil lui permettrait de se reposer dans l'intimité.
    —    La salle de bain se trouve dans la pièce voisine. Les enfants se couchent vers sept heures. Vous vous chargerez de les mettre au lit.
    —    Bien, Monsieur.
    —    Elle avait l'air d'une pauvresse, avec sa robe usée et trop petite, commentait Napoléon Grosjean en essuyant sur sa manche la mousse que la bière avait laissée dans sa moustache.
    —    Maintenant, elle ressemble à une petite bourgeoise. Y a pas à dire, le patron s'est mis en frais pour cette petite volaille.
    Joséphine Tardif, la cuisinière de la maisonnée Picard, s'agitait devant un gros poêle à charbon, les joues rendues rouges à la fois par la colère et la chaleur.
    —    Comme si je n'étais pas capable de m'occuper des enfants... Cela fait quatre ans que je me charge de tout dans cette maison.
    —    C'est certain, pour leur apprendre à lire, tu serais championne !
    Le cocher se trouvait assis derrière une petite table de chêne, une bouteille de Boswell et un grand verre à demi vide devant lui.
    —    L'école se trouve juste là... clama la grosse femme en pointant à peu près vers l'ouest avec sa louche dégoulinante de sauce.
    Elle s'arrêta juste avant d'en avoir trop dit, se pencha de nouveau sur son chaudron. Le patron venait de pénétrer dans la pièce. Sa mine suffisait seule à exprimer sa réprobation face à ce genre de discours.
    —    Napoléon, je ne savais pas que je te payais pour boire ma bière. Tu n'as rien trouvé à faire au magasin ?
    —    ... Non. Us vont fermer dans quelques minutes, de toute façon.
    —    Dans une heure, tu me conduiras au Château.
    —Je devrai vous attendre?
    —    Non. Je prendrai un fiacre pour revenir, il sera sans doute tard.
    Le cocher trouva préférable de vider le reste de sa bière d'un trait avant de s'esquiver par une porte dans un coin de la cuisine. Elle donnait sur un jardin mal entretenu. Au fond de celui-ci, une petite écurie permettait d'abriter les deux chevaux de Picard. Le gros homme habitait dans une petite chambre aménagée juste au-dessus des animaux, dont il profitait de la chaleur. Pareil arrangement domestique signifiait aussi qu'il embaumait sans cesse le crottin.
    Quand le cocher se fut esquivé, le commerçant continua à l'intention de la cuisinière :
    —    Dans quelques minutes, mademoiselle Trudel descendra souper
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