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Essais sceptiques

Essais sceptiques

Titel: Essais sceptiques
Autoren: Bertrand Russell
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amplement du concept de système ».
    Il est important de noter que son
Outline of Philosophy
(Esquisse de la philosophie) [1927] ne mentionne pas la théorie de l’évolution. Si la science ne nous offrait rien de plus qu’un squelette, si le savant n’était qu’un atomiste, cela signifierait donc que la chair et le sang, ces processus organiques de la nature, ne sont que des illusions étudiées par des charlatans appelés biologistes et accréditées avec intelligence et sensibilité par des imposteurs appelés psychologues. Pourtant de tels processus sont sûrement des faits de nature, de même que le « squelette » ; et par conséquent ils méritent une place dans les perspectives scientifiques au même titre que les vérités abstraites et atomistiques de la physique. Nous pouvons aller plus loin : au-delà du monde systématique, se trouve ce qui lui donne son sens et que Kant appelle le Royaume des Fins : c’est le monde de la valeur. Nous nous rappelons que Russell affirmait que la science est éthiquement neutre, nos « conclusions » sur la valeur de la vie doivent venir de « l’extérieur ». À nouveau les deux Russell s’opposent franchement. L’un soutient l’identité de la science et de la connaissance ; l’autre estime que cette identité retire tout sens à la vie : il recherche
beyond
la science et donc par-delà la connaissance scientifique, les valeurs que seules la mauvaise foi et l’inconséquence refuseraient à un tempérament aussi généreux et ardent que le sien. Dans son ouvrage polémique
Religion and Science
(Science et Religion) [1935, réédité en 1958], le conflit est apparent d’une page à l’autre. « La connaissance, déclare-t-il suivant la tradition pragmatique, est un simple instrument à manipuler la matière ». Quelques pages plus loin cependant, il affirme que « dans la mesure où la religion consiste en un état d’esprit, et non en un ensemble de croyances, la science ne peut l’atteindre » ; qu’il existe « un aspect de la vie religieuse, le plus précieux peut-être, qui est indépendant des découvertes de la science et qui pourra survivre, quelles que soient nos convictions futures au sujet de la nature de l’univers » ; et qu’il y a un exemple chez « les meilleurs parmi les saints et les mystiques ». La même conviction illumine les dernières pages de
Authority and the Individual
(L’individu et l’Autorité) [1949]. « Ce que j’essaie de faire comprendre, écrit-il, est en étroite harmonie avec l’éthique chrétienne. Socrate et les Apôtres déclarèrent que nous devons obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme et les Évangiles enjoignent d’aimer Dieu aussi fortement que notre prochain. Tous les « Grands » religieux et aussi tous les grands artistes et les chercheurs intellectuels ont montré un sens de la contrainte morale devant leurs impulsions créatrices, et un sens de l’exaltation morale devant la tâche accomplie. Ce sentiment est la base de ce que les Évangiles appellent le devoir envers Dieu et il est (je le répète) séparable de la croyance théologique. Le devoir envers mon prochain, du moins l’idée qu’il s’en fait, ne correspond pas forcément à ma conception du devoir. Si, en ma conscience, j’ai la conviction profonde que je dois agir d’une façon répréhensible aux yeux de l’autorité gouvernementale, je dois cependant suivre ma conviction. Et réciproquement, la société doit me laisser libre de suivre mes convictions, à moins de raisons très impérieuses pour m’en empêcher ».
    Au fond de lui-même Russell reste le défenseur des idéaux traditionnels
    Nous sommes loin de « La Dignité de l’Homme libre » et de l’essai
Why I am not a Christian
(Pourquoi je ne suis pas Chrétien) ; mais cela met en pleine lumière la personnalité de Russell, l’apôtre de la liberté, l’ennemi de la tyrannie, l’homme qui combat pour la paix, l’homme qui est à la recherche des valeurs permanentes. Nous en arrivons peut-être à nous demander ce qui, chez Russell, adversaire de l’orthodoxie, apporte une sanction à ces valeurs. Nous proposons une réponse, à laquelle nous avons d’ailleurs déjà fait allusion. Russell, l’ennemi du dogme traditionnel, reste au fond de lui-même le défenseur des idéaux traditionnels. Il est en accord avec Mill, avec George Eliot, avec T.H. Huxley, avec Thomas Hardy et avec sa propre famille : il combattait les
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