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Essais sceptiques

Essais sceptiques

Titel: Essais sceptiques
Autoren: Bertrand Russell
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surtout par sa soumission aux rigueurs de la logique, venait des tentatives de Russell pour « liquider » la philosophie, du moins dans le sens traditionnel, en faveur d’une vue du monde purement scientifique. Nous pouvons voir maintenant comment il procéda. Dans
Our Knowledge of the External World
(Notre Connaissance du monde extérieur) [1926], il écrivait : « Qu’on soumette un problème philosophique à l’analyse nécessaire et qu’on essaie de le rendre plus clair, il s’éloigne de la philosophie, ou devient logique, au sens que nous attribuons à ce mot. » Nous observons ici l’influence de Wittgenstein et des premiers positivistes logiques : le but de Wittgenstein dans le
Tractatus Logico-Philosophicus
, était en effet de réduire la philosophie à une méthode de distinction entre des propositions signifiantes et des propositions non-signifiantes ; et même jusqu’à la parution de
History of the Western Philosophy
(Histoire de la Philosophie Occidentale) [1945], Russell disait que c’était le positivisme logique qui, en général, l’attirait le plus. La tradition qui donna naissance au positivisme, du moins en Angleterre, remonte à Hume ; et Wittgenstein se manifesta vivement dans les cercles anglais, autant pour leur rappeler l’importance de Hume que pour leur exposer les idées originales qui étaient les siennes. Comme de récents érudits l’ont compris, Wittgenstein était cependant plus qu’un Hume moderne. Il avait en outre un côté métaphysicien. S’il tenta d’élaborer « une métaphysique qui devait apporter une solution à toutes les métaphysiques », on peut en dire autant de Russell. Dans son célèbre livre
Mysticism and Logic
(Mysticisme et Logique) [1918], le mysticisme que Russell opposait à la logique était en fait de la métaphysique traditionnelle ; et ayant toujours associé métaphysique et idéalisme, il est plein de défiance envers toute forme de pensée qui prétendrait, à la façon des idéalistes, affirmer plus de choses sur le monde que la science ne peut en garantir par son système d’hypothèses vérifiables. En conséquence, Russell conseillait de « remplacer par des résultats fragmentaires, détaillés et vérifiables, ces vastes généralités invérifiées, établies grâce à notre seule imagination » (
Our Knowledge of the External World
, Notre Connaissance du Monde extérieur). Cela revient, en effet, à abandonner la philosophie pour la physique. Car si la science ne possède pas des résultats « fragmentaires, détaillés et vérifiables » ou du moins le désir de les atteindre, c’est qu’elle fait preuve de « vices » que la logique rejette. Dans un essai intitulé « Les motifs ultérieurs de la philosophie »
Unpopular Essays
(Essais impopulaires), Russell va jusqu’à révoquer la philosophie traditionnelle comme une « étape » particulière et temporaire « dans le développement intellectuel », étape qui est incompatible avec la « maturité de l’esprit ». D’une façon plus accablante, il dit que c’est « une tentative extraordinairement ingénieuse conduisant à des raisonnements erronés ». En somme, « toute connaissance est connaissance scientifique, qu’on doit constater et prouver par des méthodes scientifiques » (
Sceptical Essays
, Essais sceptiques).
    Russell affirmait que la science nous trompe rarement
    En face des conclusions sceptiques auxquelles son raisonnement l’avait conduit, Hume recommandait de créer quelque diversion mentale pour remédier à l’angoisse intellectuelle. L’antidote de Russell n’esquive pas la responsabilité. On peut en trouver facilement l’explication. Entre l’époque de Hume et celle de Russell, le monde matériel a subi d’étonnantes transformations, dues en grande partie aux réalisations de la science et de la technologie. Quand bien même les propositions scientifiques seraient fondées sur des hypothèses, leur application, de toute évidence, donne des résultats concrets. C’est pourquoi, d’après Russell, il faut accorder à la science cette confiance qu’aucune autre forme de pensée ne saurait mériter. En d’autres termes, les réalisations de la science invalident le scepticisme intégral vers lequel la logique tendrait par ses propres moyens : « Le scepticisme, logiquement irréprochable, est psychologiquement impossible, et une philosophie qui feint de l’accepter, fait preuve de mauvaise foi et
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