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Essais sceptiques

Essais sceptiques

Titel: Essais sceptiques
Autoren: Bertrand Russell
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de la philosophie lorsqu’il critiqua les philosophes analytiques de Grande-Bretagne, qui ont tendance à résoudre tous les problèmes par la linguistique, et ainsi à réduire la philosophie à « des recherches superficielles et sans intérêt ». Cette attaque eut des répercussions hors des milieux universitaires. Il en résulta un fleuve de lettres jusque dans la rubrique très modérée du
Times.
En 1949, le grand radical s’était vu décerner l’une des plus grandes distinctions que l’État britannique puisse conférer : l’Ordre du Mérite, un honneur comparable à l’élection à l’Académie française.
    En dépit de ses opinions peu orthodoxes, surtout en morale, Russell a fait preuve, tout au long de sa carrière, de qualités d’intégrité, de justice et d’honnêteté que même ses adversaires les plus acharnés ne peuvent que respecter. Il y eut des exceptions regrettables. L’annulation de sa nomination au City College de New York en 1940, fut un épisode qui, vu avec du recul, discrédita bien plus ses censeurs que lui-même. Dresser la liste des « vices » attribués à son œuvre, c’est presque entrer dans le monde de la comédie. On qualifia ses écrits de « lubriques, orduriers, libidineux, lascifs, dépravés, érotiques, aphrodisiaques, athées, irrévérencieux, étroits d’esprit, mensongers et dépourvus de toute fibre morale ». Qu’on ait porté de telles accusations contre un homme comme Russell qui concevait la vie de façon si saine, à une époque où l’on donnait libre cours à la salacité et l’érotomanie, révèle à quel point l’hypocrisie avait survécu à l’époque victorienne. C’est à l’honneur de nombreuses personnalités américaines, parmi lesquelles le vieux philosophe John Dewey, d’avoir défendu avec compétence leur hôte distingué ; et lors d’une visite ultérieure en Californie, Russell fut reçu, comme un héros. Malgré cela il connut des embarras financiers sérieux, qui pourtant n’entamèrent pas sa gaieté d’esprit. Remarquant que « son revenu était inférieur à ses impôts sur le revenu », il souligna « qu’il allait être vraiment intéressant de voir comment le gouvernement dénouerait cette situation ». En lisant attentivement l’œuvre de Russell, l’essai de controverse
Marriage and Morals
(Le Mariage et la Morale) [1929] lui-même, ne laisse pas transparaître un seul élément de lubricité ; et l’étroitesse d’esprit dont certains l’accablent, rejaillit plus sur les accusateurs que sur l’accusé. On peut ajouter que les vues de Russell sur la sexualité dans
Marriage and Morals
(Le Mariage et la Morale) sont à certains égards moins libérales que les opinions récentes de certains groupes religieux qui ont, dans son propre pays, accusé Russell de déloyauté et d’amoralisme.
    Il pratiqua toujours une économie verbale rigoureuse
    Un dernier mot sur Russell, homme de lettres : la littérature – aussi bien d’ailleurs que ses efforts pour la paix – lui valut le Prix Nobel. Sans aucun doute, Russell est un des grands maîtres de la prose anglaise. Il appartient en cela à la tradition de Berkeley, Hume et Mill. Son meilleur ouvrage,
Sceptical Essays
(Les Essais sceptiques), est empreint d’une luminosité, une lucidité qui, par moments, approche du surnaturel. Beaucoup d’écrivains, en philosophie – et cela s’applique particulièrement à l’ancienne école idéaliste – nous surprennent par des éclairs d’illumination, comme si le penseur avait réussi à triompher, pour un bref instant, de la confusion des mots. Quelles parts des œuvres de Kant, de Hegel, de Heidegger et même de Sartre, sont directement intelligibles ? Bien sûr, certaines réputations philosophiques s’effondreraient si l’obscurité du style cessait de masquer l’indigence de la pensée. Russell, lui, n’a jamais écrit une phrase dont le sens ne soit parfaitement clair. En dehors d’une courte période d’engouement pour Milton et Walter Pater, il eut toujours pour idéal de pratiquer une économie verbale rigoureuse. « Je ne pense pas pouvoir améliorer une phrase dont le sens me satisfait ». Il souscrivait à l’opinion de Shaw, qui considérait le style comme « une expression efficace ». En conséquence, la prose de Russell ressemble peu à celle des écrivains prolifiques en général : elle a même trouvé un certain raffinement, tout en gardant sa simplicité. Dans une
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