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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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la
nouvelle, les yeux de Denise se remplirent de larmes. Sous le choc, elle alla
se réfugier dans sa chambre. Une heure plus tard, Laurette sortit de la sienne
toute habillée de noir.
     
    — Dire que
j'avais même pas fini de porter le deuil de p'pa, dit-elle à son mari, qui
l'attendait en fumant dans sa chaise berçante. C'est pas une vie, ça !
     
    — J'y vais avec
toi, fit Gérard en se levant. À deux, le salon va être prêt plus vite. Denise
va s'occuper de ses frères quand ils vont rentrer de l'école.
     
    Le mari et la
femme quittèrent l'appartement et prirent la direction de la rue Champagne, le
nez enfoui dans le col de leur manteau pour mieux lutter contre le froid. Dès
leur entrée, Gérard s'empressa d'aller mettre du charbon dans le poêle. Il
retrouva ensuite Laurette, qui s'était laissée tomber sur le divan du salon, la
tête entre les mains.
     
    — J'arrive pas à
y croire, dit-elle, secouée. Dire que ça fait même pas dix mois que je faisais
la même chose avec m'man pour exposer p'pa.
     
    — C'est correct,
mais c'est pas le temps de se mettre à brailler, fit Gérard. Il faut le
préparer, ce salon-là, si tu veux que tout soit prêt quand ils vont amener ta
mère.
     
    Il avait raison.
Laurette se leva avec effort, se dirigea vers la pièce voisine et revint en lui
tendant un morceau de crêpe noir.
     
    — Commence par
mettre ça sur la porte.
     
    En une heure, la
maison fut prête pour le triste événement. Pauline et Marie-Ange arrivèrent au
moment où le fourgon de la maison Godin s'immobilisait devant la porte.
Laurette, plantée devant la fenêtre du salon, aperçut des rideaux soulevés par
des voisins curieux.
     
    — Armand et
Bernard s'en viennent, fit Marie-Ange, qui était entrée à pas feutrés dans la
pièce. Je leur ai fait à manger quand ils sont arrivés tout à l'heure.
     
    Les deux employés
de l'entreprise de pompes funèbres placèrent d'abord deux tréteaux qu'ils
couvrirent d'un drap noir avant de transporter le cercueil tout simple dans le
salon.
     
    — Vous l'ouvrez
pas ? demanda Laurette en s'approchant.
     
    — C'est pas
possible, madame, dit le plus grand des deux hommes, de toute évidence très mal
à l'aise.
     
    — Comment ça ?
     
    — On n'a pas pu
arranger correctement le visage de la disparue. On en a parlé avec les deux
fils qui ont décidé qu'il valait mieux que l'exposition se fasse avec un
cercueil fermé.
     
    — Ah non ! fit
Laurette en s'effondrant sur une chaise, réalisant qu'elle ne verrait plus
jamais le visage de sa mère.
     
    — Si je peux me
permettre, madame, dit très respectueusement l'autre employé, je vous
conseillerais de
     
    déposer une photo
sur le cercueil, si vous en possédez une. Je suis certain que la disparue
aurait préféré être vue ainsi.
     
    — Ils ont raison,
dit Pauline en posant une main sur le bras de sa belle-sœur. C'est une bonne
idée. Merci, monsieur.
     
    — Est-ce que vous
allez venir la chercher pour son service, lundi matin, à huit heures? arriva à
demander Laurette d'une voix misérable.
     
    — Soyez sans
crainte, madame. On va être à l'heure. Bon courage, ajouta-t-il en faisant
signe à son compagnon de le suivre.
     
    Quelques minutes
plus tard, Gérard prévint sa femme de son intention de retourner à la maison
pour annoncer lui-même la mauvaise nouvelle aux enfants. Il allait voir à ce
qu'ils soupent avant de les ramener veiller au corps de leur grand-mère.
     
    — Tu vas me
ramener du linge aussi. Je vais coucher ici dedans jusqu'au service. Je veux
pas qu'elle passe les nuits toute seule.
     
    — Bernard et moi,
on a l'intention de coucher ici, nous autres aussi, intervint Marie-Ange. Nous
autres, on n'a pas d'enfant. Ça dérange personne.
     
    — Moi aussi, je
resterais ben pour la veiller, mais j'ai les deux filles, ajouta Pauline à son
tour. Ma petite voisine peut pas les garder la nuit.
     
    Gérard rentra à
la maison quelques minutes à peine avant le retour de ses trois fils. Quand il
leur apprit le décès de leur grand-mère, tous les trois furent bouleversés.
Richard, le plus sensible, se mit à pleurer.
     
    — Il va falloir
que vous soyez ben fins avec votre mère, conclut-il. Elle a encore plus de
peine que vous autres. Après le souper, vous allez vous habiller en dimanche et
on va aller la rejoindre.
     
    Le souper préparé
par Denise se prit dans un lourd silence. La famille quitta la maison un peu
avant sept heures et se dirigea
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