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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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vers la rue Champagne. A leur arrivée chez la
grand-mère Brûlé, l'endroit était déjà envahi par quelques voisins venus présenter
leurs condoléances aux parents de la disparue.
     
    — Pourquoi on
peut pas voir mémère ? demanda Richard à son père, en s'approchant du cercueil
placé devant la fenêtre.
     
    — Parce que c'est
mieux comme ça, répondit évasivement Gérard. Contente-toi de prier pour elle et
tiens-toi tranquille, ajouta-t-il.
     
    Pour Laurette,
les jours suivants se déroulèrent comme dans un songe. Elle n'eut pas un
instant de solitude pour s'abandonner à sa peine. Les parents, les amis, les
connaissances et les voisins vinrent veiller le corps de sa mère et offrir leur
sympathie. Elle ne quitta l'appartement qu'en une seule occasion, pour aller
préparer de la nourriture aux siens. La plupart du temps, Gérard était à ses
côtés. Il s'était arrangé pour que les enfants ne viennent chez leur grand-mère
que durant l'après-midi. En début et fin de journée, Denise et Jean-Louis
s'occupaient des plus jeunes à la maison. Pour plus de sécurité, le père de
famille rentrait chez lui à la fin de la soirée.
     
    Comme prévu,
Laurette demeura sur place et veilla la disparue une bonne partie de chaque
nuit en compagnie de ses frères et d'au moins une de ses belles-sœurs. Elle le
faisait jusqu'au moment où l'épuisement la faisait tomber dans un sommeil qui
ressemblait à un gouffre.
     
    Le lundi matin la
trouva debout bien avant l'aube, en train de préparer le déjeuner de ses deux
frères qui avaient séjourné dans l'appartement. Marie-Ange vint la rejoindre
dans la cuisine au moment où le soleil se levait. Il tombait une petite neige
fine que Laurette regardait tomber dans
     
    la cour arrière
et sur le toit de l'écurie. Les yeux fixés sur la fenêtre, elle essayait de se
souvenir de la dernière fois où elle avait vu cette scène.
     
    Un peu après sept
heures, on remit rapidement de l'ordre dans la cuisine après avoir fait sa
toilette et on attendit l'arrivée des employés de l'entreprise funéraire.
Gérard arriva quelques instants plus tard.
     
    — Où sont les
enfants ? demanda Laurette avec un soupçon d'inquiétude.
     
    — Je les ai déjà
laissés à l'église.
     
    — T'as ben fait,
l'approuva sa femme. C'est déjà assez triste comme ça sans voir les enfants
pleurer en plus.
     
    Au même moment,
deux voitures et le corbillard de la maison Godin s'arrêtèrent devant la porte.
Les porteurs transportèrent en silence le cercueil à l'extérieur. Pendant ce
temps, chacun endossa son manteau et chaussa ses bottes, prêts à suivre le
corps à l'église.
     
    La neige qui
tombait depuis le milieu de la nuit donnait un aspect feutré aux funérailles
d'Annette Brûlé, comme si elle avait décidé de quitter son monde sur la pointe
des pieds, sans vouloir déranger.
     
    La gorge serrée
au point d'avoir de la peine à respirer, Laurette chuchota à Gérard sur qui
elle s'appuyait à son arrivée à l'église Saint-Vincent-de-Paul :
     
    — Je trouve ça
tellement triste qu'elle parte en plein hiver, juste avant les fêtes, elle qui
aimait tellement ça.
     
    Gérard resserra
son étreinte et l'entraîna à l'intérieur où ils suivirent le corps de la
disparue que les porteurs allèrent déposer à l'avant, dans l'allée centrale. La
petite foule d'une cinquantaine de personnes rassemblées sur les lieux assista
avec recueillement au service funèbre célébré par Damien Perreault. Le curé
s'attacha à dispenser des paroles consolatrices à la famille éprouvée avant de
bénir le corps une dernière fois. À la sortie de l'église, Gérard
     
    renvoya les
enfants à la maison sous la supervision de Denise et de Jean-Louis avant
d'aller rejoindre sa femme qui l'attendait près de l'une des deux automobiles
mises à la disposition de la famille par la maison Godin.
     
    Les parents et
les amis d'Annette s'entassèrent dans quelques voitures pour l'accompagner vers
le cimetière Notre-Dame-des-Neiges où elle allait rejoindre son vieux
compagnon. Cette dernière étape fut la plus bouleversante pour Laurette.
     
    Lorsque le corps
disparut dans le charnier où il allait devoir attendre le dégel du sol pouf
reposer aux côtés de celui d'Honoré, Laurette perdit momentanément conscience,
assommée par le choc et la douleur. Bernard et Gérard durent la soutenir pour
la ramener à la voiture.
     
    À son retour,
Gérard suggéra à sa femme d'aller
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