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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue
Autoren: Lindsey Davis
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s’agir que d’une danseuse. Elle possédait un corps bien en chair mais musclé. Sa luxuriante chevelure, noire au point d’en paraître bleue, était rejetée en arrière et maintenue par une simple torsade qu’il était facile de délier pour obtenir un effet aussi soudain que dramatique. La façon dont elle tenait ses mains indiquait une longue pratique des castagnettes.
    — Désolé de mon erreur, fis-je mine de m’excuser. On nous avait annoncé une danseuse hispanique, alors je vous ai prise pour une mauvaise fille de Gades.
    — Alors que je suis une bonne fille d’Hispalis, rétorqua-t-elle en essayant vainement de passer devant moi.
    Son latin était correct, et son accent indéfinissable. Si cette soirée n’avait pas été placée sous le signe de la Bétique, j’aurais eu beaucoup de mal à déterminer son origine.
    Grâce à ma fidèle amphore, l’entrée était pratiquement infranchissable. Si elle décidait de forcer le passage, nous allions devenir plaisamment intimes. Je remarquai toutefois l’expression de ses yeux ; j’y lus clairement qu’un mauvais geste de ma part, et elle me trancherait le nez d’un seul coup de dent.
    — Je suis Falco.
    — Eh bien retire-toi de mon chemin, Falco.
    Soit j’avais soudain perdu mon charme légendaire, soit elle avait fait vœu d’éviter les beaux garçons au sourire ravageur. À moins qu’elle ne se sente incommodée par mon amphore d’entrailles de poissons fermentées ?
    Un homme d’un certain âge portant une cithare sortit d’une salle qui s’ouvrait en face de nous. Ses cheveux étaient grisonnants et il devait vraisemblablement ses beaux traits sombres à des ancêtres maurétaniens. Il adressa un signe à la jeune femme sans me prêter la moindre attention. Elle inclina brièvement la tête et s’apprêta à le suivre. Je décidai alors de retarder mon départ afin de pouvoir assister à leur exhibition.
    — Désolée, c’est une séance privée ! déclara-t-elle d’un air narquois en me claquant la porte au nez.
     
    — Pure aberration ! La Société Bétique n’a jamais encouragé les complots dans les coins sombres et nous n’autorisons pas davantage les séances privées, affirma Læta qui venait de me rejoindre.
    Il avait entendu l’exclamation de la fille et n’hésita pas un seul instant à la suivre. Son attitude arrogante me découragea presque de l’imiter, mais il m’attira de nouveau dans son sillage. Quant aux patients esclaves, ils se chargèrent une fois de plus de mon amphore et entrèrent derrière nous.
    À peine eus-je jeté un regard sur les occupants des divans que je compris que Læta m’avait menti. Au lieu de l’assemblée de gouverneurs que je m’attendais à y trouver, je découvris plusieurs têtes que je connaissais bien – y compris deux que je faisais habituellement tout pour éviter, quitte à traverser toute la cité de Rome à pied.
    Les deux hommes en question étaient étendus assez près l’un de l’autre, ce qui ne laissait d’être très inquiétant en soi. Le premier était Camillus Ælianus, le frère de ma compagne, un jeune homme aux manières brutales qui me haïssait. Le second n’était autre qu’Anacrites, le chef espion qui me haïssait tout autant – surtout parce qu’il savait que j’étais bien meilleur que lui. Sa jalousie avait d’ailleurs failli me coûter la vie assez récemment [1] , et peu de choses auraient été susceptibles de me réjouir davantage que de le voir rôtir à la broche au sommet d’un grand feu de joie.
    J’aurais sûrement été mieux avisé de partir, mais j’étais bien trop entêté pour l’admettre.
    Depuis mon apparition, Anacrites n’avait plus vraiment l’air dans son assiette. Étant donné que nous étions censés être collègues, il se sentit obligé de manifester un minimum de politesse envers moi et me désigna d’un geste la place restée libre à côté de lui. Au lieu de m’y installer moi-même, je fis signe aux esclaves d’y déposer la jarre odoriférante, avec le col bien calé sur le polochon. Le chef espion détestait toute forme d’excentricité. Tout comme le frère d’Helena Justina que je vis se mettre à bouillir de colère. Pour ma plus grande satisfaction.
    J’acceptai bien volontiers la coupe de vin que me tendait un serveur, et sans leur accorder un second regard, je rejoignis Læta qui me faisait signe qu’il souhaitait me présenter à quelqu’un.

3
    Avant d’arriver jusqu’à
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