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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne
Autoren: Jean Markale
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tomber sur les jambes du Diable. Celui-ci se crut de nouveau dans son
enfer et poussa un horrible cri. Lâchant son marteau, il s’enfuit à toute
vitesse, bien décidé à ne pas devenir forgeron.
    Il s’embaucha chez un tailleur de pierre, se disant que là
au moins, il n’aurait pas de flammes à redouter. Avec son compagnon, il avait
une belle et grande pierre à tailler. Il était convenu que celui des deux qui
aurait fini sa tâche le premier aurait tout l’argent. Le tailleur de pierre
avait donné au Diable un maillet en bois. Le Diable avait beau travailler, il
n’arrivait à aucun résultat, tandis que le compagnon, muni d’une bonne pioche à
la pointe d’acier, travaillait sa pierre comme il le voulait. En voyant cela,
le Diable se fâcha tout rouge, jeta son maillet de bois dans l’étang et s’en alla.
    Il rencontra un sonneur de biniou.
    — Comme c’est joli, dit le Diable. Apprends-moi donc à
jouer de cette musique.
    — Pour cela, dit le sonneur, il faut entrer dans la
poche de mon biniou. Fais-toi donc tout petit, aussi petit qu’un pois, et entre
là-dedans. Tu en sauras bientôt autant que moi.
    Le Diable se fit aussi petit qu’un pois et entra dans la
poche du biniou. Le sonneur rencontra une compagnie de tailleurs. Il leur
dit :
    — Voudriez-vous coudre tous les trois ma poche de
biniou afin que rien ne puisse en sortir ?
    Les tailleurs étaient adroits. Le travail fut vite fait.
    — Le Diable est dedans, leur dit alors le sonneur.
Piquez-le maintenant avec vos aiguilles.
    Les tailleurs prirent leurs aiguilles et se firent une joie
de piquer le Diable. Celui-ci pleurait, hurlait, demandait grâce, mais les
aiguilles n’en travaillaient pas moins. À la fin, le sonneur remercia les
tailleurs, prit son biniou et s’en alla. Il passa près d’un lavoir où il y
avait un grand nombre de jeunes lavandières au fort poignet.
    — Dites donc ! leur dit le sonneur, mon sac de
biniou est un peu dur. Voudriez-vous le battre pour le ramollir ?
    — Certainement, dirent les filles. Donne-le ici et on
va lui faire son affaire.
    — Mais frappez fort, dit le sonneur, car le Diable est
dedans.
    Quand les filles surent que le Diable était dans le sac du
biniou, elles se mirent à rire comme des folles. Elles se moquaient du Diable,
et elles lui donnaient des coups de battoir de toutes leurs forces. Lorsque
l’une d’elles était fatiguée de le battre, elle le passait à sa voisine qui
continuait consciencieusement le travail.
    Le Diable avait été fort humilié d’avoir été cousu dans la
poche du biniou et piqué par les tailleurs qui sont moins que des hommes. Mais
il ne pouvait supporter de se voir tourné en ridicule et battu par des filles.
De rage et de dépit, il lui arriva un accident. Cela lui rendit service, car le
biniou sentait si mauvais que les filles le jetèrent au sonneur en le priant de
s’en aller.
    Le sonneur arriva à une aire où de nombreux jeunes gens
battaient le blé.
    — Hé ! les amis ! dit le sonneur,
voudriez-vous battre mon sac de biniou pour le ramollir un peu, car il est bien
dur ?
    Et il le jeta au milieu des batteurs.
    — Frappez fort, dit-il encore, car le Diable est
dedans.
    À ces mots, les gars recueillirent toutes leurs forces et
frappèrent en cadence. Le martyre du Diable était affreux. Il avait beau crier,
pleurer, rager, rien n’y faisait. Dame ! le Diable a bien peu
d’amis ! Quand les batteurs eurent déchargé leur rage sur le dos du Diable,
le sonneur ramassa son biniou et reprit son chemin.
    Il arriva à une forge où deux gaillards frappaient sur le
fer rouge avec deux marteaux très lourds.
    — Mon sac est dur, dit le sonneur. Frappez dessus pour
le ramollir.
    Il posa son biniou sur l’enclume.
    À ces mots, les deux forgerons crachèrent sur leurs mains,
grincèrent des dents et frappèrent très fort sur le sac du biniou. Dans la
forge, il y avait un vacarme infernal. Tous les forgerons du pays frappant
ensemble sur leurs enclumes n’auraient pas fait un tel bruit.
    Alors le sonneur s’adressa au Diable :
    — Eh bien ! Es-tu satisfait ?
    — Grâce ! supplia le Diable.
    — Je veux bien te faire grâce, dit le sonneur, mais il
faut que tu me promettes que tu ne feras jamais de mal, ni à moi, ni aux miens jusqu’à
la septième génération.
    — Oui, oui, dit le Diable, je te le promets.
    Alors le sonneur le remit en liberté.
    Mais il fallut brûler le biniou, car il sentait
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