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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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entendre ces mots rituels alors que je savais la mort à l’œuvre, tapie dans le corps las de Constantin.
    L’empereur savait que je savais. J’ai cru deviner dans ses yeux qu’il souhaitait que je me tienne loin de lui, que je ne lui rappelle pas, par ma présence, tout ce qu’il avait vécu et qui allait se dissoudre pour renaître sous une forme dont les hommes ignorent tout.
    Ainsi, si je n’ai plus pu lui parler, c’est aussi parce qu’il n’a plus voulu m’entendre.
     
    Je n’étais plus que l’un des membres de son entourage, ne cherchant pas à m’avancer au premier rang, mais, au contraire, me tenant dans la pénombre des grandes salles du palais impérial.
    J’entendais les murmures. Cyrille me rapportait les rumeurs.
    Les demi-frères et leurs enfants, neveux de Constantin, se concertaient pour tenter, après la mort de l’empereur, de s’installer au pouvoir.
    Les tribuns de la garde germanique leur étaient hostiles et avaient envoyé des messagers aux fils de Constantin.
    Déjà, l’un d’eux, Constance II, césar d’Orient, avait quitté Antioche afin de regagner au plus vite Constantinopolis, et les émissaires de ce jeune homme de dix-neuf ans à peine, au corps osseux, au visage comme une lame dure, forgée et reforgée, hantaient déjà le palais impérial, surveillant les agissements de Dalmatius et de Julius Constantius, les demi-frères de Constantin.
     
    J’observais l’empereur.
    Il se présentait souvent entouré de Dalmatius et de Julius Constantius, accompagnés de leurs enfants, ses neveux.
    Avait-il décidé de léguer son empire aux descendants de son père et de sa seconde épouse, Theodora, et d’oublier ainsi ses propres fils, nés de cette Fausta qu’il avait fait assassiner ?
    Le palais, me rapportait Cyrille, bruissait de suppositions, d’espoirs et de craintes, d’autant plus que le masque derrière lequel Constantin s’efforçait de dissimuler son état se fissurait.
    Je l’ai vu s’appuyer à l’épaule de l’un de ses gardes, puis se redresser avec peine.
    Je l’ai accompagné aux sources de Bithynie, là où jaillissait une eau bouillante et salée dont on assurait qu’elle prolongeait la vie.
    Il a bu. Il s’est baigné dans ces vasques creusées dans la roche. Il a paru en resurgir rajeuni, puis il s’est courbé, tenant son ventre à deux mains, et on a dû le conduire jusqu’à sa villa d’Ancynora, non loin de Nicomédie.
     
    Je m’y suis rendu.
    J’ai vu, allant et venant devant la porte de la chambre impériale, Eusèbe de Nicomédie qui m’a interpellé. Constantin avait refusé le baptême, m’expliqua-t-il, exigeant qu’on le transportât jusqu’en Palestine. Là, il se plongerait dans les eaux du Jourdain, et, ainsi ondoyé, baptisé par l’eau divine, celle de Christos, il pourrait rejoindre Dieu comme membre de cette Église qu’il avait servie sa vie durant.
    Eusèbe m’a saisi aux épaules.
    Le voyage était impossible : Constantin mourrait avant d’arriver en Palestine.
    Après avoir hésité, il m’a demandé d’essayer de convaincre l’empereur qu’il devait accepter d’être baptisé ici, en Bithynie.
    — Dieu le sauvera. Il guérira son corps et son âme. Il lui permettra de faire le voyage jusqu’à Jérusalem. N’a-t-Il pas déjà donné mille signes de Sa bienveillance, n’a-t-Il pas offert à Hélène un morceau de la Vraie Croix du Calvaire ?
    L’impatience et la vanité d’Eusèbe de Nicomédie m’irritaient. Il voulait se grandir en étant celui qui baptiserait l’empereur Constantin. Il avait besoin de moi et craignait que je ne lui ravisse le rôle.
    Ainsi, même ceux qui parlaient au nom de Christos, qui étaient les pasteurs des chrétiens, restaient des hommes en proie à leurs démons.
    J’ai cependant fait demander à l’empereur s’il acceptait de me recevoir.
    Peu après, le tribun de la garde m’a ouvert la porte et il m’a été donné de voir pour la dernière fois Constantin.
     
    Il ne portait plus le manteau pourpre, mais la tunique blanche de l’homme qui s’apprête à solliciter de Dieu de le recevoir parmi les Siens, de lui accorder le baptême.
    Je n’avais donc pas à le convaincre. De lui-même il avait décidé, maintenant qu’il était au seuil de la mort, de renoncer à demeurer pour les païens leur Pontifex Maximus , et, en même temps, à être pour les chrétiens l’« évêque du dehors », défenseur de leur Église.
    Il avait choisi.
    Je
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