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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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imposer ta loi aux Perses. L’empire de Châhpuhr est aussi grand que le tien. Il est trop tard pour toi. »
    Un matin, il a envoyé des messages à Châhpuhr, lui proposant de conclure entre eux une paix durable.
    Nul n’a osé contester la décision de l’empereur. Mais l’étonnement et la déception se lisaient sur tous les visages.
    C’était comme s’il venait d’annoncer qu’il renonçait à ce monde.
    Nous sommes rentrés lentement à Constantinople dans la chaleur d’une fin d’été ocre et sèche.
    Tous les yeux étaient rivés sur l’empereur qui avançait la nuque ployée comme si la mort, penchée sur lui, pesait de toutes ses forces pour le maintenir ainsi courbé, soumis.
    Je n’étais plus le seul à la deviner près de lui, aussi puissante qu’impatiente. J’entendais les murmures.
    Hésios chuchotait, tourné vers Optatus. Ablabius s’approchait de Constantin afin de le dévisager, de mesurer les effets de cette langueur que révélaient son attitude et son silence.
    Mais l’empereur paraissait indifférent, ignorant cet entourage que les soupçons commençaient à miner et déchirer.
    Les tribuns de la garde germanique se tenaient à l’écart, épiant ces conseillers de l’empereur en qui ils n’avaient pas confiance.
    D’autres choisissaient déjà leur camp.
    Fallait-il rejoindre les demi-frères et les neveux de l’empereur, Dalmatius le Vieux et ses deux fils – Dalmatius le Jeune et Hannibalius –, Julius Constantius et ses fils, deux jeunes enfants, Gallus et Julien, et le dernier demi-frère, Hannibalius l’Ancien ? ou bien devait-on se mettre au service des fils de Constantin – les enfants de Fausta –, Constantin II, Constance et Constans ?
    Je devinais les hésitations, j’imaginais les conciliabules, je pressentais les conjurations qui, déjà, alors que nous n’avions pas encore traversé les détroits, s’ébauchaient.
     
    Puis nous avons embarqué sur la trirème impériale et des vents contraires se sont levés, creusant la mer, nous empêchant d’atteindre le port de Constantinopolis avant la tombée du jour.
    Constantin était resté debout à la proue du navire, regardant au loin les lumières de sa Nova Roma éclairer la nuit.
    Tout à coup, une lueur d’un blanc éblouissant a fendu le ciel de part en part, depuis la côte d’Orient jusqu’à celle d’Occident, et la trace lumineuse ne s’est effacée que lentement, comme pour laisser aux hommes le temps de la découvrir, de la contempler et d’en garder le souvenir.
    J’ai eu l’impression qu’un froid glacial m’enveloppait le corps et que cette lumière céleste avait absorbé tous les bruits, contraignant à l’immobilité, figeant les marins et les vagues.
    Après qu’elle eut disparu, j’ai rejoint Constantin.
    Il s’est tourné vers moi. Son visage semblait apaisé mais nimbé par une auréole blanche, comme si le sang s’était retiré de ses joues et de son front.
    — Voici le signe, a-t-il murmuré en montrant le ciel. Mon départ est proche.
    Il a levé la main à hauteur de ma bouche, me contraignant par là au silence.

 
     
38
    Je n’ai plus pu parler à Constantin.
    L’émotion me serrait la gorge quand je le voyais marcher d’un pas lent, s’arrêter pour reprendre son souffle, s’efforcer de donner le change à ses proches, à la plèbe de la Secunda Roma , à tous les visiteurs venus d’Italie, de Pannonie, de Gaule, de Syrie, de Bretagne, d’Espagne, d’Égypte, de Bithynie, des provinces les plus reculées de l’Empire pour célébrer les trente années de règne de Constantin l’immortel, le « Vainqueur perpétuel ».
    Il se redressait alors que je l’avais surpris tassé, sur le point de s’affaisser, de renoncer à pénétrer dans la loge impériale. Mais plus de cent mille spectateurs l’attendaient, debout sur les gradins de l’hippodrome, et il devait lancer la course de chars.
    Alors, pour quelques instants, il redevenait le jeune Constantin le Grand, l’empereur altier et vigoureux, le corps raide dans son manteau de pourpre, et il se présentait à la plèbe entouré de ses demi-frères et de ses neveux.
    Les acclamations semblaient le régénérer. Avait-il réussi à repousser la mort, à l’oublier ?
    Je ne croyais pas que ce fut possible.
     
    Il écoutait l’évêque Eusèbe de Nicomédie lui tresser des louanges, lui promettre longue vie sous la protection de Christos.
    Je détournais la tête.
    Je ne voulais plus
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