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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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de lui à jamais, ou, si cette faveur dépasse les mérites de ma conduite, pour une innombrable succession de siècles ! »
    Voilà la vraie religion romaine, assurait Julien, et il condamnait ce culte et cette exaltation des morts qui se trouvaient être au cœur de la religion de Christos.
    « Un corps blessé, cloué sur la Croix, voilà le signe des adeptes de Christos ! Regarde le ciel, Marcus Salinator, le Soleil l’illumine. C’est Sol invictus qui règne sur l’univers et auquel nous devons dédier un culte, élever des temples, sacrifier des taureaux et des moutons. Telle est la tradition de Rome. »
    On n’entendra pas Denys l’Ancien exprimer son désarroi, puis sa révolte quand, en 361, après la mort de l’empereur Constance qui se proclamait auguste éternel, Julien, le survivant du jour du massacre, devint empereur et décida de rendre aux païens les richesses qu’on leur avait volées, de réduire l’Église chrétienne à n’être que l’expression d’une religion parmi d’autres, et non la religion de l’empereur, donc celle de l’Empire.
    Il fallait que les chrétiens renoncent à imposer leur foi, à dépouiller et à persécuter les païens. Chaque homme devait marcher vers le Dieu unique au gré des chemins qu’il aurait choisis.
     
    Mais Denys l’Ancien aurait pu dénoncer l’hypocrisie et les mensonges de Julien, raconter comment lui-même avait dû quitter Constantinopolis pour n’y être pas arrêté, supplicié et sans doute assassiné.
    Il s’était réfugié à Antioche, ville où les chrétiens étaient nombreux. Là, comme au temps des empereurs persécuteurs, il avait recueilli les plaintes de ses frères en Christos.
    Marcus Salinator a découvert à ce sujet sur l’écritoire un long passage rédigé par Denys l’Ancien.
    Il l’a lu, gagné par l’indignation devant la manière dont ce dernier rapportait ce qui avait été.
    Julien avait prêché la tolérance envers les chrétiens ? D’après Denys l’Ancien, au contraire, « Julien l’Apostat est le persécuteur masqué. Sa bonté apparente dissimule sa dureté, sa persuasion courtoise est en fait violente. Son indulgence cache sa cruauté. Toute son action consiste à nous empêcher de montrer que, dans les supplices, nous chantons notre foi en Christos.
    « Julien l’Apostat veut nous faire souffrir sans que nous puissions recueillir l’honneur d’avoir souffert pour Christos. Il veut détruire notre réputation. Il le fait comme un serpent. Il est habile. Il ne clame pas son impiété, comme les autres persécuteurs. Il ne publie aucun édit de poursuites. Il ne se comporte même pas en tyran à notre endroit. C’est avec une bassesse d’âme parfaitement servile et avec lâcheté qu’il cherche à nuire à la foi. Il abandonne l’usage de la tyrannie aux peuples et aux cités en les poussant à agir contre les fidèles de Christos. Sa duplicité est sans limites.
    « Il ne publie aucune décision officielle, mais se contente, en ne réprimant pas les attentats qu’il suscite, de donner à sa volonté la force d’une loi non écrite. »
    Dans un geste rageur, Marcus Salinator a repoussé loin de lui ce qu’il estimait n’être qu’une de ces calomnies que les chrétiens avaient répandues pour combattre Julien l’Apostat.
    Il a regretté la mort de Denys l’Ancien, une fuite commode ! Il lui aurait rappelé les propos de Julien : « Il faut éclairer les gens qui déraisonnent, et non les punir… J’en ai usé avec les Galiléens avec douceur et humanité, de façon qu’aucun d’eux ne fut nulle part violenté ni traîné au temple, ni contraint par de mauvais traitements à quelque action contraire à sa volonté… Je ne répéterai jamais trop que ceux qui font du zèle pour la vraie religion ne molestent, n’attaquent ni n’insultent la foule des Galiléens. Il faut avoir plus de pitié que de haine pour ceux qui ont le malheur d’errer en si grave matière… Je ne tolère pas qu’on traîne les chrétiens de force devant les autels des vrais dieux de Rome… »
     
    Et cependant, à Antioche, à Alexandrie, des chrétiens avaient été lapidés, battus à mort pour avoir crié leur haine envers cet empereur païen qui faisait rouvrir les temples d’Apollon et présidait aux sacrifices devant les statues des dieux.
    Les païens défendaient leur empereur, et la haine engendrait la haine.
    Le Dieu de l’autre était l’ennemi. La religion de l’autre, une
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