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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur
Autoren: Caroline Roe
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aide de cuisine tira par la manche le plus beau des gardes et l’entraîna dans le grenier. Ils furent bientôt suivis de tout le monde. Derrière une tapisserie, entre les poutres et une grosse cheminée, on avait récemment édifié un mur et installé une petite porte très épaisse.
    Le sergent, armé du trousseau de clefs de maître Sebastià, l’ouvrit rapidement. Et là, dans cet espace sombre et réduit, ils découvrirent ce que toute la ville cherchait depuis la mort de maître Gualter. À côté des coffres contenant l’argent que maître Sebastià avait gagné en faisant des affaires, il y avait deux lourdes caisses cerclées de métal. Elles renfermaient quinze mille maravédis d’or, bien rangés par sacs de cinq cents.
    Maître Astruch fut aux anges quand il récupéra son argent – cinq mille maravédis.
    Ce fut aussi le cas de la veuve de Gualter. Au lieu de s’enfermer dans un couvent avec sa fortune recouvrée, maîtresse Sibilla, trente-six ans, encore belle et plus finaude que jamais, devint soudain l’objet d’une extrême attention de la part de plusieurs veufs et célibataires d’âge divers. Non seulement l’héritage familial était intact, mais la rumeur disait que maître Sebastià allait être exécuté promptement, que ses biens seraient confisqués puis estimés, et que la Couronne en reverserait une partie à celle que son crime avait rendue veuve.
    Jugeant son fils trop jeune et trop volage pour exercer une telle responsabilité, maîtresse Sibilla décida de gérer elle-même les affaires de Gualter. À ses heures de loisir, elle s’amusa, fit rager son fils et adoucit les douleurs du veuvage en jouant pendant quelques mois avec une armée de prétendants, pour finalement choisir un employé de trente ans qu’elle avait longuement observé dans l’entrepôt. Il était non seulement beau, timide et de belle humeur, mais il en savait bien plus sur le cuir que son défunt mari.
     
    Bien avant cet événement capital, le dimanche après-midi qui suivit les tribulations de Daniel dans la montagne, Raquel et Miriam apportèrent au jeune invalide un pot de soupe odorante et une assiette de petits gâteaux. Dès que la servante leur eut ouvert la porte, maîtresse Dolsa accourut et les noya sous un flot de remerciements et de louanges.
    — Mais est-ce que tout va bien ? s’inquiéta Raquel dès que maîtresse Dolsa s’arrêta pour reprendre son souffle.
    Une cascade de rire cristallin – un rire familier – se déversa alors en provenance de la cour. Raquel se figea au moment de pénétrer dans la maison. Miriam la bouscula pour tenter de passer et de se débarrasser de l’assiette qu’elle portait, et fut vivement réprimandée. Raquel s’avança, sourit à maîtresse Dolsa et tendit la soupière à la servante, si brutalement que le tablier de la malheureuse en fut tout éclaboussé.
    — Nous avons d’autres courses à faire pour maman, mentit Raquel. Nous allons dire bonjour à Daniel et lui souhaiter bon rétablissement, mais je crains que nous ne puissions nous attarder. N’est-ce pas, Miriam ?
    — Il est dans la cour, dit Dolsa.
    — C’est ce que je pensais.
    — Mais, Raquel, protesta Miriam qui n’était venue que parce qu’elle comptait bien manger au moins l’un des petits gâteaux qu’elle transportait, tu avais dit que…
    Raquel posa doucement la main sur l’épaule de sa petite sœur et la pinça discrètement.
    — Ouïe, murmura Miriam avant de faire silence.
     
    Raquel déboula dans la cour dans un tourbillon de jupes pour découvrir une scène vexante bien que convenable. Accompagnée de la servante de sa mère, une femme à l’air hautain, maîtresse Laura était assise à deux pas de la couche sur laquelle se reposait Daniel. Elle était placée de telle sorte qu’il avait une vue imprenable sur elle et sur la soie rosée de sa robe, ainsi que sur son surcot d’un rose plus soutenu, gaiement brodé de fils d’argent. Sous son minuscule voile, ses cheveux pâles tombaient en boucles sur ses épaules.
    Laura fut la première à découvrir la visiteuse.
    — Oh, maîtresse Raquel ! s’écria-t-elle comme si l’entrée de la fille du médecin était le seul événement qui pût faire de ce jour une journée parfaite.
    — Maîtresse Raquel, dit Daniel avec froideur. C’est bien aimable à vous de me rendre visite. Puis-je vous offrir quelque chose ?
    Raquel s’inclina devant Laura, puis elle se tourna vers Daniel et fit
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