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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur
Autoren: Caroline Roe
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passée. Il faisait une chaleur exceptionnelle et la taverne de Rodrigue, près de la rivière, était vide, à l’exception d’un unique consommateur qui s’attardait sur son vin. Il leva la tête en entendant des pas vifs claquer dans l’escalier menant à la grande salle. Une capuche poussiéreuse apparut au-dessus du niveau du sol, puis ce fut une tunique encore plus poussiéreuse. Dans un fracas, l’homme ainsi vêtu jeta à terre un bâton et un gros balluchon, enfin il poussa un soupir.
    — Tavernier ! lança-t-il en enlevant sa capuche.
    Le buveur solitaire installé dans un coin le toisa et remarqua des boucles brun clair, un œil vif, un beau visage. Le nouveau venu lui adressa un sourire radieux.
    — Votre sourire ne vous servira pas à grand-chose ici, fit le consommateur. Il faut plus que cela pour faire fondre le cœur de la mère Rodrigue.
    Il retomba dans la contemplation de son gobelet de vin.
    L’autre hocha la tête.
    — Il y a quelqu’un ici ?
    La plantureuse épouse de Rodrigue fit son apparition à l’autre bout de la pièce.
    — Mon époux dort, dit-elle. Je peux vous apporter quelque chose ou vous voulez que je le réveille ?
    — Le réveiller ? Certainement pas. Pas quand je peux être servi par une aussi gracieuse hôtesse. Je confesse, maîtresse, que j’ai beaucoup marché aujourd’hui et que je suis parti à l’aube. Une soif et une faim irrésistibles se sont emparées de moi tandis que je passais devant votre établissement. Et j’ai ici dans ma main une modeste somme destinée à les soulager. Que me proposez-vous ?
    — Du vin, répondit-elle avec platitude.
    Le discours élégant n’était pas très en vogue chez Rodrigue.
    — À part cela, il ne reste plus grand-chose. Leurs Majestés sont en ville, et nombre de leurs soldats sont venus ici. Ils ont pratiquement tout mangé hormis le ragoût de mouton.
    — Chaud comme il fait au-dehors, ce ragoût de mouton ressemble à la nourriture des dieux, et tant pis s’il n’est pas assez délicat pour les hommes de Sa Majesté. Donnez-moi un pichet de vin, une grande assiettée de mouton et un demi-pain, si vous en avez.
     
    — Prenez donc avec moi un gobelet de cet excellent vin, dit le voyageur à l’hôtesse alors qu’il repoussait son assiette.
    — J’ai beaucoup à faire, lui répondit la maîtresse des lieux. Ça donne du travail, tous ces étrangers. Et avec un mari incapable et un garçon qui a disparu Dieu sait où, il n’y a personne d’autre pour s’en occuper.
    — Il est allé voir Don Pedro, certainement. Vous ne pouvez lui reprocher de vouloir voir son roi. Allez, venez, fit-il avec un clin d’œil. Je suis en train de me demander si j’aimerais séjourner ici au cours des prochains mois. La nourriture est excellente et tient au corps, et je désire connaître cette ville. Vous m’avez l’air d’une femme habile et vous devez avoir une idée plus précise que quiconque sur ceux qui vivent ici. N’ai-je pas raison ?
    — Ils ne sont pas nombreux, ceux dont j’ignore presque tout. Et j’en sais plus qu’ils ne se l’imaginent, s’il faut parler vrai. Je vais chercher mon gobelet.
    Le buveur solitaire vit la tenancière s’exécuter, se dit que le monde touchait décidément à sa fin et s’en alla pendant qu’il le pouvait encore.
    L’étranger emplit le gobelet de la mère Rodrigue.
    — Voilà qui est mieux. Asseyez-vous donc que je puisse vous voir et vous entendre parler de mes nouveaux voisins.
    — Je n’ai pas tant de temps à moi, se plaignit sa nouvelle logeuse.
    — Je suis allé partout, maîtresse, et j’ai tout fait. Même la cuisine. Je vous aiderai à préparer les plats si vous restez un instant à bavarder avec moi.
    Elle plissa les yeux avant de se détendre.
    — Que voulez-vous savoir ?
    — Je vends et j’achète, c’est ainsi que je gagne ma vie, lâcha-t-il, et il est plus facile de vendre à quelqu’un quand on le connaît un peu. Il est aussi plus rentable de vendre à celui qui peut payer vos marchandises.
    — Quel genre ? demanda-t-elle.
    — Des choses coûteuses, lui confia-t-il. On gagne plus d’argent avec des coupes en or que des gobelets en étain. Je m’appelle Baptista, et j’ai entendu dire qu’ils sont nombreux ici à pouvoir s’offrir mes articles.
     
    Dans une grande maison du Call, le quartier juif de Gérone, Judith, la femme du médecin, dévisageait Ibrahim, son portier et homme à tout
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