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Confessions d'un enfant de La Chapelle

Confessions d'un enfant de La Chapelle

Titel: Confessions d'un enfant de La Chapelle
Autoren: Albert Simonin
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qu’il me précise :
    — Je compte sur vous le 1 er  septembre… inutile de venir avant dix heures !… Laissez-moi l’adresse de cette maison américaine… et son téléphone si vous l’avez en mémoire !…
    *
    — Une réussite, ça se fête ! a décrété Raymond… Comme il est un peu tôt pour déjeuner, je vais te montrer le quartier !… Tu auras toujours à y faire ! Nous allons rencontrer des gens du métier, ne te vexe pas si j’évite de te présenter, je préfère que Picot le fasse dans son bureau, cela fera plus officiel.
    Ce tour du quartier est bouclé rapidos. Tous les burlingues des négociants se tiennent dans le bas de la rue La Fayette, entre la Chaussée-d’Antin et la rue Cadet, avec quelques-uns rue de Châteaudun. Au passage, Raymond, bichant fort, me cite les négociants, par ordre décroissant d’importance : Léonard Rosenthal, le plus puissant… Lazare Drobny… les frères Citroën… Richard Fischoff… Mauser !… En cours de route, il tire des coups de chapeau ou serre la pince à des gonzes que nous croisons, toujours affable, et avec une aisance pour moi déconcertante. Notre baguenaude prend fin au Café des Diamantaires , dit plus couramment le Café , vaste troquet faisant l’angle des rues La Fayette et Buffault. Toutes les tables sont occupées et la dominante des gorgeons paraît être le café-crème ou le thé. Des gaziers debout vont, furtifs, de table en table, proposant des petits sachets qu’ils entrouvrent et dont le sollicité scrute le contenu, une loupe de corne noire rivée dans l’orbite. En dépit de la petite foule présente dans ce lieu clos, il y règne une ambiance feutrée de propos tenus à mi-voix, avec le maximum de discrétion, parfois, je peux l’observer, de bouche à oreille. Étant d’ouïe fine, je peux cependant constater que Raymond, question accents, n’a rien exagéré, et j’en surprends d’étranges par instants, d’inidentifiables. Ici, je le remarque, Raymond ne salue personne, ne serre aucune main. Il s’en explique, m’entraînant :
    — J’ai voulu te montrer l’endroit… pour te mettre en garde… d’ailleurs Picot ne manquera pas de le faire lui-même… Le Café déclasse !… t’y voir pourrait même porter atteinte au crédit de celui qui en t’employant se porte garant de toi !… Te sachant fricoter au Café parmi les « schnorers  [48]  », certains négociants hésiteraient à te confier de la marchandise ! Nous sommes dans le Grand Négoce, que diable !…
    J’assure Raymond de mon entière adhésion à ses vues, et nous fonçons au casse-graine.
    *
    C’est à la fois la réussite de son entremise en ma faveur et son imminent départ en vacances qu’entend fêter Raymond. Ses darons ont, pour le mois d’août, loué une villa à Deauville : il doit les y rejoindre.
    Deauville ?… Raymond, que rien ne surprend à l’accoutumée, en parle presque dévotieusement. Lisant l’incompréhension dans mon regard, il entreprend de m’éclairer. Selon lui, Deauville est la seule plage où l’on doive être vu au mois d’août !… L’endroit de France où se compte la plus forte concentration de millionnaires au mètre carré ! Son casino, la plus riche clientèle de flambeurs !… Soulignant ce point, il se frotte les paluches, mon Raymond, motivant sa réjouissance : le joueur décavé, c’est le pigeon idéal pour nous autres, du métier ! Les joyaux de sa compagne, légitime ou non, sont faciles à lui acheter, très en dessous de leur valeur. Sur ces bases, il décarre, le petit monstre, bien décidé à réaliser quelques affaires fructueuses. Il ne lui reste plus, en cet après-midi, pour parfaire ses préparatifs, qu’à passer chez le père Nadler, prendre livraison du smoking dont le port semble paraître obligatoire pour approcher, au bar du Casino, le joueur décavé venu se réconforter d’un cocktail. N’ayant, vu mon âge et compte tenu de ma mouise endémique, jamais passé le seuil d’un casino, j’ai peine à en imaginer le décor. Et puis d’autres pensées me sollicitent. Nous autres du métier ! Raymond a beau courtoisement m’inclure par cette formule aux élus de cette mirifique profession, je ne m’y vois pas encore intégré. Y a un os !… de taille !… Connement, c’est le mot juste, j’ai balancé en référence à l’aimable M. Picot le bureau de Sir John Craig Eaton !… précisé l’adresse et le numéro de téléphone que
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