Cheyenn

contre moi très fort, presque violemment, puis elle m’a repoussé avec douceur.
    La dernière image, la toute dernière image : Mauda a accepté de se laisser filmer, elle a accepté – elle a voulu, je crois – que la caméra donne enfin un visage, un corps, à sa voix qui fut off pendant toute la durée du film. Mais cette présence est muette, on la voit assise sur une chaise devant un mur nu, elle lit les derniers mots de son texte puis relève les yeux face à l’objectif. On voit son front dégagé, les traits délicats de son visage et son regard très droit derrière ses fines lunettes ovales. Quelques secondes plus tard, alors que le champ s’élargit peu à peu, on remarque l’attitude de sa main ouverte, paume sur le ventre. C’est une main ronde, une main qui semble se laisser aller, un geste qui pourrait être de lâcher prise mais aussi de protection, un geste que personne sauf moi ne peut comprendre. Monte alors un chant amérindien tandis que défile le générique de fin, une mélopée entre chant et cri, comme un relent de joie sauvage sous le glas du tambour.
    (2009-2010)