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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup
Autoren: Armand Cabasson
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l’artillerie au lieu de l’infanterie, ce qui était tout à fait inhabituel dans ce cas de figure. La cavalerie légère de Lasalle, celle lourde de Nansouty et celle de la Garde allaient charger les Autrichiens afin de les immobiliser. Le général Lauriston, qui commandait l’artillerie de la Garde, reçut pour mission de constituer une batterie géante. Il rassembla toutes les pièces d’artillerie qu’il put trouver – celles de la Garde, du prince Eugène et des Bavarois du général de Wrède – et commença à disposer cent douze canons sur une ligne de deux kilomètres, le long du nord-est du flanc gauche, en remplacement des troupes de Masséna qui allaient partir. En outre, Napoléon donna l’ordre de reprendre le village d’Aderklaa. La division Molitor, du 4 e corps de Masséna, parvint à s’en emparer. Mais il paraissait clair qu’elle ne le garderait pas, car les Autrichiens tenteraient tout pour récupérer cette position. Aderklaa devait tenir le plus longtemps possible afin d’occuper les troupes de Bellegarde et de Liechtenstein. En somme, ce village servirait de paratonnerre pour protéger les arrières du 4 e corps.
    La majorité du corps de Masséna se forma donc en colonne. Puis les officiers supérieurs ordonnèrent : « Colonne, tête gauche. » Cette formation colossale, lourde de vingt mille hommes, débuta sa marche vers le sud-ouest. Les simples soldats, qui ignoraient tout de la situation, étaient consternés.
    Margont était à la tête de sa compagnie, l’épée à la main.
    — Mais où va-t-on ? se demandait Saber à haute voix. Et si nous partons, qui constituera le nord du flanc gauche ?
    Dans les rangs, les fantassins se jetaient des regards effarés ou interpellaient les sous-officiers.
    — On bat en retraite, sergent ? demanda un conscrit à Lefine.
    — Tout va bien ! Tout se passe comme prévu ! assura celui-ci.
    Une batterie autrichienne tonna au sud, près du Danube.
    — Nous sommes encerclés ! hurla un fusilier.
    — Le petit Corse est battu ! surenchérit quelqu’un d’autre.
    À nouveau, l’ordre des compagnies s’altéra. Des fantassins accéléraient le pas, des lignes entières s’arcboutaient... Sergents et capitaines s’empressaient de rétablir la cohésion. La colonne géante de Masséna ressemblait à un château de cartes sur le point de s’effondrer.
    Margont foulait des champs de blé doré. Il dissimulait son inquiétude. Il y avait des Autrichiens massés dans son dos, tout le long de sa droite et face à lui, au sud-ouest. Il apercevait partout des colonnes ennemies pareilles à de gigantesques vers blancs qui rampaient vers eux dans la plaine pour les dévorer. L’aile droite autrichienne les surpassait largement en nombre et elle n’avait pratiquement pas combattu.
    — Ralentissez le pas, caporal Pelain ! s’exclama-t-il pour la cinquième fois, car sa compagnie avait tendance à rattraper celle qui la précédait.
    Des sifflements aériens lui répondirent et des explosions retentirent de tous les côtés. Un obus s’abattit au milieu de sa compagnie, projetant en l’air des corps disloqués. Les boulets, eux, fauchaient des rangées de soldats, boules noires qui faisaient éclater des quilles alignées... Les survivants, éclaboussés par les débris humains, traversaient les accumulations de fumée blanche en piétinant des corps mutilés. Des éclats incandescents allumaient des feux et ces foyers brûlaient vifs les blessés incapables de se déplacer. En dépit de ces visions insupportables, la formation devait à tout prix conserver son ordre, afin d’intimider les Autrichiens pour les tenir à distance. Margont, blême, criait :
    — Serrez les rangs ! Maintenez l’ordre ! Réalignez-vous !
    Des centaines d’autres voix répétaient les mêmes phrases tout le long de la colonne, en un écho sans fin haché par les explosions et les hurlements des blessés.
    La Grande Batterie n’était pas encore prête à soutenir le 4 e corps de Masséna. Les attelages filaient vers leurs positions ou les artilleurs s’activaient comme des fourmis autour de leurs pièces pour les préparer à tirer. Un canon tous les vingt pas, sur deux kilomètres. On n’avait jamais vu cela.
    Masséna décida de lancer sa cavalerie légère contre l’ennemi, afin de l’empêcher de se précipiter sur son flanc pour achever ses troupes massacrées par les boulets. Charger une armée adverse en ordre de bataille
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