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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup
Autoren: Armand Cabasson
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remplaçaient et qu’ils rejoignaient dans la mort, les uns après les autres, avant d’être remplacés à leur tour. La Grande Batterie reprit sa cadence de tir et les Autrichiens ne réalisèrent pas à quel point cette position se fragilisait sous leur pluie de boulets. Au sud-ouest, la situation virait au désastre. La pauvre division Boudet n’en finissait plus de se replier et se trouvait maintenant au niveau de Lobau. La marche du 6 e corps de Klenau paraissait irrésistible et les Autrichiens s’approchaient des ponts, la seule voie de retraite française.
    Face à ce danger, Napoléon dut se résoudre à modifier ses plans. Au lieu de conserver toutes ses troupes de réserve pour les envoyer ultérieurement contre le centre autrichien, il en préleva une partie importante – l’armée d’Italie du prince Eugène – qu’il décida de diriger vers le nord de son flanc gauche. Ce changement était lourd de conséquences. Il allait permettre de soutenir l’aile gauche. Mais tous les efforts français ne seraient plus concentrés sur un seul et même objectif : enfoncer le centre ennemi. L’éventuelle percée n’aurait donc pas les résultats dévastateurs espérés par l’Empereur.
    Le général Macdonald, qui servait sous les ordres du prince Eugène, se vit attribuer cette mission. Affichant ses convictions, il arborait son vieil uniforme de général de la République, ce que Napoléon n’appréciait guère. Il constitua un monumental carré humain d’un kilomètre de côté. Les survivants d’une grande partie de l’armée d’Italie, soit huit mille hommes, se serraient les uns les autres pour en composer les bords, tandis que Macdonald et son état-major se plaçaient au centre, dans l’espace dégagé. Ce carré se mit en mouvement au pas de marche en direction du 3 e corps de Kolowrat et du corps d’élite de Liechtenstein.
    Macdonald avait choisi cette formation inhabituelle pour se protéger de la cavalerie et parce que ses troupes comprenaient énormément de conscrits. Or ces derniers servaient depuis trop peu de temps pour être capables d’exécuter les manoeuvres de progression en ligne ou de changement de formation sous le feu. Cependant, cette disposition présentait des inconvénients. Elle cheminait lentement et, comme les soldats se trouvaient massés sur une zone restreinte, les tirs convergents des Autrichiens faisaient un carnage. Le carré géant avançait en fondant, laissant derrière lui un tapis de cadavres et de blessés. Il parvenait néanmoins à résister aux attaques des dragons de Schwarzenberg. Les quatre milles cuirassiers et carabiniers de Nansouty et la cavalerie de la Garde le soutenaient en lançant des charges répétées contre les flancs ennemis. Les cavaliers tombaient en pluie sous la mitraille et les balles avant d’être percutés par les cuirassiers de Hessen-Hombourg. Les chasseurs à cheval de la Garde pressaient l’infanterie ennemie qui tenait bon. Les chevau-légers polonais malmenèrent les uhlans de Schwarzenberg et s’emparèrent de leurs lances, s’improvisant lanciers, car il s’agissait de leur arme favorite. Une partie de la Grande Batterie aidait également Macdonald de ses tirs. Les Autrichiens finirent par reculer, mais poursuivirent le combat. Le carré géant de Macdonald cessa d’exister en moins d’une heure. Seuls mille cinq cents soldats en réchappèrent indemnes. Mais les Autrichiens, ébranlés et inquiets pour leur centre et leur flanc gauche, ne parvinrent pas à exploiter ce succès.
    Napoléon lança alors ses ultimes réserves – dont les Bavarois du général de Wrède, en grande tenue comme s’ils allaient défiler, la Jeune Garde et le 11 e corps de Marmont – contre le centre et le nord du flanc droit autrichien. Il ne conserva avec lui que deux régiments de sa Vieille Garde. L’archiduc Charles, en revanche, utilisait déjà la totalité de ses soldats disponibles.
    Après deux heures d’une marche entrecoupée de combats, la colonne de Masséna arrivait enfin face aux troupes du 6 e corps de Klenau.
    À cinq kilomètres de là, de l’autre côté du Danube, les Viennois assistaient à la bataille, perchés sur les toits des maisons, les clochers, les remparts et les collines avoisinantes. Des milliers de panaches de fumée noyaient la plaine et le plateau de Wagram et envahissaient le ciel. La moitié du monde semblait brûler. Mais ces spectateurs distinguaient les régiments de Klenau, plus
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