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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup
Autoren: Armand Cabasson
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n’avait jamais pu le rejoindre. Vidé de toute vigueur, il était demeuré à terre, ne parvenant plus à se relever : comment aurait-il pu, en plus, se hisser là-haut à la force des bras ? Relmyer avait compris qu’il ne réussirait pas à tirer son compagnon à l’extérieur. Les privations et les efforts l’avaient à ce point affaibli qu’il n’était même pas sûr, s’il retournait dans cette cave, de disposer des ressources nécessaires pour s’en extirper une seconde fois. Franz était donc resté là, allongé, épuisé, tandis que Relmyer lui tendait le bras depuis l’extérieur. Le souvenir était si vivace que le Relmyer d’aujourd’hui faillit réellement avancer la main vers ce mur, même si ses yeux lui indiquaient que personne ne s’y appuyait. Après tout, pourquoi les souvenirs seraient-ils plus mensongers que la vue ?
    Il avait laissé Franz, lui promettant de revenir avec des secours. Mais, lorsqu’il avait tenu parole, quelques heures après, son ami n’était plus là. Le cadavre de Franz avait été découvert le lendemain, dans un autre endroit de la forêt. Aujourd’hui, Relmyer était à nouveau de retour. Il n’avait pas retrouvé Franz, bien sûr, même s’il avait secrètement espéré que se produirait un miracle aussi absurde. Passé et présent, adolescence et âge adulte, dangers d’autrefois et menaces à venir : tout se mélangeait dans le creuset de cette cave délabrée. Lukas Relmyer s’accroupit face au mur et remua les lèvres plus qu’il ne parla.
    — Je vais retrouver celui qui nous a fait cela, Franz. Je te le promets. Je nous le promets.
    Derrière ces mots silencieux, sa détermination vibrait.
    Relmyer se releva. Juste avant de sortir, il prit dans sa poche un soldat en étain qu’il avait acheté à Vienne. Il plaça le jouet, un officier coiffé d’un tricorne, au centre de l’issue par laquelle il s’était enfui cinq ans auparavant. La figurine était petite, mais, avec l’inclinaison des rayons du soleil, son ombre s’étendait démesurément sur le sol, une épée menaçante brandie au-dessus de la tête.

 
    CHAPITRE II
    Pour les soldats français, ce 21 mai 1809 signifiait la fin du monde ou quelque chose s’en approchant. Napoléon était attaqué par cent mille Autrichiens, mais ne pouvait aligner que vingt-cinq mille combattants. Le reste de son armée – cinquante mille hommes – était bloqué sur la rive ouest du Danube ou sur l’île de Lobau, au milieu du fleuve, attendant de pouvoir traverser. Puisque les Autrichiens avaient détruit les ponts habituels, les pontonniers français avaient réalisé des ouvrages de fortune : le grand pont, long de sept cents mètres, qui reliait la rive ouest à la grande île de Lobau, et le petit, long de cent mètres, qui reliait Lobau à la rive est. Ils s’activaient maintenant à réparer ces ouvrages improvisés que l’ennemi sabotait sans cesse. En amont, les Autrichiens poussaient dans les flots des barges en flammes, des radeaux emplis de pierres, des troncs d’arbres et même des moulins. Régulièrement, ces projectiles, emportés par le courant grossi par la fonte des neiges, percutaient la pile d’un pont ou emportaient une partie du tablier. Les Français de la rive est étaient assaillis de toutes parts par des nuées d’Autrichiens. Le village d’Aspern constituait la gauche de l’armée française et celui d’Essling la droite. Entre les deux, des plaines où s’entremêlaient les cavaleries des deux camps.
    Vers six heures du soir, l’archiduc Charles, commandant en chef de l’armée autrichienne, ordonna que le village d’Aspern fût enlevé à n’importe quel prix. Il se rendit même en ce point du champ de bataille pour encourager personnellement ses soldats, quitte à s’exposer. Dans Aspern, pris par les Français, perdu et repris plusieurs fois de suite, bombardé et incendié, on vit à nouveau affluer les masses autrichiennes. Aspern était seulement défendu par la division Legrand. Or l’ennemi attaquait au nord et au nord-ouest avec les divisions Fresnel, Vogelsang, Ulm et Nostitz. À l’ouest et au sud-ouest, c’étaient les divisions Kottulinsky et Vincent qui donnaient l’assaut. Au sud, enfin, dans le Gemeinde Au, un bois touffu, la division Nordmann combattait dans la plus grande confusion les restes de la division Molitor, espérant prendre le village à revers. Quelques heures auparavant, l’archiduc Charles s’y était
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