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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
Autoren: Alain Decaux
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derrière elle sans être remarqué. À moins que l’un des policiers – l’un des bons amis de Ruby – n’ait cru « devoir faciliter » son accession au bureau de police, en reconnaissance de tous ces verres d’alcool dégustés depuis si longtemps, sans bourse délier, dans les cabarets de nuit de Jack. À moins que des personnes, jamais identifiées jusqu’ici, aient eu d’autres raisons d’ouvrir les voies au propriétaire du Carrousel .
    Le sous-sol de la prison grouille littéralement de policiers, de journalistes, de photographes, de cameramen des actualités filmées et télévisées. Difficilement, Ruby parvient à se glisser au premier rang. Tout à coup, un cri : «  Le voilà !  » Dans un tumulte multiplié, des projecteurs s’allument. Apparaissent Fritz, puis Oswald encadré par deux détectives et suivi par un troisième. L’un des témoins raconte que « presque toute la rangée de gens se poussa en avant quand Oswald commença à quitter le bureau de la prison… Tous les journalistes brandirent leur micro vers lui en posant des questions et, tous, ils élevaient au-dessus de lui, autour de lui, et en plein dans sa figure, leur lampe de flash ». Oswald est maintenant à environ trois mètres du bureau de la prison. Jack Ruby se faufile entre un journaliste et un détective. Tenant dans la main droite son colt, il s’élance. Il tire une balle – une seule – dans l’abdomen d’Oswald. Cette balle est mortelle.
     
    Ainsi s’achevait, dans une exception inouïe, la destinée banale de Lee Harvey Oswald.
     
    Quand, le 27 septembre 1964, la Commission Warren publie son Rapport , on en vend en quelques jours un million d’exemplaires. On ne cessera de le rééditer. Ses conclusions ne provoquent aucun étonnement. Elles se résument très simplement : Lee Harvey Oswald est l’assassin de Kennedy – et le seul. Du cinquième étage du Depository il a tiré trois balles qui ont atteint à la fois le président et le gouverneur Connally. Jack Ruby a délibérément tué Oswald.
    Puisqu’il n’a existé qu’un assassin, on ne saurait, selon la commission, envisager de complot. L’immense majorité des Américains a partagé cette opinion. Nul n’a discerné que Earl Warren, en présentant à la presse les conclusions de la commission, a paradoxalement ouvert les portes à la thèse d’une conspiration en déclarant que « de nombreux documents de l’enquête ne pourraient être rendus publics avant longtemps, pour des motifs de sécurité nationale . Pour des Français, cela veut dire : “raison d’État”  (160)  ».
    Les quasi-certitudes exposées dans le Rapport Warren voleront assez vite en éclats. Des enquêteurs parallèles – surtout journalistes – vont souligner ses incohérences. Ils découvriront de nombreux témoins « ignorés » par la commission. Dès 1966, Edward Epstein publie une analyse impressionnante soulignant la légèreté avec laquelle certaines propositions de la commission ont été soutenues. La même année, Mark Lane – qui avait exprimé ses premières critiques en décembre 1963 – va plus loin encore et plaide pour l’innocence d’Oswald. Comme lui, le journaliste français Léo Sauvage, qui a suivi sur place le développement de l’affaire, met en doute la culpabilité d’Oswald : « Il est logiquement insoutenable et moralement inadmissible d’affirmer que Lee Harvey Oswald était l’assassin du président. » Léo Sauvage a fort bien résumé ce point de vue :
    1° Oswald possédait une carabine italienne Mannlicher-Carcano, calibre 6,5. Mais il n’est pas sûr que le crime ait été commis effectivement avec cette arme. Il est troublant que la police ait d’abord déclaré que l’arme découverte dans le Depository était une Mauser.
    2° Il est peu probable qu’Oswald ait pu apporter son fusil démonté, au Depository , dans le paquet décrit par les témoins. Il est frappant que la dimension de ce paquet soit différemment décrite par les divers témoins. Il est invraisemblable qu’Oswald ait pu assembler le fusil avec le soin nécessaire, à temps pour l’attentat.
    3° Rien ne permet d’affirmer qu’Oswald se trouvait à la fenêtre d’où les coups de feu furent tirés ; on ne peut accorder aucune confiance aux témoins oculaires. Notamment, la vue basse de Brennan a été prouvée lors de la reconstitution de l’attentat. Et le témoignage de Brennan est à la base de toute
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