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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
Autoren: Alain Decaux
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Herzl, le premier congrès sioniste va se tenir à Bâle. Herzl fonde la Banque nationale juive, ainsi que le Fonds national juif pour l’achat de terrains en Palestine. À travers le monde, la communauté juive démontre sa solidarité – et sa générosité. Les premiers pionniers débarquent en Palestine. En 1917, le projet reçoit la caution officielle de la Grande-Bretagne. Arthur James Balfour, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, adresse à Lord Lionel Rothschild une lettre qui sera à juste titre considérée comme la charte d’un futur État juif. Balfour explique :
    — Notre pays ne peut que gagner à cette création. Si la Turquie est vaincue, comme nous l’espérons, nous aurons avec l’État juif un solide point d’appui au Proche-Orient et nous éviterons toute rivalité entre les puissances chrétiennes pour la protection des Lieux saints  (2) .
    Après la défaite annoncée de la Turquie, la Palestine est placée sous mandat britannique. L’afflux des Juifs s’accélère. Or, dans le pays, les Arabes sont en majorité. Ne pas les mécontenter devient, pour le pays mandataire, le souci dominant : la Grande-Bretagne tient essentiellement à garder sa position clé au Proche-Orient. En 1939, le gouvernement de Neville Chamberlain limite l’immigration juive en Palestine avec une telle rigueur que celle-ci tombe presque à rien. En 1942, alors que se déchaînent en Europe les conséquences de la « solution finale », un congrès sioniste tenu à New York réclame avec une force renouvelée la création d’un État juif en Palestine. Refus de Londres. En 1945, l’Allemagne nazie capitule. Le monde épouvanté découvre les camps d’extermination et le génocide. Éperdus, les rares Juifs survivants n’en regardent que davantage du côté de la Palestine.
    Le drame, c’est que la Grande-Bretagne ne veut pas prendre conscience du processus irréversible qui s’est engagé. Une unique pensée obsède le gouvernement de Sa Majesté : conserver la Palestine. D’où cette décision sans appel ni nuance : Une surveillance stricte sera exercée par la Royal Navy et la Royal Air Force. Tout navire tentant de pénétrer clandestinement dans les eaux palestiniennes sera pris en chasse, éventuellement abordé et saisi. Ses passagers seront envoyés à l’île Maurice ou internés dans des camps à Chypre, au Kenya ou au Soudan . Cette politique draconienne recueille aussi bien l’appui des travaillistes que celui des conservateurs. Convergence presque sans précédent.
    Face à un interdit aussi catégorique, les communautés juives vont très vite réagir. Dès avant la guerre, une organisation clandestine a vu le jour, la Haganah, dont a découlé, en 1937, un organisme d’immigration illégale, le Mossad. Parmi ses fondateurs, on trouve un certain Zeev Chind, surnommé Dany, lequel nous ramène tout droit à notre histoire. C’est lui qui, en 1946, à Baltimore (États-Unis), a acquis le navire dont on fera, l’année suivante, l’ Exodus .
     
    En 1946, Dany a trente-sept ans. Trapu et roux, il préside au destin de la Weston Trading Co qui, ayant son siège social à Baltimore, 24, Stone Street, s’est fait une spécialité du négoce de bateaux de rivière, vente et achat. En fait, il s’agit d’une couverture. Mr Dany n’a fondé la Weston Trading Co que dans le but de se procurer un ou plusieurs bateaux propres à conduire en Palestine, de façon illégale, le plus possible de Juifs rescapés des camps de concentration. Telle est la raison pour laquelle il a racheté un vieux rafiot : le Président Warfield . Georges Blond estime ajuste titre que le Président Warfield , presque aussi haut que large, avec ses 115 mètres de long, ses 1 800 tonneaux de jauge brute, ses quatre étages de superstructures démodées ressemblait assez étrangement à une baleine. Si l’on veut bien admettre qu’une baleine soit dotée d’une cheminée aussi mince que longue.
    Le Président Warfield a été construit dans le Delaware, en 1928, sur le modèle du premier bateau à vapeur du Mississippi. D’abord destiné à naviguer en rivière, on l’a plusieurs fois réaménagé. Quand, en 1942, son armateur l’a mis au service de la Grande-Bretagne, alliée des États-Unis, il comportait 171 cabines et 80 salles de bains, avec une capacité maximale de 530 passagers. Transformé en cargo mixte et traversant l’Atlantique en convoi, il a essuyé le feu de
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