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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
Autoren: Alain Decaux
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Dayan son instruction militaire, il achève la Seconde Guerre mondiale dans l’aviation britannique. Ce qui ne l’empêche pas, la paix revenue, de se muer en garde du corps du Dr Haïm Weizmann, président de l’Exécutif sioniste. Entré au service du Mossad, il assure le transport en Palestine de 3 300 Juifs embarqués en Yougoslavie. Il y a de la casse : trois morts et trente blessés. Capturé par les Anglais, Yossi est interné à Chypre. Évadé, il transporte clandestinement plusieurs tonnes d’armes en Palestine.
    Fin avril 1947, il « travaille » en Italie quand Saül Meyerhov, chef suprême du Mossad, l’appelle. On a besoin de lui. Accepte-t-il de devenir le responsable opérationnel d’un coup tordu ? Yossi n’est pas homme à hésiter. En preuve, il rejoint aussitôt Porto Venere où vient de s’ancrer le vénérable Président Warfield . Il prend tout en main. À la tête de trente charpentiers et d’une cinquantaine de manœuvres, il installe, entre chacun des quatre ponts, des rangs de couchettes superposées. Chacune est longue de 1,70 m, large de 70 cm et la hauteur d’une couchette à l’autre est de 60 cm. Il ne faudra donc pas que les futurs passagers s’avisent de s’asseoir, ni qu’ils soient trop grands – ou trop gros. En même temps, Yossi fait recouvrir la poupe d’un blindage et poser des barbelés le long des superstructures les plus basses. Plus étonnant : il installe, autour du navire, un tuyau percé de trous. L’idée vient de Ike dont c’est l’arme secrète. Le tuyau est en effet relié à la chaudière principale, de sorte que tout commando d’abordage serait dans l’instant ébouillanté. On n’oublie pas que la marine britannique s’est montrée jusque-là impitoyable à l’égard des passagers des embarcations qu’elle a arraisonnées.
    Car ils s’entêtent, ces Juifs. Leur rêve ne veut pas mourir. Depuis qu’on les a sauvés in extremis des chambres à gaz, on les baptise élégamment « personnes déplacées ». Au nombre de 250 000, on les héberge dans des camps, en Allemagne et ailleurs. Les vainqueurs les nourrissent et les abritent tant bien que mal, mais cela vaut mieux qu’Auschwitz. Plus les mois passent et moins ces survivants se résignent à rester dans leurs nouveaux camps. Ils seraient bien rentrés dans leur pays d’origine, mais on n’y veut plus d’eux. Dans un village de Pologne, les Juifs revenus – une poignée – ont été dénoncés par un enfant comme ayant pratiqué des crimes rituels. Du coup, la population s’est ruée sur les intrus, s’en est emparée, les a lapidés, mutilés, bâtonnés à mort. Trente-huit victimes.
    Au moment où les personnes déplacées touchent le fond du désespoir, des inconnus se présentent dans les camps au nom d’organisations sionistes :
    — Nous nous proposons de vous conduire en Palestine. Que ceux qui le souhaitent sachent que nous les prenons en charge.
     
    L’espoir s’est instillé dans les âmes. Chacun de ceux qui acceptent le choix offert reçoit une nouvelle identité, souvent une nouvelle nationalité. On fixe des rendez-vous, on propose des itinéraires. Tantôt les futurs immigrants voyageront en train, tantôt en camion.
    Probablement l’après-guerre n’a-t-il rien vu de comparable à l’opération qui a présidé au départ de 4 500 personnes ayant décidé d’atteindre le même but. D’autant plus que le voyage doit rester clandestin. Dès septembre 1946, le principal responsable, Venya Pomeranz, s’est mis en contact avec Saül Meyerov qui, installé rue Chabanais dans les locaux d’une « maison » célèbre fermée à l’initiative de Marthe Richard, y dirige le Mossad. Patiemment, il a tissé les fils, créé les conditions, suscité les moyens, noué des contacts avec des Français utiles : le directeur du Service des étrangers au ministère de l’Intérieur, Marcel Pagès, et l’un des membres les plus influents du parti socialiste, André Blumel. Les survivants attendent tout de la France, terre privilégiée de la liberté et des droits de l’homme.
    Comment va-t-elle répondre, la France ?
     
    L’été 1947. Le troisième de l’après-guerre : Vincent Auriol, premier président de la IV e République ; Paul Ramadier, premier président d’un gouvernement sans communistes ; la ration quotidienne à son plus bas niveau depuis l’Occupation ; le coût de la vie décuplé par rapport à 1939. Surtout, un record de
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