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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
Autoren: Alain Decaux
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sera conduit le lendemain à 8 heures dans le bassin intérieur du port de Sète qui présente cet avantage de pouvoir être clos par un pont mobile. Ce pont, on le fermera. Ainsi exclura-t-on toute tentative du bateau de prendre la mer sans autorisation.
    Peu après 21 h 30, Saül Meyerhov appelle de Paris Yossi Hamburger, resté à bord du Président Warfield. Le chef du Mossad se montre on ne peut plus clair : devant les pressions qui s’exercent, les meilleurs amis de la cause sioniste au gouvernement français deviennent impuissants. Inutile d’espérer de ce côté-là. Demain après-midi, Bidault ira chercher Bevin au Bourget. Alors, il sera trop tard. Conclusion de Meyerhov :
    — Il ne vous reste plus qu’à partir par vos propres moyens. C’est notre dernière chance.
    Vive réaction de Yossi :
    — Nous courons le risque d’échouer le bateau contre les digues de ce foutu port !
    Voilà qui n’impressionne pas Meyerhov. Il conseille d’acheter les services d’un pilote.
    — D’ailleurs, ajoute-t-il, c’est un ordre.
    Quand il raccroche, Yossi a compris qu’il était devenu maître à bord du Président Warfield . Seul maître après Dieu. C’est de lui que le commandant Ike recevra désormais ses instructions. La première se résume en quatre syllabes : appareiller. Ike ne songe pas à discuter. Il souligne seulement que l’on ne peut appareiller sans pilote. On en trouve un. Il demande deux millions qui lui seront versés en deux fois  (4) . Le premier lui est remis séance tenante, il touchera le second lorsqu’il reviendra, une heure plus tard, pour accomplir sa mission.
    Une heure passe. On attend le pilote. En vain. Apparemment, le premier million lui a suffi.
     
    11 juillet. 2 heures du matin. Les machines du Président Warfield ronflent, la coque vibre. Tout est prêt pour l’appareillage – et toujours pas de pilote !
    Les hommes du Président Warfield n’ont plus le choix. Même si l’on a neuf chances sur dix d’échouer – aux deux sens du mot – tant pis. Pour Yossi, l’heure du destin a sonné. Allons-y !
    On largue les amarres, le navire glisse dans le bassin. Soudain, il s’arrête. L’amarre s’est prise dans l’hélice ! Un scaphandrier plonge. Impossible de dégager l’hélice. Une seule solution : lancer les machines à fond. Ou bien l’hélice viendra à bout de l’amarre, ou bien l’amarre bloquera définitivement l’hélice. À 4 heures du matin, l’hélice gagne.
    Il faut maintenant manœuvrer dans le vieux bassin. On heurte un pilier de ciment, on éperonne une jetée. On avance dans le chenal en sondant avec des perches de bois. On s’échoue contre un banc de sable ! On s’en arrache en poussant les turbines à mort : au point où l’on en est, qu’importent les limites de sécurité !
    Ni Ike ni Yossi n’osent en croire leurs yeux : on est sorti du bassin. Devant le Président Warfield , le large. À bâbord, se présente, sur son remorqueur, le pilote du port. Il offre ses services. Goguenard, Ike fait signe que c’est trop tard.
    Le Président Warfield met le cap vers la pleine mer. Il est 6 h 30. Sur le pont, c’est le bonheur, une joie sans limite. On s’embrasse, on court dans tous les sens. Jusqu’à ce que quelqu’un aperçoive la silhouette d’un bateau blanc sur la ligne d’horizon. Il s’agit du destroyer britannique HMS Mermaid .
     
    Quand Arlette Guez se réveille, le Président Warfield navigue en haute mer. Rien que le grand large autour d’elle. Un appel du haut-parleur la saisit tout à coup : Sabbat shalom . Ce 11 juillet est un samedi.
    À bord, la vie commence à s’organiser. Nul ne sait où l’on débarquera. Des garçons du service d’ordre passent dans les coursives, ils demandent si quelqu’un a besoin d’aide. Mais les passagers du Président Warfield ne réclament rien. « D’autant plus, dira Arlette Guez, qu’ils ne pouvaient pratiquement pas bouger, tant ils étaient entassés. »
    Leur préoccupation essentielle concerne un sujet plus grave. Quand on a vu le Mermaid , on a tout de suite su qu’il s’agissait d’un contre-torpilleur de la Marine anglaise. Le dimanche on en aperçoit un second. Le lundi, deux autres encore : un destroyer et un croiseur léger. Parmi eux, le célèbre Ajax qui, en 1940, avait contraint le Graf von Spee , cuirassé allemand, à se saborder dans la baie du Rio de La Plata. « Une véritable armada. »
    À bord du Président Warfield ,
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