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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
Autoren: Jean Markale
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gravures que l’on découvre parfois sur les supports de certains monuments
mégalithiques, dolmens et allées couvertes, plus rarement sur les menhirs. Ce
fut une véritable illumination : ces hommes de la Préhistoire, qui n’avaient
laissé aucune trace écrite de leur pensée, avaient quand
même gravé des signes dans la pierre, et même si ces signes risquaient de
demeurer longtemps sans signification, je me croyais obligé de les repérer, de
les observer attentivement et de les remettre dans un contexte philosophique ou
métaphysique qui était celui de la Tradition occidentale. Je fus donc
littéralement envoûté : ces hommes du passé le plus obscur m’avaient
laissé un message, et même si je devais paraître – et être – prétentieux, il
était de mon devoir d’essayer de le décrypter.
    C’était l’époque où, fréquentant assidûment le groupe
surréaliste, j’avais assez d’enthousiasme et d’arguments pour intéresser André
Breton et ses amis à ma recherche des civilisations, et en particulier des arts,
qui avaient précédé la « paix romaine ». Les domaines archaïques, méconnus
ou suspects d’hérésie, avaient toujours passionné André Breton, ce grand poète
qui n’en était pas moins un curieux et un chercheur infatigable de « l’Or
du Temps ». Il s’était pris d’engouement pour mes premières transcriptions
des anciens bardes gallois et avait préfacé la première édition que j’en avais
donnée. Il hantait les antiquaires et les numismates à la recherche de la
moindre monnaie gauloise, considérant que l’art des Celtes s’était cristallisé
de manière très pure dans le monnayage des derniers temps de l’indépendance. Il
avait organisé, avec Lancelot Lengyel, le re-découvreur de l’art gaulois dans
les médailles, une mémorable exposition au Musée pédagogique de Paris sur l’Art
gaulois et ses prolongements, y compris, bien entendu, dans la peinture
surréaliste ou dite telle. Je n’évoque pas ici sans émotion mes rencontres avec
celui qu’on nommait le « Pape du Surréalisme », dans les rues de
Paris, devant la devanture d’un antiquaire, devant un musée ou à la
Bibliothèque nationale, ni les longs moments de délire où, dans son atelier de
la rue Blanche, mais qui donnait sur le boulevard, il me montrait avec un soin
presque religieux ses dernières acquisitions en matière d’art gaulois. Les
conversations avec André Breton, son contact si chaleureux, sa
prodigieuse culture, son sens aigu de l’art, sa connaissance intuitive des
êtres et des choses, tout cela fut essentiel pour moi dans ces années que je
qualifie volontiers de folles et qui ont formé mon regard aussi bien qu’elles
m’ont donné le goût de la recherche et le sens profond de l’authenticité.
    Je passais mes journées à la Bibliothèque nationale à
décrypter de vieux textes gallois que j’extirpais de revues dont les pages n’avaient
même pas été découpées. Et j’entremêlais mes pénétrations de la poésie bardique
d’ouvertures sur le monde infini que me révélait l’univers des tertres. Je
savais déjà que, certains soirs de l’année, ces tertres s’ouvraient au regard
de ceux qui savaient discerner la lumière noire prodigieuse et dorée qui
permet aux audacieux de se guider à travers les couloirs et les dédales vers
les plaines merveilleuses et magiques de l’éternel Été. Je dévorais des livres.
Je rêvais sur les graphismes qui s’y trouvaient enfouis, aussi bien ceux qui
provenaient d’Irlande et de Grande-Bretagne que ceux de mon Armorique
ancestrale. À l’île de Gavrinis, dans le golfe du Morbihan, dont le tumulus, aujourd’hui
restauré, contient les plus belles figurations dolméniques, correspondaient des
monuments comme New-Grange, le Sidh-na-Brugh des légendes irlandaises, dont les
spirales me hantaient, ou comme Bryn-Celli-Ddu, dans l’île de Môn, c’est-à-dire
Anglesey, ce tertre initiatique qui renferme d’étranges chemins gravés dans la
pierre. Je ne pouvais alors imaginer qu’un jour j’aurais une compagne du nom de
Môn. Môn, Ynys Môn, l’île des druides, là-bas, très loin, en
cette extrémité du Gwynedd (dont le nom est le même que celui du pays de Vannes, Gwened), à peine au large du Pays de Galles d’où provenaient une partie
de mes ancêtres. Décidément, même si les mégalithes n’ont pas été construits
par les druides, ils ont alimenté de façon indéniable la
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