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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front
Autoren: Sven Hassel
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glissaient toujours ; il sentit le mince revers du bas, et juste au-dessus, une profonde cicatrice.
    – Qu’est-ce que c’est ?
    – Un éclat de bombe, il y a deux ans.
    La blessure avait beaucoup saigné cette nuit-là. ^ Un matelot du commando des mines s’était hâté de poser un garrot avec le ruban de son béret, dont la mention « Marine de guerre » » se trouvait juste sur le dessus. Si la blessure avait été moins grave, elle en aurait ri, mais elle souffrait terriblement ; l’éclat touchait l’os. « Un millimètre de plus, et adieu la jambe ! » avait dit le chirurgien. Elle l’éleva pour la regarder.
    – J’ai de jolies jambes, n’est-ce pas ?
    – Oui, dit le lieutenant.
    Il la saisit, l’embrassa ; elle ouvrit la bouche et un long baiser les unit. Des doigts encore incertains remontèrent sa jupe tandis qu’elle se soulevait légèrement.
    – Il ne faut pas, murmura-t-elle les yeux fermés. Nous nous connaissons à peine !
    Mais elle se jeta contre lui, pressa sa bouche contre la sienne dans un baiser goulu, chuchota de pauvres mots. Il lui mordit la gorge, baisa le bout de ses seins offerts et laissa jouer ses doigts le long de ses épaules.
    Ils oublièrent tout en sombrant dans l’amour. Pour un instant, le maximum d’oubli et de vie, puisque demain il allait mourir. Elle pleurait, mais pourquoi ? Sans doute n’aurait-elle pas su le dire. Sur
    Robert en cendres au fond du fleuve, sur elle-même ? Une sirène se mit à hurler.
    Ils se redressèrent à moitié et écoutèrent passionnément le concert infernal qui soufflait sur la ville, puis ils retombèrent aux bras l’un de l’autre.
    – Ce sont les Anglais, dit-elle. Ils viennent toujours de jour. – On pouvait entendre les avions très haut. – Comment font-ils pour trouver Berlin par un temps pareil ?
    Les explosions commencèrent, faisant trembler les vitres.
    – On descend à la cave ? demanda le lieutenant.
    – Non, c’est horrible, humide et sale. Restons ici.
    Ils s’animèrent de nouveau et s’endormirent enlacés, épuisés. Le soir, à leur réveil, la pluie tombait toujours. Us burent, mangèrent, se remirent à faire l’amour ; tout à coup, ils se sentaient très jeunes. Et le lendemain arriva la sœur qui était employée de bureau à la S. D. (Sicherheit« Dienst : Service de sécurité). Son expression favorite était le mot de Cambronne qu’elle disait toutes les deux minutes. Le lieutenant en était excédé, une fille aussi jolie n’avait pas une bouche faite pour le mot de Cambronne.
    – Vous deux, vous ne vous êtes pas embêtés dans le noir, merde alors ! dit-elle en riant. Et si vous récoltiez un môme ? Eh ben merde ! – Elle se dirigea vers la cuisine et se mit à farfouiller dans les casseroles. – On est en train de mettre au point une nouvelle organisation, cria-t-elle en passant la tête à travers la porte. C’est un secret. Merde, quelle histoire ! Ils veulent pincer les derniers circoncis avec tout un régiment de S. D. qui arrive de Pologne et dé chez les Sudètes. L’un d’eux, un S. S., m’a coincée dans les toilettes. Il prend le service pour un bordel, ce qui, après tout, est assez vrai ! – Elle laissa tomber un œuf. – Merde ! cria-t-elle en donnant un coup de pied à la coquille.
    – Alice est un véritable cochon, dit la fille au lieutenant, mais elle est assez chic. On peut tout lui raconter, elle ne vous donne jamais. Elle a caché un juif ici, à côté, mais elle n’a pas voulu aider Robert parce qu’elle n’aime pas les déserteurs ; elle dit que ce sont des lâches.
    Le lieutenant eut un geste vague. Qu’est-ce qui était lâcheté ou non dans cette guerre ?
    – Pourrais-tu déserter ?
    – Qui est-ce qui a déserté ? cria Alice de la cuisine. – Elle n’attendit pas la réponse. – As-tu une serpillière ? Impossible de la trouver ! Merde, la voilà !
    – Je ne crois pas que j’oserais, répondit le lieutenant.
    – Ça doit être si épouvantable sur le front de l’Est. N’as-tu jamais peur ? demanda-t-elle en lui caressant la joue.
    – J’ai toujours peur, mais si on reste, on a une chance de s’en tirer. Au contraire, si on déserte et que l’on soit pincé, on n’en a aucune ; c’est le poteau à Senne ou à la Morellenschlucht.
    – On en fusille beaucoup ?
    – Un nombre invraisemblable.
    – Et quand repars-tu ?
    – Demain.
    Elle soupira et l’embrassa encore de ses
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