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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front
Autoren: Sven Hassel
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Il tituba. – Puis le tour des Polonais, et enfin il n’y aura de la place que pour nous, les Allemands ! En avant, camarades, vive les S. S. ! – Il claqua des talons leva le bras et hurla :
    – Heil ! Victoire !
    Tout le monde hurla en chœur, puis on entonna :
    … Judenblut soll spritzen…
    Le chant fut interrompu par une fille à moitié nue qui se sauvait en criant à travers les salons, poursuivie par un officier en manches de chemise avec de larges bretelles volant derrière lui. Un officier portant les insignes de général S. S. commanda d’une voix de stentor :
    – Attention… au plumard !
    Un tonnerre de joie souleva presque le toit de la villa. C’était le signal d’une folle ruée vers les dames. L’une d’elles, qui protestait, fut violée dans l’embrasure d’une fenêtre. Une autre marchait sur les mains, montrant une culotte plus qu’indiscrète en dentelle noire ; un officier y versa du bourgogne, tout. doucement, avec sentiment. L’Obersturm-fuhrer Stenthal approuva cette destination d’un bon, vin ; il avait été autrefois sommelier à Bonn, maintenant il était directeur des interrogatoires à la section de police de Buchenwald.
    Il enleva la culotte de la fille et se livra à quelques expériences pornographiques avec elle. Chacun se surpassait en inventions érotiques ; tous bramaient comme des cerfs en rut.
     LE lieutenant Ohlsen, assis à califourchon sur une chaise, était ivre. Devant lui, étendue par terre, une femme nue, qui n’avait gardé que de longs bas fixés par des jarretières à roses rouges, se pâmait aux bras d’un S. S. en caleçons longs, rapiécés grossièrement. Le lieutenant riait de ce maladroit ravaudage.
    – Supergermain en caleçons longs mal raccommodés ! – Il cracha et atteignit le derrière du S. S. juste sur le rapiéçage. – Tu es un cul, dit-il avec conviction. Demain j’irai à la Prinz Albrechtstrasse et je raconterai à ce chien du quatrième étage que connaît Heinrich, oui, je lui raconterai des tas de choses sur cette autre putain, ma femme. – Il se mit de nouveau à rire.
    Une blonde platinée vint s’asseoir sur ses. genoux et lui caressa les cheveux.
    – Tu peux bien m’appeler Lise, dit-elle.
    – Lise, dit le lieutenant en crachant de nouveau sur la pièce du caleçon.
    Ils restèrent un instant silencieux à regarder les contorsions des deux corps sur le parquet.
    – Elle aime bien ça, constata la blonde Lise.
    Une autre dame les rejoignit. Elle portait une robe dorée décolletée jusqu’aux hanches.
    – Tu as l’air si triste, dit-elle au lieutenant. Pourquoi ne – t’amuses-tu pas ? N’aimes-tu pas les femmes ?
    – Tu es une putain ? demanda le lieutenant.
    – Goujat !
    – C’est ce qu’il te faut, dit brutalement Ohlsen. – Il donna un coup de pied à la fille mais faillit tomber avec sa chaise ; il arriva cependant à saisir son verre posé par terre. C’était un hanap d’un litre et demi, plein de vodka et de cognac. Un lieutenant de police avait déclaré que ce mélange chassait le cafard.
    Un S. S. Hauptsturmführer parut, tirant une chaise derrière lui. Il n’avait qu’un œil, l’autre était masqué par un monocle noir qu’il perdait tout le temps, et on ne voyait plus alors qu’un trou rouge et humide. Il adorait montrer son trou ; on en perdait l’appétit.
    L’homme s’assit lourdement à côté du lieutenant et regarda autour de lui de son unique œil, noir comme jais.
    – Veux-tu venir au camp et jouer au couteau avec les traîtres à la patrie ? Il souffla et montra la blonde platinée : – Et toi, es-tu gentille, veux-tu faire l’amour ?
    – Pas avec toi, dit Lise, tu es un vrai cochon.
    Le S. S. se mit à rire et perdit son monocle qui roula vers les deux corps enlacés sur le sol. L’œil rouge luisait ; les filles frissonnèrent. Le lieutenant tirait sur son fume-cigarette et regardait avec indifférence le trou sanguinolent qui ne voulait pas guérir.
    – Tu es certainement un vrai petit tigre, dit le S. S. -à Use. Une panthère qu’il faut apprivoiser au fouet. – Son rire devint mauvais.
    – Pourquoi joues-tu comme ça de ton œil ? dit le lieutenant en buvant quelques gorgées de son hanap.
    – Il est fou, murmura la blonde platinée, complètement fou. On dit qu’il crucifie les gens dans son camp.
    Le lieutenant dévisagea le S. S. qui riait tandis que l’œil rouge donnait une impression de folie.
    Le S. S.
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