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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986
Autoren: Michèle Cotta
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communistes.
    Nous ne le rencontrons pas par hasard : il est communiste, fier de l'être. Il veut aujourd'hui (est-il ou non mandaté par le Parti ? je ne sais) trouver avec les journalistes « bourgeois » un nouveau ton, plus moderne, expliquer en quelque sorte les communistes français au moment où ils ont choisi de rompre l'union de la gauche et de changer de stratégie. Il nous explique avec patience, comme on le fait en classe aux élèves retardataires, l'état d'esprit réel de ces communistes sur lesquels nous écrivons sans relâche depuis déjà des années.
    Plusieurs causes, analyse-t-il, à la situation actuelle de la gauche, c'est-à-dire la rupture entre communistes et socialistes.
    D'abord, l'évolution qualitative et quantitative du Parti socialiste. Quantitative, c'est évident : le PC ne s'attendait pas à ce que, de sondages en élections partielles, le PS devienne le premier parti de la gauche. Les communistes dominent la gauche depuis la Libération, ils n'acceptent pas de gaîté de cœur de se voir distancer par la gauche non communiste. Qualitative, l'évolution du PS est plus dangereuse encore. Il nous le dit comme il le pense avec certitude : le PS est en train de se « droitiser ».
    La situation électorale du Parti communiste accentue les craintes de ses militants : car il ne le nie pas, le PC affronte de très graves difficultés auprès des électeurs. « Malgré tous nos efforts, constate-t-il, nous ne mordons pas. Il nous faudrait re-situer notre image, et nous ne parvenons pas à le faire, quelle que soit la stratégie suivie. En 1972-1973, nous n'avions aucun problème. En 1974, à la mort de Georges Pompidou, nous n'avons pas eu le temps de nous retourner, nous n'avons pas livré de combat. Nous avons continué dans la voie du rapprochement avec les socialistes. Comme nos dirigeants sont médiocres, cela a été mal fait ! »
    Il insiste enfin sur la crise économique, qui, à l'en croire, menace à court terme les pays occidentaux : « Aller au pouvoir pour gérer la crise, s'interroge-t-il, ce n'est pas la mission du Parti communiste. Pour gérer l'inflation, merci bien ! Aucun intérêt ! »
    Alors, que faire ? Au fond, il n'en sait pas plus que nous ! « L'union peut-elle encore se faire ? continue-t-il. Moi, je le souhaite, mais alors, il faut que les choses se fassent avant décembre. Est-ce probable ? Je ne le dirais pas. »

    1 er  octobre
    Michel Debré me raconte qu'il a profité des quelques heures que Chirac a passées à Menton pour le mettre en garde. « La mairie de Paris, lui a-t-il dit, la Corrèze, le RPR, vous ne pourrez pas tout faire. Quelque chose cassera, ou vous ou le RPR. Comme ce ne sera pas vous, je vous connais assez pour savoir cela, ce sera le RPR. »
    Il reproche à Chirac, et le lui a dit, d'être incapable d'organiser son mouvement sans créer des factions rivales et sans opposer des hommes, Yves Guéna et Jérôme Monod, par exemple. « En grande partie par faiblesse, par démagogie, m'explique-t-il, par ennui de dire non, ce qui crée des tensions aussi insurmontables qu'inutiles. »
    De Marie-France Garaud, il pense qu'elle est, pour Chirac, une collaboratrice épatante, une « formidable attachée parlementaire », insiste-t-il, mais qu'elle est tout à fait incapable de comprendre les grands courants politiques, courant gaulliste et courant communiste.
    Il me raconte comment il l'a rencontrée pour la première fois. C'était en avril 1967, le jour où Georges Pompidou, alors Premier ministre, a mis fin aux fonctions de Jean Foyer, ministre de la Justice 3 . Marie-France Garaud, chargée de mission à son cabinet, s'est retrouvée sur le sable. Par l'intermédiaire de son amie Françoise Duléry, alors au cabinet de Michel Debré, elle a immédiatement demandé rendez-vous à celui-ci. Michel Debré, redevenu ministre de Pompidou, la reçoit séance tenante. Il a devant lui une très jolie jeune femme au bord des larmes : Georges Pompidou, dit-elle, vient de lui demander de le rejoindre à Matignon. Michel Debré croit qu'elle veut refuser par fidélité politique à Jean Foyer, et qu'elle lui demande, à lui, ministre des Finances, d'expliquer son refus au Premier ministre. En fait, il comprend, après seulement quelques minutes de conversation, qu'elle veut accepter, au contraire, la proposition de Georges Pompidou et que c'est auprès de Jean Foyer qu'elle lui demande de l'excuser. « Il faut savoir ce
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