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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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le duc de Gandie !…
    César parcourut ainsi une enfilade de pièces et parvint enfin à une dernière porte. Il l’ouvrit lui-même… Le Tibre était là qui coulait dans la nuit. César souleva le corps et, d’une poussée violente, le lança dans le fleuve.
    Les témoins de cette scène s’étaient enfuis, blêmes d’horreur et d’effroi… Alors Lucrèce Borgia s’élança vers la portière de brocard, la souleva et pénétra dans une sorte de cabinet à peine éclairé.
    Là, un vieillard aux traits rudes et empreints d’une indéfinissable malice était assis dans une sorte de fauteuil. Ce vieillard avait tout entendu, tout vu !… C’était le père de François, duc de Gandie, le père de César, duc de Valentinois, le père de Lucrèce, duchesse de Bisaglia, c’était Rodrigue Borgia… C’était le pape Alexandre VI…
    – Êtes-vous content, mon père ? demanda Lucrèce.
    – Per bacco, ma fille, tu as été un peu loin… Ce pauvre François !… Enfin, je dirai moi-même une messe pour le repos de son âme !… C’est dommage, peccato !… C’était un bon diable, ce François… mais… mais le duc de Gandie gênait mes projets… Allons, adieu, ma fille… je te donne la bénédiction pontificale, que ce nouveau péché te soit entièrement remis…
    Lucrèce s’inclina. Le pape se leva, étendit la dextre. Lorsque Lucrèce Borgia se releva, son père avait disparu.

V – LES CAPRICES DE LUCRÈCE
 
    Lucrèce Borgia rentra dans la salle du festin et s’aperçut qu’elle était vide.
    – Les lâches, murmura-t-elle, ils ont fui… l’ivresse de l’épouvante a remplacé dans leurs veines l’ivresse de la volupté… Ah ! il n’y a pas d’hommes !… Mon père en fut un… mais c’est un vieillard… Pourquoi la nature m’a-t-elle donné ce sexe, à moi… à moi qui me sens d’appétit à dévorer un monde…
    Elle se renversa sur une pile de coussins, et s’étira.
    Une ombre se dressa près d’elle tout à coup. Elle tourna négligemment la tête.
    – C’est vous, mon frère ? dit-elle en tendant la main à César.
    Il venait de rentrer, et qui l’eût vu en ce moment n’eût jamais pu supposer que cet homme venait d’assassiner son frère. Il montrait un visage enjoué à sa sœur qui, de son côté, le regardait en souriant. C’était quelque chose d’effroyable que le double sourire de ce couple monstrueux.
    – Méchant ! fit Lucrèce, pourquoi avez-vous fait du mal à ce pauvre François ?… Vous étiez donc jaloux ?…
    – Ma foi, oui, Lucrèce… Il me déplaît que, devant mes amis, en quelque lieu que ce soit, en quelque circonstance qui se présente, je ne sois pas le premier…
    Lucrèce hocha la tête et demeura pensive.
    – Au fait, reprit-elle soudain, mais tu hérites, mon César… Cette mort t’enrichit, toi déjà si riche… et l’« accident » te fait duc de Gandie…
    – C’est vrai, petite sœur… mais tu auras ta part. Je te réserve un million de ducats d’or sur la succession… es-tu contente ?…
    – Mais oui, répondit Lucrèce avec un bâillement. J’avais justement envie de bâtir un temple…
    – Un temple ? s’écria César étonné.
    – Oui… un temple à Vénus… Je veux rétablir son culte dans Rome… Je veux que le temple s’élève entre Saint-Pierre et le Vatican… Et, tandis que notre père dira sa messe, au prochain jour de Pâques, en son temple chrétien, je veux, moi, dire la mienne en mon église païenne, et nous verrons qui des deux aura le plus de fidèles.
    – Lucrèce, s’écria César, tu es vraiment une femme admirable. Ton idée est sublime.
    – Moins que ton idée de t’emparer de l’Italie et d’en faire un seul royaume dont tu serais le roi, le maître absolu, mon César…
    – À nous deux, Lucrèce, lorsque j’aurai réalisé mon plan, à nous deux, nous dominerons le monde et nous le transformerons…
    À ce moment, un bruit de clameurs s’éleva près d’eux. Ils prêtèrent l’oreille. Le bruit venait des appartements du palais.
    Lucrèce jeta un manteau de soie sur ses épaules et, précédée de César, s’élança dans le vestibule aux statues, puis ouvrit la porte de bronze. Le frère et la sœur s’arrêtèrent sur le seuil.
    Une trentaine de domestiques hurlant, vociférant, tourbillonnant, se bousculant, se culbutant, entouraient ou essayaient d’entourer un homme, un étranger qui tenait tête à toute la meute enragée.
    – Quel est
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