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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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quittant le cabinet où elle s’était retirée, entrait dans la chambre du pape Alexandre VI et où l’abbé Angelo s’enfuyait, le vieux Borgia avait poussé un hurlement de désespoir. Rosa saisit la coupe empoisonnée et la porta à ses lèvres.
    – Tu mens, n’est-ce pas ? bégaya-t-il, ivre de terreur. Les coupes n’étaient pas empoisonnées.
    – C’est fini, Rodrigue… Ton agonie va commencer…
    – Mais toi aussi tu as bu dans la coupe d’argent… Tu mens !…
    – Tu te trompes, Rodrigue… je vais mourir aussi… Nos deux destinées sont indissolubles…
    – Tu mens ! Si j’étais empoisonné, je sentirais déjà le mal…
    Le vieux Borgia qui levait ses deux poings sur la Maga s’abattit tout à coup dans un fauteuil… Son visage se plaqua de taches rouges… ses lèvres devinrent violettes…
    – Oh ! bégaya-t-il, elle n’a pas menti ! Sauve-moi !… Lucrèce !… César !… À moi !…
    – Insensé ! éclata la Maga. Tu appelles César et Lucrèce… Sais-tu qui a expédié ici le prêtre chargé de t’empoisonner… ? C’est César !… Sais-tu qui a empoisonné la coupe ? C’est Lucrèce…
    – Tué par mes enfants !… Mais qui donc es-tu, toi qui es complice ?…
    – Ne cherche pas parmi tes victimes. Cherche plus loin dans tes souvenirs !… Va jusqu’à ta jeunesse ! Va jusqu’à l’Espagne… Va jusqu’à Jativa…
    Le pape darda sur la Maga des yeux pleins d’épouvante… Il jeta une clameur déchirante…
    – Oh ! cria-t-il d’une voix brisée, l’Espagne !… Jativa !… Je te reconnais !… Tu es Rosa.
    Il joignit les mains, se laissa glisser du fauteuil, tomba la face sur le parquet.
    – Tu es Rosa !… Tu es la mère de mes enfants ! Grâce, Rosa !…
    – Tu me demandes grâce !… Insensé ! Sais-tu ce que, par toi, j’ai souffert ?…
    – Grâce ! pitié ! répéta Rodrigue en frappant le parquet de son front.
    La voix s’affaiblissait. Le froid mortel avait gagné les mains et les bras.
    – Grâce ! Pitié ! gronda Rosa Vanozzo. Il ose prononcer ces mots !
    – Maudite !… Sois… maudite !
    – Meurs damné ! répondit funèbrement Rosa Vanozzo.
    Le vieux Borgia se raidit dans un spasme. Alexandre VI avait poussé son dernier soupir !…
    Pendant quelques secondes, Rosa Vanozzo le regarda fixement. Soudain, elle se dressa toute droite.
    Elle traversa une pièce, longea un couloir empli de fumée et se mit à descendre un escalier à demi embrasé, tandis qu’autour d’elle l’incendie grondait et ronflait. Elle sortit de la cour, gagna les rochers, descendit sur le rivage. S’aperçut-elle qu’elle entrait dans l’eau ?…
    Rosa Vanozzo marcha droit devant elle. La mer fut bientôt à la hauteur de ses épaules… elle marcha encore… Sa tête seule dépassait le niveau de l’eau… Au loin, sur la mer violemment éclairée par les reflets de l’incendie, ses yeux, dans un dernier regard, se fixèrent sur une goélette qui fuyait sous le vent… à l’arrière du navire, deux ombres étroitement enlacées… Ragastens et Primevère, ivres de joie et d’amour !… Ce fut la dernière vision de Rosa Vanozzo. Une vague la prit, la roula, l’entraîna…
    Et elle disparut à jamais !…

ÉPILOGUE – LES JARDINS DE MONTEFORTE
 
    Trois ans se sont écoulés. Une tiède soirée d’été. Nous sommes à Monteforte dans les vastes et magnifiques jardins du palais des Alma.
    Là se sont réunis, en cette fin de belle journée, les maîtres du palais antique, tandis que l’intendant général, maître Giacomo, surveille les serviteurs qui portent des rafraîchissements, et que le capitaine des gardes du palais, le signor Spadacape, appuyé sur sa lourde épée, contemple le tableau qu’il a sous les yeux.
    Sur un banc, Primevère et Rosita ont pris place. À dix pas du banc, Raphaël Sanzio, installé devant son chevalet, achève un tableau.
    Aux pieds de Primevère se roule un jeune enfant, âgé d’un an environ : il s’appelle Manfred, en souvenir du prince dont Primevère porta le nom ; c’est le fils de Ragastens et de Béatrix. L’enfant se traîne vers deux hommes assis un peu à l’écart et causant ensemble. Ces deux hommes sont le chevalier de Ragastens, comte Alma, seigneur de Monteforte et son ami Machiavel.
    Machiavel, rêveur, développe sa pensée.
    – Vous avez porté un coup terrible à la papauté… D’ailleurs, tout craque et se détraque dans le vieux
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