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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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voulût discuter avec lui, il se hâta de
poursuivre :
    « Vous pensez, je le sais, que je suis en
proie à quelque illusion. Peut-être le suis-je. Mais elle n'a rien
de morbide en tous cas ; c'est un acte de mon esprit dans son
état le plus sain, et raisonnant sur des faits très réels. Vous
vous rappelez que Mme Rudge a laissé son mobilier dans la
maison qu'elle occupait. Depuis son départ, cette maison a été
fermée par mes ordres, sauf une fois ou deux la semaine qu'une
vieille voisine y fait sa visite pour faire la chasse aux rats.
C'est là que je vais en ce moment.
    – Dans quel but ? demanda le
serrurier.
    – Pour y passer la nuit, répliqua-t-il,
et pas seulement cette nuit, mais bien d'autres. C'est un secret
que je vous confie en cas d'événement inattendu. Vous ne viendrez
me trouver que s'il y avait nécessité pressante ; depuis la
brune jusqu'au grand jour, je serai là. Emma, votre fille et les
autres, me supposent hors de Londres, comme je l'étais encore il
n'y a pas plus d'une heure. Ne les détrompez pas. Voilà la mission
à laquelle je me suis dévoué. Je sais que je peux me fier à vous,
et je compte que vous ne me questionnerez pas davantage, quant à
présent ! »
    Puis M. Haredale, comme pour changer de
sujet, ramena le serrurier confondu à la soirée du voleur de grand
chemin qu'il avait rencontré au Maypole, au vol commis sur
M. Édouard Chester, à la nouvelle apparition de cet homme chez
Mme Rudge, et à toutes les circonstances étranges qui avaient
encore eu lieu après. Il lui fit négligemment des questions sur la
taille de cet homme, sur sa figure, sur toute sa personne ; il
lui demanda s'il ressemblait à quelqu'un qu'il eût jamais vu… à
Hugh, par exemple, ou à quelque autre de sa connaissance… et il lui
fit beaucoup d'autres questions de ce genre, que le serrurier
considéra comme des sujets imaginés pour distraire son attention et
donner le change à son étonnement. Aussi y répondit-il un peu en
l'air.
    Enfin ils arrivèrent au coin de la rue où
était la maison. M. Haredale descendit et renvoya la voiture.
« Si vous voulez voir comme je suis bien logé, dit-il en se
retournant vers le serrurier avec un sombre sourire, vous le
pouvez. »
    Gabriel, pour qui toutes les merveilles
passées n'étaient rien en comparaison de celle-ci, le suivit en
silence le long de l'étroit trottoir. Ils atteignirent la
porte ; M. Haredale l'ouvrit doucement avec une clef
qu'il avait sur lui, et la referma lorsque Varden fut entré. Ils se
trouvèrent dans l'obscurité la plus complète.
    Ils parvinrent à tâtons dans la pièce du
rez-de-chaussée.
    Là, M. Haredale battit le briquet et
alluma une bougie de poche qu'il avait apportée à cette intention.
Ce fut alors qu'à la lumière qui l'éclairait en plein, le serrurier
vit pour la première fois combien il était hagard, pâle et
changé ; combien il était exténué, amaigri ; combien tout
son extérieur répondait parfaitement à tout ce qu'il avait dit de
si étrange durant leur course. C'était un mouvement assez naturel
chez Gabriel, après tout ce qu'il avait entendu, que d'observer
curieusement l'expression de ses yeux. Elle était pleine de calme
et de bon sens… au point, en vérité, que, se sentant honteux de ses
soupçons passagers, il baissa ses propres yeux lorsque
M. Haredale regarda vers lui, de crainte qu'ils ne trahissent
sa pensée.
    « Voulez-vous parcourir la maison ?
dit M. Haredale en jetant un coup d'œil sur la fenêtre, dont
les volets peu solides étaient fermés et assujettis. Parlez
bas. »
    Il eût été difficile de parler autrement, tant
ce lieu inspirait de terreur. Gabriel chuchota :
« Oui, » et suivit en haut M. Haredale.
    Chaque chose était précisément comme ils
l'avaient vue la dernière fois ; il y régnait une odeur de
renfermé provenant de ce que l'air frais n'y pénétrait jamais, et
une obscurité pesante, comme si un long emprisonnement eût rendu le
silence lui-même plus lugubre encore. Les grossières tentures des
lits et des fenêtres avaient commencé à tomber de vétusté ; la
poussière gisait épaisse sur leurs plis en lambeaux ;
l'humidité s'était fait un passage à travers le plafond, les murs
et le plancher. Le parquet craquait sous leurs pieds, comme s'il se
révoltait contre les pas inaccoutumés de quelques intrus ;
d'agiles araignées, paralysées par l'éclat de la bougie,
suspendaient le mouvement de leurs cent
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