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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge
Autoren: Charles Dickens
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vraie cheminée par laquelle les souscripteurs
volontaires faisaient couler leur argent, leur or, ou leurs sous,
dans la salle à manger ; et sur la porte, l'imitation d'une
plaque de cuivre où se lisaient très bien ces deux mots :
Association Protestante ; et en la regardant, elle déclara que
c'était pour elle une source de poignante affliction de penser que
jamais Varden n'avait, de tout son avoir, fait couler la moindre
chose dans ce temple, sauf une fois, en secret, comme elle l'avait
découvert plus tard, deux fragments de pipe, profanation dont elle
souhaitait qu'on ne le rendît pas responsable, au jour du règlement
des comptes. Elle remarqua ensuite, elle était peinée de le dire,
que Dolly ne se montrait guère moins retardataire dans ses
contributions, aimant mieux à ce qu'il semblait, acheter des rubans
et de semblables babioles, qu'encourager la grande cause, soumise
alors à de si accablantes tribulations. Elle la suppliait donc (car
pour son père, elle craignait bien qu'il ne fût incorrigible), elle
la suppliait de ne point mépriser, mais d'imiter au contraire le
brillant exemple de Miggs, qui jetait ses gages pour ainsi dire à
la figure du pape, au risque de lui casser le nez avec son
trimestre.
    « Oh ! mame, dit Miggs, ne parlez
pas de ça. Je n'ai pas l’intention, mame, que personne le sache.
Des sacrifices comme ceux que je puis faire sont le denier de la
veuve. C’est tout ce que j’ai, cria Miggs en fondant en larmes, car
chez elle les larmes ne venaient jamais par degrés, mais j'en suis
récompensée d'une autre manière, j'en suis bien
récompensée. »
    C'était complètement vrai, quoique peut-être
pas tout à fait de la manière que Miggs voulait le dire. Comme elle
ne manquait jamais de consommer ses sacrifices généreux sous les
yeux et dans la tirelire de Mme Varden, cela lui valait de si
nombreux cadeaux de bonnets, de robes et autres articles de
toilette, que, au total, la maison en briques rouges était sans
doute le meilleur placement qu'elle pût trouver pour son petit
capital, cette maison lui rendant un intérêt de sept ou de huit
pour cent en argent, et de cinquante au moins en réputation
personnelle et en estime.
    « Vous n'avez pas besoin de pleurer,
Miggs, dit Mme Varden elle-même en larmes. Vous n'avez pas
besoin d'en être toute honteuse, quoique vous ayez en cela le
malheur de faire comme votre pauvre maîtresse. »
    Miggs, à cette remarque, hurla d'une façon
particulièrement lugubre, en disant qu'elle savait bien que maître
Varden la haïssait, que c'était une terrible chose que de vivre en
condition, pour être entre l'enclume et le marteau, sans pouvoir
plaire à tout le monde, que c'était une chose dont elle ne pouvait
supporter la pensée, que de semer la zizanie, et que ses sentiments
lui défendaient de jouer ce rôle plus longtemps, que si c'était le
désir du bourgeois de se séparer d'elle, il valait mieux se séparer
tout de suite, qu’elle ne souhaitait qu'une chose, c'était qu'il en
fût plus heureux ; car elle ne lui voulait que du bien, et ne
demandait pas mieux qu'il trouvât quelqu'un qui pût convenir à son
caractère. Ce serait une dure épreuve, continua-t-elle, de se
séparer d'une si bonne maîtresse ; mais elle était capable
d'accepter n'importe quelle souffrance quand sa conscience lui
disait qu'elle était dans le droit chemin, et c'était là ce qui lui
donnait le courage de se résigner à son sort. Elle ne pensait pas,
ajouta-t-elle, qu'elle survécût longtemps à ces séparations ;
mais puisqu'on la haïssait et qu'on ne la voyait qu'avec déplaisir,
peut-être sa mort, et aussi prompte que possible, était-elle ce
qu'il y avait de mieux à souhaiter pour tout le monde. Arrivée à
cette navrante conclusion, Mlle Miggs répandit encore des
larmes, et sanglota comme une Madeleine.
    « Pouvez-vous supporter cela,
Varden ? dit sa femme d'une voix solennelle, en posant son
couteau et sa fourchette.
    – Ma foi ! pas trop bien, ma chère,
répliqua le serrurier ; mais je fais tout ce que je peux pour
garder mon sang-froid.
    – Qu'il n'y ait pas de mots à mon sujet,
mame, soupira Miggs. Mieux vaut que nous nous séparions. Je ne
voudrais pas rester… oh ! miséricorde divine !… et causer
des divisions. Non, pas même pour une mine d'or par an, ou pour une
rente de thé sucré. »
    De crainte que le lecteur ne soit en peine de
découvrir le motif de la profonde émotion de Mlle Miggs,
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