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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres
Autoren: Gitta Sereny
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Brésil. » Frau Stangl a commencé par me dire qu’elle ne voyait pas à quoi se référait son mari. Plus tard elle ajoute : « Oh ! ça devait être parce que Wagner a fréquenté quelque temps une fille qui s’est mariée ensuite à Goiania » [où habite Stan Szmajzner]. Mais en fait il semble que Wagner n’ait jamais habité Goiania, alors qu’il a vécu longtemps à trente kilomètres des Stangl à São Paulo.
    Frau Stangl a montré quelque réticence à parler de Wagner. C’est dû je crois surtout (bien que j’aie eu une autre impression au début) au fait qu’il lui était antipathique et qu’elle ne voulait pas être associée dans mon esprit à un personnage de cette espèce – aux dires de tout le monde un sale individu. Elle a fini cependant par admettre qu’ils l’avaient assez bien connu et qu’il avait l’habitude de venir les voir à l’improviste.
    « Mais je n’aimais pas voir Paul le fréquenter, a-t-elle ajouté. C’est un homme vulgaire – nous n’avons rien de commun avec lui. »
    Gustav Wagner était évidemment d’un autre avis. « Il est venu me voir après l’expulsion de Paul, dit-elle. Il avait besoin d’argent ; il disait qu’il était à la côte, est-ce que je pouvais lui prêter de l’argent pour enterrer sa femme qui venait de mourir ? J’ai dit que je n’avais pas d’argent moi-même pour pouvoir en prêter. Il m’a dit : “Pourquoi ne nous mettrions-nous pas en ménage, moi je n’ai plus personne, et quant à Franz, de toute façon, on lui réglera son compte là-bas et vous serez seule aussi. “ » Frau Stangl a dit qu’outragée, elle l’a jeté dehors et que depuis elle ne l’avait plus revu mais elle lui a tout de même prêté de l’argent qu’il ne lui a jamais rendu, m’a-t-elle écrit plus tard.
    Au procès de Stangl, on l’a questionnée sur Gustav Wagner, elle a répondu qu’elle avait entendu dire qu’il était parti en Uruguay. Dans une lettre qu’elle m’a écrite ultérieurement, elle présente les choses un peu autrement. « Il m’a fait part de son intention d’émigrer en Uruguay. » Elle avait entendu dire, à l’automne de 1971, peu de temps avant mon voyage à São Paulo, qu’une femme avait aperçu Wagner à São Bernardo : « Il avait l’air d’un mendiant avec des vêtements et des souliers troués. »
    « Pendant trois ans je n’ai pas vu Paul. Il m’écrivait toutes les semaines. Il ne nous restait plus que l’espoir. Je continuais à croire qu’il n’avait pas été kommandant  ; avec moi, il l’a nié jusqu’à la fin. Je sais qu’il l’a admis devant vous – mais jamais devant moi. À moi il ne parlait jamais que de l’or, des travaux de construction et de Wirth – et cela chaque fois, sans aucune exception – même à Brasilia.
    « Le 8 mai 1968, j’ai reçu une convocation pour aller témoigner à son procès et j’ai pris l’avion le 12 ; j’étais prête car je m’y attendais.
    « Je suis allée voir Paul à la prison de Duisbourg où il se trouvait. J’étais avec son avocat, Herr Enders. Je l’ai trouvé énormément changé, déprimé, terriblement renfermé.
    « J’ai témoigné le 2 mai. Je n’ai pas assisté au procès parce que Paul ne voulait pas ; il avait peur que l’on s’en prenne à moi, disait-il, ou que les gens – le public – ne me disent des choses désagréables. Je n’ai été que trois fois aux audiences : quand j’ai témoigné, quand Szmajzner a témoigné, et le jour du verdict. Les autres jours, je n’ai pas assisté, mais je suis allée au palais de justice tous les jours et je suis restée assise dehors, rien que pour être près de lui. Je le lui ai dit, afin qu’il sache tout du long, que j’étais là, de l’autre côté de la porte et que je pensais à lui. J’étais ou bien là ou à l’église.
    « À mon arrivée à Düsseldorf, on m’avait retenu une place dans une sorte de foyer, mais c’était horriblement déprimant – non, personne n’était désagréable avec moi, ce n’est pas ça. Personne ne l’a jamais été. C’était simplement le genre d’endroit que je ne pouvais pas supporter. Mais alors je suis allée loger dans la maison d’une femme merveilleusement gentille, et c’est ce qui m’a permis de conserver mon équilibre. Le soir nous parlions, elle est devenue pour moi une amie. » Dans un autre entretien, Frau Stangl a dit aussi qu’elle était allée dans les musées et au
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