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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine
Autoren: Alain-Gilles Minella
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déroule en deux temps et dans deux endroits distincts : Poitiers et Limoges. Premier temps, Poitiers, dans la basilique Saint-Hilaire dont le duc est traditionnellement l’abbé en titre. Richard, assis sur le siège abbatial, reçoit des mains de l’archevêque de Bordeaux et de l’évêque de Poitiers la lance et la bannière, signes de son investiture. Les voûtes de la basilique résonnent alors de l’hymne O princeps egregie, composé à Saint-Martial de Limoges. Cette investiture ne peut être complète avant que Richard ait reçu, à Limoges, l’anneau de sainte Valérie. Fille unique et héritière du duc Léocadius d’Aquitaine, convertie au catholicisme par Martial, elle avait été décapitée au IIIe siècle pour avoir refusé un prestigieux mariage alors qu’elle était officiellement fiancée. L’anneau de la sainte symbolise, selon la tradition, l’Aquitaine et, passé au doigt du duc, le mariage mystique de l’homme avec sa terre. À la porte de la cathédrale Saint-Étienne de Limoges l’évêque de la ville tend à Richard l’eau bénite en guise de salutation et l’habille d’une tunique de soie. Puis il lui passe au doigt l’anneau de sainte Valérie. Il pose ensuite sur la tête du duc un cercle d’or et lui remet un étendard. Après quoi, ils entrent dans la cathédrale et vont se placer dans le chœur où Richard est investi de l’épée et des éperons. Il jure alors de protéger l’église de Limoges avant que la messe ne commence. À la fin de cette messe il dépose sur l’autel les ducalia – c’est-à-dire les insignes de son pouvoir : éperons, épée, étendard – reçus pendant la cérémonie.
    Aliénor a veillé au moindre détail de cette cérémonie. Elle est son œuvre. La manifestation absolue de sa volonté de transmettre son duché, la terre de ses ancêtres, au fils qu’elle a choisi. Il s’agit d’un acte politique où la reine affirme son indépendance et son autorité personnelle.
    Au cours des années 1171 et 1172, Henri est absent de la scène politique aquitaine. Il a passé une partie de l’année 1172 à préparer minutieusement son expédition irlandaise qui a commencé en octobre. Le roi a débarqué avec quatre mille chevaliers anglais, normands et gallois, dans une île en proie à des affrontements politiques entre clans. La situation n’est pas une surprise pour Henri qui suit la politique irlandaise de près depuis plusieurs années. Il a lancé cette opération en raison de ses problèmes avec la papauté mais aussi parce qu’il sait que l’Irlande est un fruit mûr qu’il peut cueillir sans grande difficulté. Le moment était doublement idéal. Une grande partie de la population, toutes classes confondues, attendait un pouvoir fort qui assure la paix sociale. Très rapidement les princes irlandais font leur soumission à Henri et les hauts dignitaires de l’Église accueillent avec soulagement ce monarque qui va les aider à remettre de l’ordre dans un clergé à l’image du reste du pays. Au cours de l’hiver un concile, réunissant la plupart des barons et des évêques, reconnaît Henri Plantagenêt pour souverain. Pour un homme qui par ailleurs est frappé d’interdit personnel, le coup est remarquable ! En avril 1172, le roi peut rentrer en Angleterre. Devenu le bras séculier du Saint-Siège en Irlande, il a maintenant quelques cartes en main pour négocier avec le pape.
    Henri ne s’attarde pas plus d’une quinzaine de jours dans son royaume. Dès la mi-mai il est en Normandie, à Avranches, où il rencontre les légats du pape. On parvient à un accord. Le 19 mai, devant une foule de clercs, Henri jure, la main sur les Évangiles : « Je n’ai jamais commandé, ni désiré la mort de l’archevêque, et lorsque j’ai appris la nouvelle, je ne m’en suis pas réjoui : j’ai pleuré. J’en ai ressenti plus de douleur que si j’avais perdu mon père et ma mère. Je promets d’ailleurs d’accomplir sans rechigner la peine que m’imposeront les cardinaux. » Après quoi les légats le condamnent entre autres à abroger certaines clauses des Constitutions de Clarendon, à rétablir l’archevêché de Canterbury dans la totalité de ses biens et de ses prérogatives, à entretenir deux cents chevaliers en Terre sainte, etc. Ensuite, sous le regard de son fils Henri le Jeune, le roi d’Angleterre se présente à genoux devant les portes de la cathédrale d’Avranches, où il est officiellement
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