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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha
Autoren: Marek Halter
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Qu’on m’autorise à y bâtir une maison, car maintenant que les califes gisent sous ma couche je ne peux plus rêver de mon époux.
    Le nouveau calife, ’Othmân, y consentit. C’est lui qui, après douze années de grandes disputes, fut désigné pour prendre la succession d’Omar.
    Cette fois, Ali quitta sa maison, son jardin et ses dattiers. Il parcourut la terre d’Allah avec ses fils, Hassan et Hossayn. Partout il gémit qu’‘Othmân et ses alliés avaient détourné la désignation afin de l’empêcher de devenir calife.
    Aïcha fit venir le fidèle Talha ibn Ubayd Allah devant elle.
    — Va voir Ali, lui recommanda-t-elle. Dis-lui que je comprends sa colère, mais qu’il ne peut insulter le vicaire d’Allah comme il le fait. L’Envoyé nous a dit : « Ne vois-tu pas qu’Allah est au courant de ce qui se passe dans les cieux et sur terre ? Il n’y a pas une décision prise à trois sans qu’il en soit le quatrième [37] . » ’Othmân ne peut être le prince des Croyants sans la volonté de Dieu ni hors de Son jugement. À parler comme il le fait, Ali finira par briser la maison construite par le Prophète. Qu’il prenne patience. Le Clément et Miséricordieux est au courant de la gloire qui l’attend.

7.
    Ô Zama’a, toi qui écris, s’il en est un en qui Aïcha avait confiance par-dessus tout pour tenir de telles paroles devant Ali, c’était ton père, Talha.
    Il alla donc voir Ali et lui transmit le message.
    Ali rit en l’écoutant. Mais le rire ne monta pas jusqu’à ses yeux.
    — Tu diras à la Mère des Croyants que je la remercie de ses conseils. Ils ne me surprennent pas. Elle s’est toujours souciée de ma patience. Mais ’Othmân est une insulte faite à Allah. Il n’est pas à la hauteur de sa tâche. Il vit comme un Mekkois d’avant la parole de l’Envoyé. Il se vautre dans le luxe. Il ne se soucie pas des pays d’Allah, mais seulement d’enrichir sa maison. Dieu attend de nous réparation.
    La réponse d’Ali emplit Aïcha de fureur.
    — C’est décidé ? Ali est prêt à prendre la tête de la révolte, même si celle-ci apporte la fitna ?
    Hafsa et moi, Omm Salama, lui dîmes :
    — Ô Aïcha, apaise-toi ! Ne te mêle pas de la jalousie des hommes qui veulent gravir les marches du pouvoir. Ils se conduisent comme des enfants. Ils ne t’écouteront pas et te souilleront d’insultes.
    Elle répondit :
    — Ô Omm Salama, est-ce toi qui me conseilles de me taire ? Veux-tu que je me comporte comme si je n’étais qu’une moitié d’humain devant Allah ? N’est-ce pas assez qu’il nous soit interdit de désigner le calife, comme les hommes ? Nous faudrait-il également subir leur vanité, qui détruit tout de notre monde ?
    À Talha ibn Ubayd Allah, elle dit cependant :
    — Ali juge bien sur une chose : ‘Othmân n’est pas à la hauteur de sa tâche. Il est même une honte dans la maison d’Allah. Tu connais son clan. Trouve une place près de lui pour redresser ses fautes, car sinon Ali ne mettra pas longtemps à mener la révolte des Croyants contre lui.
    Talha obéit, mais ’Othmân était trop borné pour l’écouter. Tout son temps, il le passait à jeûner, à prier et à emplir les coffres des siens.
     
    Aïcha avait vu juste. Le malheur arriva comme elle l’avait prédit.
    Et Allah voulut qu’elle en soit une partie.
     
    Ô Zama’a, ma fille, Allah te protège !
    Voilà ce qui restera devant nos yeux :
    La terre d’Allah gronda et se révolta contre ‘Othmân. Des mains se levèrent contre lui et il mourut transpercé par une dague. Comment en être surprise ?
    Ali fut enfin élu. Comment en être surprise ?
    Mais il ne vengea pas ’Othmân. Comment en être surprise ?
    C’est alors qu’Aïcha commit la faute.
    Sans écouter quiconque, elle déclara :
    — La mort d’‘Othmân, vicaire de Dieu, est un blasphème ! La terre des Croyants demeurera impure tant que le sang des assassins ne l’aura pas purifiée. C’est le devoir d’Ali, quatrième calife. Si Ali ne châtie pas, moi je châtierai Ali !
    Hafsa intervint. J’intervins. Nous lui dîmes :
    — Aïcha, rappelle-toi les paroles de notre époux : « Ô Croyants, ne vous lancez pas les uns contre les autres comme des pierres. De vous, il ne restera que de la poussière de démons lapidés. L’ordre d’Allah s’érige malgré vous [38]  !»
    Aïcha ne nous écouta pas. Elle exigea que Talha ibn Ubayd Allah et Zubayr ibn al Awam
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