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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha
Autoren: Marek Halter
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informé.
    Alors je suis sans crainte.
    Je peux parler et toi écrire, ô Zama’a, fille de Talha ibn Ubayd Allah.
     
    Pourquoi Aïcha ne voulut plus rien voir du jour, je le sais.
    Pourquoi elle ne voulut pas que tu allumes un feu derrière sa dépouille, je le sais.
    Pourquoi elle refusa le tissu rouge sous son linceul, je le sais.
    Moi, Omm Salama, Mère des Croyants, je dis : Aïcha a fauté. Sa faute l’a aveuglée. Sa faute l’a brûlée. Sa faute a vidé son coeur.
    Pourtant il n’est pas une épouse de l’Envoyé qui fut plus accomplie.
    Elle porta la paix entre nous, les épouses, quand j’y portai l’amertume et la jalousie.
    Elle porta la patience, quand je portai la colère.
    Elle porta la constance, quand je portai la lassitude.
     
    Du haut de l’escalier de la mosquée, notre époux avait annoncé : « Vous n’êtes pas des épouses ordinaires. Vous êtes le coeur qui bat dans la maison de l’Apôtre. Que la crainte de Dieu descende sur vous ! Qu’elle ennoblisse vos pensées. Mes épouses sans souillures ni dissensions, vous n’êtes pas communes. Le devoir pèse sur vous et vos paroles jusqu’au jugement de Celui qui sait tout [36]  !
     
    Aïcha Mère des Croyants fut aussi parfaite que le souhaitait notre époux.
    Pourtant, elle a fauté, et sa faute s’est accomplie dans la volonté de Dieu tout-puissant, Seigneur des mondes qui peut tout et sait tout.
    Pourquoi, ô Zama’a ?
    Pourquoi le Clément et Miséricordieux rejette-t-Il les fautes sur nous ?
    Pourquoi laisse-t-Il la semence du mal courir dans les coeurs qu’Il conduit ?
    Pourquoi en charge-t-Il les épaules et les nuques jusqu’à ce qu’elles se brisent ?
    À quoi cela sert-il ?
    Miséricorde pour nous !
    Clémence pour nous !

6.
    Zama’a, ma fille, écris.
    Omm Salama, Mère des Croyants, déclare qu’après la mort du Prophète, du nord au sud, d’est en ouest, les faibles et les douteurs ont répandu l’apostasie sur la terre d’Allah.
    Devenu vicaire de Dieu, Abu Bakr courut contre la rébellion. Il leva les armes, châtia et pardonna.
    De tout ce temps, nous, les épouses Mères des Croyants, nous demeurâmes recluses derrière les tentures du hidjab dans la maison de l’Envoyé. Nous nous tûmes et nous n’exigeâmes rien.
    Chaque nuit Aïcha dormait au-dessus du corps de notre époux.
    Quand ils étaient à Madina, son père Abu Bakr, Ali, Omar, ’Othmân, Talha, et quantité d’autres… aucun ne laissait passer un jour sans venir s’incliner sur le seuil de sa chambre et pleurer en voyant sa couche. On disait : « La chambre d’Aïcha Mère des Croyants est aussi sacrée que la Ka’bâ de Mekka !»
     
    Mais Allah voulut que le temps de calife d’Abu Bakr ne dure qu’un clin d’oeil. Il l’appela devant le jugement éternel deux années seulement après l’avoir fait monter sur l’escalier de la mosquée du Prophète.
    Quand il devina la douleur de la mort dans son corps, Abu Bakr annonça :
    — Je veux choisir mon successeur.
    Les hommes en discutèrent. Il fut question d’Ali ibn Abi Talib et d’Omar ibn al Khattâb.
    Abu Bakr fit son choix :
    — Ali est de la maisonnée du Prophète. Il est courageux, sans tache et droit dans la voie d’Allah. Mais, d’un bout à l’autre des horizons, les hypocrites sont innombrables et les apostats poussent à la guerre. Aujourd’hui, même les Perses et les Chrétiens insultent les paroles du Coran. Il faut de l’âge et de la dureté pour leur faire face. Épuisons d’abord les forces et l’expérience en choisissant Omar ibn al Khattâb. Ensuite viendra le temps d’Ali.
    À sa fille Aïcha, Abu Bakr demanda :
    — Permettras-tu au vicaire d’Allah de reposer au côté du Messager ?
    Aïcha accepta. Ali accepta. Les compagnons applaudirent.
    Le soir de l’enterrement, Aïcha dormit au-dessus des corps de son père et de son époux.
     
    Durant dix années, deux mois et quinze jours, Dieu conduisit le calife Omar avec habileté.
    La première fois où il vint devant l’escalier du prêche dans la mosquée du Prophète, il n’en monta qu’une marche. Pour se montrer à tous dans son nouveau devoir, il dit :
    — L’Envoyé a monté cet escalier chaque jour voulu par son Rabb. Depuis le haut de ces marches, Muhammad nous a enseigné les paroles d’Allah que lui confiait son frère Djibril. Quand Dieu a appelé Son Messager au paradis, le calife Abu Bakr s’est présenté devant cet escalier. Il a dit : « De
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