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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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Nous
devons détruire leurs mosquées comme les glorieux soldats de la milice du
Christ ont renversé les statues des empereurs et des divinités païennes. Dieu
nous jugera à l’aune de notre zèle et non de notre résignation. L’Islam est,
avec le Judaïsme, le pire ennemi de la Chrétienté et nous devons déclencher
contre lui une guerre juste. Nos frères du Nord ont des épées, nos seules armes
seront nos paroles, tranchantes comme le glaive.
    Cette diatribe enflammée souleva
l’enthousiasme de ses disciples. Se jetant à ses pieds, Bérildis le supplia de
lui pardonner ses objections :
    — J’ai douté car le Diable a
placé sur mon chemin de faux prêtres pour me séduire. Je m’en repens amèrement
et, pour expier cette faute, je promets d’être le premier à périr en dénonçant
publiquement les abominables doctrines des Ismaélites.
    Les autres participants, en proie à
une exaltation peu commune, se portèrent également volontaires. Paul Alvar, le
visage baigné de larmes de joie, expliqua à ses auditeurs son plan. Il fallait
frapper un grand coup. L’évêque Saül, toujours emprisonné, lui avait fait
savoir qu’il accordait aux futurs martyrs sa bénédiction et le pardon de toutes
leurs fautes. Ils étaient donc assurés de monter au ciel où le Seigneur les
placerait à sa droite. Pour impressionner leurs coreligionnaires et les
Ismaélites, ils devaient agir de concert et provoquer un scandale tel que leur
geste ne pourrait passer inaperçu.
    Les conjurés mirent soigneusement au
point leur plan. Le premier vendredi du mois de juin, Bérildis se mêla à la
foule venue prier à la grande mosquée. Quand elle commença ses oraisons, il resta
debout et apostropha les fidèles qui se saisirent de lui. À ce moment,
Anastasius et Félix, également présents, prirent le relais jusqu’à ce que les
gardes parviennent à les maîtriser. Conduits devant le cadi, ils furent
condamnés à mort et exécutés en fin d’après-midi sur le Rasif, l’esplanade
située en bordure du fleuve. Alors que l’épée du bourreau se levait, les nonnes
Digna, Pomposa et Columba exhortèrent leurs amis à faire preuve de constance et
proférèrent, en un arabe hésitant, d’abominables insultes contre le Prophète.
Elles furent mises en pièces par la foule ; la garde eut ensuite bien du
mal à empêcher la population de piller les églises et les demeures des
Chrétiens.
    Aurelius ne s’était pas joint à ses
amis. Il avait veillé toute la nuit en prières et la tension nerveuse avait
provoqué chez lui une crise. Il souffrait depuis sa plus tendre enfance du mal
sacré et se roula par terre dans d’atroces convulsions. Ses parents lui
prodiguèrent des soins attentifs. Alors qu’il gisait sur son lit, il fut pris
d’un accès de fièvre et commença à délirer, affirmant que, sous peu, il
imiterait ses amis. Un domestique Musulman entendit ses propos et le dénonça
aux autorités. Celles-ci le firent arrêter pour éviter un nouveau scandale. Les
parents d’Aurelius avaient de nombreux amis Musulmans, auxquels ils avaient
prêté de grosses sommes d’argent, et ceux-ci, sans rien exiger en retour, se
rendirent chez le cadi Aslam pour solliciter son indulgence et lui demander de
recevoir les parents du rebelle.
    Estimant qu’un geste de clémence
permettrait de faire oublier la rigueur des condamnations déjà prononcées, le
cadi prêta une oreille complaisante aux supplications de la mère d’Aurelius,
autorisée exceptionnellement à le rencontrer avant sa comparution devant le dignitaire
religieux. Sachant qu’il l’adorait, cette femme menaça son fils d’attenter à
ses jours s’il persistait dans sa funeste idée. Le jeune homme en fut
profondément bouleversé et perdit de sa feinte assurance. Quand il se présenta
devant Aslam, le cadi le jaugea du regard et réalisa qu’il pouvait manipuler à
sa guise ce gamin qui avait présumé de ses forces. D’un ton faussement apitoyé,
il lui dit :
    — Malheureux ! Qui t’a mis
dans l’idée de venir réclamer ta mort sans avoir commis le moindre crime ?
    Tentant de reprendre les propos de
Paul Alvar et de Bérildis auxquels il n’avait pas osé avouer qu’il ne
comprenait pas toujours ce qu’ils disaient, Aurelius répliqua sans grande
conviction :
    — Le juge croit-il que, s’il me
tue, je serai mort ?
    — Je vois mal comment il en
serait autrement.
    — Le mort sera une apparence de
moi qui s’est glissé
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