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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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sur sa vie, car elle permet d’expliquer le
manque d’énergie et la tiédeur qui nous caractérisent. Les mêmes fidèles qui
servent les païens en un destin qui les lie au palais ne se sont-ils pas laissé
entraîner et contaminer par leurs abominations ? Regardez-les. Ils ne se
risquent pas à prier en public devant les Gentils, ni à faire le signe de la
croix quand ils bâillent, ni à affirmer devant eux la divinité de Notre
Seigneur Jésus-Christ ; s’ils le font, c’est avec des paroles
artificieuses par lesquelles ils prétendent que Jésus est le Verbe et l’Esprit
de Dieu tout en gardant cachée dans leur cœur leur croyance. Et nous autres, non
seulement nous trouvons des excuses à tout cela, mais nous le louons. Et si
nous ne détestons pas, comme il se devrait, les Chrétiens qui luttent contre
leurs coreligionnaires pour faire plaisir à l’émir et obtenir des charges
vénales, nous jetons l’anathème et nous traitons d’infâmes, dans nos conciles,
les hommes religieux et zélés qui, semblables au prophète Elie, combattent pour
le vrai Dieu.
    — Ne me fais pas dire ce que je
ne pense pas, rétorqua Bérildis. Je méprise tout autant que toi la trahison de
ce maudit Cornes qui a préféré renier sa foi pour conserver ses fonctions de
chancelier.
    — Il rôtira dans les flammes de
l’enfer. Toutefois, en suivant les abominables doctrines de Recafred, nous ne
faisons rien d’autre que d’agir par crainte d’un souverain terrestre, au
pouvoir duquel nous échapperons un jour. Nous méprisons la sainte crainte que
nous devrions éprouver devant le Roi Éternel et vers qui nous sommes sûrs
d’être conduits d’ici peu et pour toujours.
    — Tu ne peux pas mettre sur le
même plan un Cornes, qui a apostasié, et un Recafred, qui est mort après avoir
reçu les sacrements de l’Église !
    — Si, tonna Paul Alvar, et
j’ose même ajouter que le second est plus coupable que le premier. Car il nous
a obligés à nous lever contre les martyrs de Dieu et contre Jésus-Christ en
personne. Je suis plus âgé que toi et j’ai vécu les événements auxquels tu fais
allusion. Que le peuple chrétien, notre peuple, se rappelle quelle furieuse
tempête s’est levée parmi nous en nous faisant prendre des armes rebelles contre
Dieu et maculer de taches la gloire des saints martyrs.
    Ceux qui semblaient être les
colonnes et les pierres de l’Église sont allés jusqu’à trouver le juge, sans y
être forcés, pour jeter l’infamie sur les martyrs de Dieu, en présence des
hommes cyniques ou, plutôt, des épicuriens. Les pasteurs de Jésus-Christ, les
docteurs de l’Église, les évêques, les abbés, les prêtres, les grands et les
magnats les ont accusés en public d’être des hérétiques, proférant ainsi
librement et spontanément, sans indignation, ce qui ne devrait même pas se dire
sous la menace d’une sentence de mort. Tous l’ont fait ! Ils ont foulé à
leurs pieds leur conscience, renié leur foi et servi le mensonge en calomniant
leurs frères !
    « Si tu le veux, Bérildis,
comparons ces confessions mensongères, les leurs et les nôtres – car le
fait d’être encore en vie nous met sur le même rang qu’eux – avec les
vérités de nos martyrs. Lorsqu’ils affirmaient ce que prêche l’Église, nous
leur opposions tout ce qui souille la Chrétienté. Ils ont maudit le faux
prophète et nous les adorateurs du Christ. Ils ont persécuté les Infidèles et
nous les fidèles. Ils se sont opposés résolument et avec audace contre le
diable, et nous, contre le Seigneur. Ils ont résisté contre un roi terrestre,
et nous, contre le ciel. Ils ont professé de leur bouche ce qu’ils ressentaient
dans leur cœur et nous, nous avons eu une certitude et une autre sur les
lèvres. Ils ont témoigné pour la vérité qu’ils ont confessée. Nous, quelle
misère ! nous avons été faux et trompeurs.
    — Il n’y avait pas d’autre
choix, objecta timidement Bérildis, visiblement ébranlé par les arguments de
son interlocuteur.
    — Au contraire. Si l’erreur ne
doit pas être combattue publiquement, pourquoi donc est venu sur terre Notre
Seigneur Jésus-Christ ? Pourquoi ont été envoyés les apôtres sinon pour
détruire toute ignorance et prêcher l’Évangile à tous ?
    — C’était au début de l’Église.
    — La prédication de la foi
doit-elle se réduire aux seuls temps apostoliques ? Ne doit-elle pas, bien
au contraire, s’étendre à
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