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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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préféra composer avec eux afin de pouvoir préparer
tranquillement l’expédition, placée sous le commandement de son oncle al-Hakam,
qui reprit à la fin de l’été Kala’t Rabah.
    Comprenant qu’ils n’étaient pas de
taille à lutter seuls contre Mohammad, les insurgés appelèrent à la rescousse
Ordono I er , le souverain des Nazaréens du Nord, bien décidé à
profiter de cette période troublée pour agrandir ses domaines et affaiblir son
puissant voisin. Les ambassadeurs des rebelles furent reçus à Oviedo avec tous
les honneurs dus à leur rang et, moyennant leur engagement de verser à l’avenir
un tribut, obtinrent qu’une armée de dix mille hommes, menés par le comte Gaton
de Bierzo, soit cantonnée à proximité de leur cité. Les deux parties avaient
jugé préférable de ne pas faire entrer ces redoutables guerriers dans
Tulaitula, de crainte que, excités par les moines, ils ne se livrent à des
exactions contre les Musulmans qui n’étaient plus, ce qu’ils avaient du mal à
comprendre, des Infidèles mais des alliés.
    La situation était très grave.
L’émir ne pouvait compter sur l’appui effectif de Mousa Ibn Musa Ibn Kasi, le
seigneur de Tudela [17] et de Sarakusta [18] .
Ce muwallad avait pratiquement fait sécession depuis des années et se contenta
de monnayer, très chèrement, sa neutralité, menaçant, en cas de refus, de faire
cause commune avec Ordono. Son chambellan, Mohammad Ibn Mousa, expliqua ensuite
au souverain qu’il ne pouvait déléguer le commandement de la saifa [19] à l’un de ses généraux. C’eût été une faute politique majeure. Son trône était
en jeu et les rebelles devaient sentir le poids de son courroux. Afin de
profiter de l’effet de surprise, il fallait agir vite, très vite, ce qui
empêchait d’attendre pendant des semaines l’arrivée des djunds, les
contingents provinciaux. Il n’était pas question cependant, compte tenu des
effectifs déployés par l’ennemi, de se contenter de la garde émirale et des
seules troupes cantonnées près de Kurtuba. Mohammad convoqua donc les
principaux notables de la capitale et négocia âprement avec eux un arrangement.
Ses sujets cordouans seraient désormais dispensés de la conscription
obligatoire et des taxes instituées pour l’entretien de l’armée, à condition de
fournir quinze mille volontaires dont l’entretien incomberait au Trésor public.
La ville comptait suffisamment d’artisans sans emploi, de vauriens et
d’aventuriers pour rassembler une telle force. Cela permettait d’éloigner pour
un temps les mécontents potentiels et les privilèges fiscaux concédés n’étaient
pas négligeables. Un accord fut trouvé. Sous huit jours, le suralik [20] fut dressé sur l’emplacement de l’ancien Faubourg et les recrues soumises à un
entraînement intensif. La veille du départ, les généraux firent chercher les
somptueuses bannières de guerre entreposées dans la grande mosquée et le
monarque passa les troupes en revue avant de prendre, à marches forcées, la
route de Tulaitula, rejoint, en chemin, par la garnison de Kala’t Rabah.
    À la fin du mois de juin 854,
Mohammad établit une position retranchée dans la plaine bordant le Wadi Salit [21] ,
là où, jadis, le chef berbère Tarik Ibn Zyad avait écrasé les derniers restes
de l’armée wisigothe. Ses espions lui apprirent que les Tolédans et les
Chrétiens placés sous le commandement du comte de Bierzo étaient au nombre de
quarante mille, soit le double de ses effectifs. Ils étaient donc en mesure de
l’écraser, d’autant que les Asturiens s’imaginaient ainsi venger la défaite qui
avait décidé du sort de l’Espagne. L’émir tint avec ses généraux plusieurs conseils,
montrant qu’il maîtrisait parfaitement l’art de la guerre appris lors des
campagnes menées pour le compte de son père. Afin de compenser son infériorité
numérique, il eut recours à un habile stratagème. La plaine et les berges du
fleuve étaient couvertes d’épais bosquets d’arbres et de hautes herbes. Il y
dissimula les volontaires cordouans avec l’ordre de ne faire aucun feu et
d’observer un silence absolu.
    Quand le soleil se leva, Mohammad se
porta en avant avec sa cavalerie et sa garde personnelle, soit cinq mille
hommes qui formaient un véritable mur d’acier. En face, Gaton de Bierzo jaugea
la situation d’un simple coup d’œil. Ses ailes gauche et droite prendraient à
revers l’ennemi et son centre
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