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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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dans lequel nous l’avons
souvent trouvé ? Ivre de vin, il titubait et vociférait, insultant et
frappant ceux qui tentaient de le ramener à la raison.
    — Où veux-tu en venir ?
l’interrompit sèchement Sado’un.
    — Cette affaire et le rôle que
nous jouerons peuvent déterminer la perte de notre influence. Imaginez ce qui
se passera quand nous nous montrerons en public si Abdallah monte sur le trône
alors qu’il n’a aucune des qualités requises pour exercer le pouvoir. J’entends
déjà les grondements de la foule excitée par les foqahas [6]  : « Que
soient maudits ces hommes car, en disposant du gouvernement des Musulmans, ils
ont choisi le pire des princes et écarté le meilleur d’entre eux,
Mohammad ! » Nous ne serons plus jamais en sécurité, car certains
chercheront à nous faire payer cette faute. Quant au fils de Tarub, il fera
preuve d’ingratitude à notre égard et n’hésitera pas à nous sacrifier pour
calmer les mécontents jusqu’au jour où une révolte lui fera perdre sa couronne.
    — Que proposes-tu ?
demanda Kasim, un proche de Sado’un.
    — De penser aux comptes
qu’Allah le Tout-Puissant et le Tout-Miséricordieux sera en droit de nous
demander quand nous quitterons cette terre. Toutes nos richesses pèseront bien
peu par rapport à l’énormité de notre faute. Voilà pourquoi il est préférable
que nous proclamions émir Mohammad, le vertueux et le juste. Tel était
d’ailleurs le vœu de son père même si, pour ne pas froisser Tarub, il n’a
jamais voulu, contrairement à ses prédécesseurs, désigner son héritier de son
vivant.
    — Et qu’avons-nous à y
gagner ? rétorqua Kasim. Mohammad est d’une pingrerie légendaire ; il
ne nous a jamais fait le moindre cadeau, fût-il le plus modeste.
    — Là n’est pas l’important, je
croyais te l’avoir clairement démontré. Il a des excuses. Ce prince vit loin de
la cour pour se consacrer à l’étude du Coran, des mathématiques et de
l’histoire. Plutôt que de mener une vie dissolue, il s’est préparé, en grand
secret, à sa future charge. Tu te plains de n’avoir reçu de sa part aucun
présent, sache qu’il n’avait pas les moyens d’en faire. Tu l’ignores sans
doute, mais il se contentait jusqu’ici d’une pension indigne de son rang.
N’ayez crainte, quand il sera émir et aura accès au Trésor public, il se
montrera plus prodigue.
    — À moins qu’il ne cherche à se
venger de ceux qui, un temps, lui ont préféré son frère, grinça Sado’un. Il se
trouvera bien parmi nous un traître pour l’avertir de notre discussion et son
courroux sera terrible.
    — Tu crains pour toi et pour
Kasim ; je te comprends. Je puis t’assurer que je plaiderai en votre
faveur et qu’il ne vous arrivera rien de fâcheux.
    — Je te crois volontiers, dit
Sado’un, mais je préfère des garanties plus solides, Abou L-Moufridj. C’est la
raison pour laquelle je te demande de m’envoyer prévenir Mohammad du malheur
qui le frappe et du bonheur qui lui arrive. Sachant qui je suis et vers qui
allaient mes inclinations, il en sera, je l’espère, touché et m’accordera le
pardon que je solliciterai humblement.
    — Je te l’accorde bien
volontiers. Auparavant, j’exige que vous prêtiez tous serment d’allégeance à
notre futur émir sur le saint Coran. Gare à celui qui se parjurerait ! Le
châtiment divin serait terrible.
    Effrayés, les eunuques jurèrent
fidélité au fils aîné d’Abd al-Rahman II. Il restait maintenant à le
prévenir sans éveiller les soupçons de Tarub et d’Abdallah. Le futur émir
vivait en dehors du palais et, pour l’y conduire, il faudrait tromper la
vigilance des gardes et du portier, Ibn Abd al-Salim, un homme naturellement
méfiant et jaloux de ses prérogatives.
    Sado’un expliqua son plan à Abou
L-Moufridj. Le défunt prince avait coutume de faire venir chaque soir Leïla, la
fille aînée de Mohammad, dont il appréciait le babillage et les talents de
chanteuse. Nul n’étant au courant du décès, hormis les eunuques, il irait chercher
l’héritier du trône, le déguiserait en femme et ferait croire au portier que la
« jeune fille » avait été mandée par son grand-père.
    Sado’un quitta le salon et, passant
devant les appartements d’Abdallah, qui festoyait en joyeuse compagnie, sortit
par la porte des Jardins, dont il avait la clé. Il se rendit chez Mohammad, où
il fut accueilli plutôt froidement ;
    — Que
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