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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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tous les siècles jusqu’à ce que tous les peuples
croient dans l’Évangile de Dieu ? Les nôtres se sont levés par amour de
Dieu, qu’y a-t-il de mal à cela ? Nos héros ont vu que le combat se
présentait. Armés de la cotte de mailles de la foi, ils se sont lancés dans une
guerre des plus honorables, courant sur le champ de bataille pour y gagner la
glorieuse palme de la victoire. C’étaient des hommes obstinés et combatifs,
désireux d’engager la lutte spirituelle. Ils ne l’esquivèrent pas quand elle se
présenta à eux. Ils ne purent contenir cet élan, car ils essayèrent d’accomplir
le commandement de Notre Seigneur.
    « Voilà pourquoi nous devons
admirer et louer leur action sublime, leur foi ardente et leur zèle afin
qu’éclate le triomphe de la religion catholique. Mieux vaut suivre leur exemple
que d’imiter les Infidèles en les calomniant. Et ceux qui commettent cet
abominable péché sont pires que les Ismaélites. Ces derniers tuent avec l’épée
ceux qu’ils découvrent hostiles à leur foi, les Chrétiens dans l’erreur tuent
avec leurs paroles et leurs opinions ceux-là mêmes qui professent leur propre
croyance ! Les Musulmans leur ôtent la vie terrestre, nous, en les
excommuniant, privons de la vie éternelle ceux qui en sont les plus dignes.
    Paul Alvar savoura l’effet produit
par sa longue tirade. Ses auditeurs étaient presque tous en larmes. Tentant de
dissimuler son émotion, Bérildis fit une dernière objection :
    — Il est bien présomptueux de
notre part de nous assimiler aux apôtres. Eux devaient faire connaître au monde
la Révélation à peine annoncée par le Christ. Nous, nous avons reçu cette Grâce
depuis des centaines d’années. Il y a là une différence considérable.
    — C’est bien là ton erreur.
L’Église d’Espagne a eu un passé glorieux. Aurelius, ici présent, compte au
nombre de ses lointains parents, le Bienheureux Isidore d’Hispalis [12] auteur
de traités admirables que je lis et relis avec délectation. Il était l’un des
fruits les plus magnifiques qui ont poussé sur l’arbre du christianisme dans ce
pays. Mais l’épouvantable catastrophe qui nous a frappés, l’arrivée de Tarik
Ibn Zyad et de ses féroces cavaliers, nous a plongés dans la ruine et la
désolation. Les Ismaélites se sont emparés de nos églises les plus imposantes
et en ont fait des lieux de perdition, où ils invoquent leur faux prophète. Par
dizaines de milliers, nos frères, qui avaient reçu le baptême, ont profané le
nom de Notre Seigneur Jésus-Christ et ont apostasié.
    « Les plus fiers ont cherché
refuge dans les montagnes du Nord où leurs rois ont lutté, l’épée à la main,
contre les Infidèles, avec l’aide de la Bienheureuse Vierge Marie. Nos ancêtres
n’ont pas eu ce courage. Ils ont préféré leurs biens matériels au salut de leur
âme et ont accepté de vivre sous le joug des païens en payant un impôt
humiliant, nous élevant dans les fers de la servitude. Nos évêques et nos abbés
nous ont trahis en se mettant au service de l’oppresseur. Ceux qui demeurent
fidèles à la vraie foi et aux enseignements des apôtres sont obligés, nous en
sommes la preuve vivante, de se réunir en secret tout comme les premiers
Chrétiens allaient écouter dans les catacombes de Rome la parole de Pierre.
    Jadis orgueil de la Chrétienté,
l’Espagne est aujourd’hui la résidence préférée du démon. Les désertions se
multiplient et je crains fort qu’avant quelques années, il ne reste plus sur
cette terre un seul Chrétien. Car je n’appelle pas Chrétiens ceux qui prient le
Seigneur en arabe et ont oublié la sainte langue latine. Je n’appelle pas non
plus Chrétiens ceux qui acceptent de se soumettre aux Ismaélites et se
contentent des maigres droits que cette engeance satanique nous accorde. À ma
grande douleur, j’ai entendu Recafred soutenir que les Ismaélites n’étaient pas
des païens stricto sensu car ils adoraient un Dieu unique,
reconnaissaient nos prophètes et nos Écritures. Ce porc immonde se satisfaisait
de cette situation et était tout heureux que l’émir ait la bonté de lui
permettre de célébrer les offices divins. Il n’était pas choqué de voir les
Infidèles invoquer publiquement leur faux dieu et leur faux prophète en sa
présence.
    Haussant le ton, Paul Alvar
fulmina :
    — C’est là une faute
inexcusable. Il ne peut y avoir de paix entre nous et les Ismaélites.
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