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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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de Bobastro qui les avait, de plus,
exemptés à vie de taxes pour les remercier d’avoir donné asile à son protégé.
Le prêtre célébra pour eux la messe et les quitta à grand regret. Il ne savait
pas s’il les reverrait un jour.
    À son retour, il prit son mal en
patience. Un matin, Abdallah Ibn Omar, le trésorier, le prévint que son maître
voulait le voir. Il fut accueilli avec chaleur.
    — Je me réjouis de te revoir.
    — Je te remercie des bontés que
tu as eues pour mes villageois.
    — Ils les méritaient. Voilà des
hommes qui se sont bien comportés avec toi alors qu’ils étaient très pauvres.
    — De là à les exempter de la
djizziya et du kharadj !
    — Pourquoi leur extorquer des
impôts que je ne veux pas payer.
    — Tu n’y es pas astreint.
    — Je risque fort de l’être une
fois que je serai devenu chrétien.
    Gundisalvus crut avoir mal entendu
et se fit répéter la phrase. Omar Ibn Hafsun lui confirma que lui et sa femme
avaient décidé de se faire baptiser puisqu’Alphonse III l’exigeait comme
préalable à la conclusion d’une alliance. Le prêtre attaché à l’église de la
forteresse s’était acquitté de cette tâche, leur donnant les prénoms de Samuel
et de Columba. En riant, il ajouta :
    — Je n’ai pas voulu t’imposer
cette corvée. Je te respecte et je sais que tu aurais souhaité auparavant
m’instruire des préceptes et des principes de notre religion. Malheureusement,
le temps m’est compté et ton ami s’est montré très accommodant. Quelques
gouttes d’eau ont suffi à faire de moi un Chrétien.
    — Peu importe la manière dont
tu l’es devenu. Je me réjouis de te compter parmi les nôtres. Dieu saura te
récompenser le moment venu.
    — Je l’espère bien. Gare à Lui
s’il s’avise de me manquer de respect, dit, en s’esclaffant, l’ancien muwallad
avant d’ajouter :
    — Ah, Gundisalvus, j’ai oublié
de te prévenir d’un détail. Mon fils aîné, Djaffar, a refusé d’imiter mon
exemple. D’ailleurs, je ne crois pas qu’Alphonse III ait jamais mentionné
son nom. Il reste Musulman, fort heureusement serais-je tenté de dire, car ma
décision provoque déjà bien des remous.
    Omar ou plutôt Samuel Ibn Hafsun
expliqua au prêtre que deux de ses principaux lieutenants, le muwallad Yahya
Ibn Anato, et le Berbère Aswadja Ibn al-Khali, avaient quitté le château avec
leurs hommes, affirmant qu’ils ne voulaient pas rester un instant de plus au
service d’un renégat :
    — Je me suis montré clément, je
les ai autorisés à emporter leurs biens. Ces imbéciles vont se précipiter à
Kurtuba pour faire allégeance à l’émir. Ils espèrent être bien reçus et obtenir
des postes dans l’armée. Abdallah leur fera de belles promesses pour leur
soutirer des renseignements. Il en sera pour ses frais. Je me suis toujours
méfié d’eux et je me suis bien gardé de leur révéler l’emplacement de toutes
mes forteresses et de mes cachettes. Quand le souverain s’apercevra qu’ils lui
sont inutiles, il les fera juger et exécuter pour tous les crimes qu’ils ont
commis en mon nom. Ils seront ainsi doublement punis.
    Samuel Ibn Hafsun avait bien vu. Ses
lieutenants eurent la tête tranchée. Quant à son apostasie, elle provoqua une
immense émotion dans tout al-Andalous. Les Chrétiens ne dissimulaient pas leur
peur. Les plus anciens se rappelaient que l’émir Mohammad avait sévèrement puni
les complices d’Euloge et de Paul Alvar qui avaient poussé des Musulmans ou des
convertis à apostasier. D’ailleurs, dès que la nouvelle fut connue à Kurtuba,
des groupes de désœuvrés s’attaquèrent aux passants chrétiens et tentèrent
d’incendier des églises. Prévenu, le général Ubaid Allah Ibn Mohammad Ibn Abi
Ibn Abda ordonna aux Muets de prendre position en ville et d’exécuter
sur-le-champ pillards et incendiaires. Quelques jours après ces déplorables
incidents, le monarque convoqua l’évêque pour le rassurer :
    — Je te prie de ne pas accorder
trop d’importance à l’action de quelques fanatiques qui ont violé les règles du
saint Coran en ne respectant pas vos personnes et vos biens. Ils ont chèrement
expié leur faute.
    — Noble seigneur, je suis ici
pour te remercier au nom de ma communauté.
    — Tu transmettras aux tiens mes
sentiments d’estime et d’affection. Ils ne sont pas responsables de l’horrible
forfait commis par ce chien d’Omar Ibn Hafsun. Ce dernier a pris
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