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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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sa décision
après avoir envoyé un émissaire à Oviedo et c’est un prêtre du Nord qui l’a…
Comment dites-vous ?
    — Baptisé.
    — Je sais combien vous avez
souffert des mesures prises contre vous par mon père après la mort d’Abd
al-Rahman II. Il a chassé tous les fonctionnaires chrétiens. Sous peu, je
ferai savoir que les tiens sont autorisés à nouveau à travailler dans les
services du palais. De la sorte, vos ennemis sauront qu’en s’attaquant à vous,
c’est moi qu’ils visent.
    — Cette nouvelle me remplit
d’allégresse et je puis t’assurer que les bénéficiaires de ta bonté feront
preuve envers toi du dévouement le plus total.
    Abdallah laissa repartir l’évêque
devant lequel les courtisans s’écartèrent respectueusement. Un homme qui avait
les faveurs de l’émir méritait quelques égards. Le souverain n’avait pas agi à
la légère. Ses gouverneurs lui avaient signalé une nette diminution des
recettes fiscales provenant de la capitation en raison des nombreux départs de
Chrétiens. Ceux-ci, estimait-il, émigraient car l’accès aux charges honorifiques
et aux postes administratifs, fussent-ils subalternes, leur était fermé. Il se
devait de mettre un terme à cet exode et attendait le moment propice pour
abolir les réformes introduites par son père à l’instigation des foqahas.
    Les muwalladun de Kurtuba sollicitèrent
une audience du monarque. Ils tenaient à lui faire part de leur indignation
devant le comportement de Samuel Ibn Hafsun auquel, rappelèrent-ils, ils
avaient toujours refusé d’apporter leur soutien. Abdallah savait que leurs
principaux notables s’étaient réunis la veille au soir, et qu’une violente
altercation avait opposé les tenants de deux lignes de conduite différentes.
Les premiers, qui lui étaient en apparence hostiles mais qu’il considérait
comme les plus lucides, voyaient dans l’apostasie du rebelle un blasphème
certes punissable de mort mais compréhensible. La faute en revenait à
l’arrogance des Berbères et des Arabes qui ne les avaient jamais tenus pour
leurs égaux. Les massacres d’Ishbiliyah l’avaient prouvé et le pouvoir central
n’avait jamais cherché à punir les coupables, trouvant même des arrangements
avec eux. C’était une situation intolérable et les muwalladun étaient assez
nombreux et influents pour exiger désormais davantage de considération. Les
autres, des couards qui craignaient pour leurs richesses, préféraient courber
la tête. Certains d’entre eux avaient organisé, dans leurs mosquées, des
prières publiques d’expiation et offert des sommes d’argent considérables à des
dignitaires du palais pour s’assurer de leur bienveillance. Ils redoutaient
qu’on les soupçonne d’être demeurés secrètement chrétiens et que les foqahas ne
mettent en place une stricte surveillance de leurs faits et gestes. Partisan
d’une plus grande audace, Omar Ibn Basil leur avait rétorqué d’un ton ironique :
    — Vous avez meilleure mémoire
que je ne le pensais. Les terribles mesures que vous évoquez ne sont pas
imaginaires. Elles ont existé, hélas, dans ce pays, il y a bien longtemps. Ce
sont les grands-pères de nos grands-pères qui les avaient édictées contre les
Juifs convertis de force au christianisme et auxquels on enleva leurs enfants
en bas âge. Fous de douleur, ces malheureux se tournèrent vers Tarik Ibn Zyad
et Mousa Ibn Nosayr et c’est ainsi que cette terre devint musulmane.
Pensez-vous que l’émir soit assez stupide pour imiter le comportement imbécile
de nos anciens rois ? En agissant comme vous le faites, vous l’insultez et
vous insultez notre propre religion, l’Islam, car le prophète Mohammad, sur Lui
la bénédiction et la paix !, n’a jamais distingué entre ses fidèles. Il
avait pour compagnon Bilal, un Éthiopien, l’un de ces êtres à la peau noire à
côté desquels vous trouveriez humiliant de vous asseoir. Cessez vos manigances
et comportez-vous en loyaux sujets, c’est tout ce que l’on attend de vous.
    Lors de l’entretien qu’il accorda
aux notables muwalladun, qui avaient omis de faire figurer dans leur délégation
Omar Ibn Basil, Abdallah prit un malin plaisir à se servir des arguments de ce
dernier et à mentionner, à deux reprises, son nom, le qualifiant de
« serviteur loyal de ma dynastie ». Rien n’y fit. Soucieux de se
démarquer de Samuel Ibn Hafsun, les chefs de cette communauté redoublèrent
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