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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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scandaleuses orgies. Il
sourit et demanda conseil :
    — D’où tiens-tu ce chapelet
d’ignominies ?
    — De mon chapelain.
    — Il est bien ignare. A-t-il lu
le Coran ?
    — J’en doute. Il ne parle pas
arabe.
    — Je l’ai lu tout comme j’ai
étudié les textes sacrés des Juifs. Ils sont truffés d’erreurs grossières et
d’interminables digressions sans le moindre intérêt. Nos Évangiles leur sont
bien supérieurs. Cela dit, ce n’est pas avec de telles calomnies que l’on
parviendra à convaincre les païens de leurs égarements. Sur certains points,
les Musulmans nous sont supérieurs. Nous aurions beaucoup à apprendre de leurs
architectes, de leurs médecins, de leurs mathématiciens et de leurs agronomes.
    — Je te le répète, je n’ai
aucune confiance dans le descendant d’apostats. Fais-lui savoir que je suis
prêt à m’allier avec lui uniquement s’il est mon frère en Jésus-Christ.
    — Tu me condamnes à mort.
    — Tu m’as confié autrefois
avoir commis un crime qu’une vie ne suffirait pas à expier. Je t’offre la
possibilité de te racheter en acceptant, s’il le faut, le martyre. Si tu
réussis, Dieu te récompensera pour avoir ramené à Lui Ses brebis égarées. Dans
les deux cas, tu es sûr d’obtenir ce pardon que tu as cherché en vain.
    De retour à Bobastro, Gundisalvus
prétexta les fatigues du voyage pour prendre plusieurs jours de repos. Il
affirmait avoir contracté une mauvaise maladie et ne souhaitait pas mettre en
danger les jours d’Omar Ibn Hafsun. Celui-ci dépêcha auprès du malade ses
médecins qui, peureux, préférèrent ne pas pénétrer dans les appartements du
prêtre et se contentèrent de confirmer ses dires. Après une semaine passée en
prières, Gundisalvus se sentit capable d’affronter le chef muwallad qui
l’accueillit amicalement :
    — Je suis heureux de ta
guérison. Fais-moi ton rapport.
    — Les Chrétiens pourraient
s’allier avec toi.
    — Le veulent-ils, oui ou
non ?
    — Tout dépend de ce que tu
feras.
    — Qu’est-ce à dire ?
    — Je te supplie de m’écouter
sans m’interrompre et sans t’emporter. Certains de mes propos risquent de
provoquer ta colère et tu pourrais couper court à notre entretien.
    — Je te jure sur le saint
Coran…
    — Évite de le faire, tu
comprendras bientôt pourquoi.
    — J’écoute donc ce que tu as à
me dire.
    — Alphonse III est disposé
à signer un traité avec toi et à te prêter assistance. Il n’y met qu’une seule
condition, que tu deviennes chrétien.
    Gundisalvus observa attentivement la
réaction du chef muwallad. Il s’attendait à ce que celui-ci appelle ses
conseillers et les prenne à témoins de l’offense mortelle qui lui était faite
et qui méritait d’être vengée dans le sang. Rien de tout cela ne se produisit.
Il se contenta de sourire avant de demander :
    — Est-ce là la seule exigence
qu’il a formulée ?
    — C’est la seule qu’il mette à
la signature d’un traité en bonne et due forme avec toi. Mes frères me l’ont
confirmé. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai tenté de les
convaincre qu’ils ne gagneraient rien à faire de toi un renégat et je les ai
supplié de me ménager un nouvel entretien avec le souverain. Celui-ci m’a fait
savoir qu’il ne souhaitait pas me revoir, car il n’avait rien de nouveau à me
dire. Je dois l’admettre, mes frères du Nord ont sur vous de drôles d’idées. Ce
sont des êtres grossiers et incultes. Les sujets d’Alphonse III ignorent
tout de votre religion et de vos rites et cela n’a pas facilité ma mission.
    — Certains Musulmans ne sont
guère plus savants et nourrissent envers vous des préjugés stupides.
    Omar Ibn Hafsun n’avait toujours
rien laissé paraître des sentiments que lui inspirait la réponse du roi des
Asturies. Il dit à Gundisalvus qu’il devait réfléchir et qu’il le ferait
appeler dans quelques jours pour lui communiquer sa réponse.
     

Chapitre X
    Gundisalvus savait à quoi utiliser
les quelques jours pris par Omar Ibn Hafsun pour lui donner sa réponse. Il se
rendit dans le hameau où s’il s’était caché pendant de longues années. En le
voyant, les habitants lui firent fête. Ils avaient appris son histoire et, lui
avouèrent-ils en riant, n’y avaient rien compris, si ce n’est qu’il était un
personnage important, très important. La preuve : ils lui montrèrent
l’église reconstruite aux frais du seigneur
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